“ J'ai parié sur les hybridations ”

Les Pépinières de la Saulaie, à Douéla-Fontaine (49), sont surtout spécialisées dans la production de rosiers de jardin (environ 450 références). Sylvie et Christophe Travers, les responsables, n'oublient pas les variétés anciennes. Mais ils enrichissent constamment leur offre catalogue par l'introduction de nouveautés d'obtenteurs connus : Décorosiers, Meilland, Nirp, Édirose pour la France, Austin en Angleterre ou les séries Weeks Roses de Tom Carruth aux États-Unis. Pour compléter, s'ajoute (souvent en licence exclusive pour la France) la diffusion de végétaux issus d'obtenteurs partenaires tels que Croix (France), Barni (Italie), Fryer et Warner (Grande-Bretagne).

Mais comment valoriser son entreprise, jouer dans la cour des grands et ne pas trop dépendre des fournisseurs de variétés en place ? « En 2006, j'ai parié sur les hybridations pour l'obtention de nouveaux rosiers », explique Christophe Travers. Au-delà de la passion, ce second métier dans lequel il s'investit de plus en plus devient une nécessité pour dynamiser l'offre et la renommée des Pépinières de la Saulaie. « Nous allons aménager 200 m2 de multichapelle pour mieux travailler les hybridations. Et l'une de nos salariées, Audrey, voue un intérêt particulier à ce travail depuis deux ans », souligne le pépiniériste. Ses critères de sélection portent surtout sur « une bonne source génétique, la résistance aux maladies (éliminatoire dès le moindre doute), la floribondité et une différence par rapport à ce qui existe déjà »... Parmi les premiers succès « maison » figurent Rosa Pink Flash®, var. Trakeeplac, un couvre-sol rouge magenta destiné au paysage, plusieurs fois médaillé en concours internationaux, et Rosa Little Champion®, var. Tragiheid, un couvre-sol compact, rouge vif orangé, qui a obtenu un premier prix SNHF 2013.

Pour valoriser le travail de sélection ou le choix des trouvailles exclusives chez des obtenteurs partenaires, un gros effort de communication est nécessaire. Le Salon du végétal, à Angers (49), est un temps fort dans le lancement des nouveautés. « Il n'est est pas facile de présenter des plantes fleuries en février au moment du concours Innovert®, mais les récompenses assurent la crédibilité et garantissent la validation. Les centrales d'achat dans la distribution, par exemple, y sont sensibles. Par ailleurs, recevoir un prix augmente la fréquentation des visiteurs sur notre stand. C'est certes important pour amortir les frais d'exposition. Mais c'est surtout essentiel pour les deux premières années de mise sur le marché, autant en France qu'à l'étranger. » Au-delà du rendezvous angevin et des démarches marketing classiques, l'entreprise multiplie les occasions de faire parler d'elle. Elle a développé un site internet « vitrine » (www.pepinieresdelasaulaie. fr). Et comme d'autres professionnels, elle baptise certaines de ses obtentions du nom de personnalités telles que Bernard Hinault, Julie Debazac, Raymond Kopa, Zoé Félix...

Encore jeunes sur ce créneau et petites dans la famille des obtenteurs mondiaux, les Pépinières de la Saulaie exposent leurs rosiers les plus innovants dans les principaux concours nationaux (Bagatelle, Orléans, Saverne...) et européens (La Haye aux Pays-Bas, Monza en Italie, Courtrai en Belgique, Baden-Baden en Allemagne, Glasgow en Écosse. « Y participer fait partie de mes critères de sélection. Cela se décide très en amont. Il faut bien connaître la génétique des lignées parentales. Je devine assez bien le potentiel d'un hybride en cours de test. Il y a peu de travail d'obtention en rosiers miniatures ou grimpants. On peut donc faire notre place dans ce secteur », poursuit Christophe Travers. Ce dernier essaie de présenter chaque année une ou plusieurs nouveautés en concours et, parmi les meilleures, de sélectionner celles qui auront, selon lui, toutes leurs chances. Les primées seront alors multipliées à grande échelle. Pour 2013-2014, la nouveauté Rosa Floribunda Tout Feu Tout Flamme®, var. Chewpinup, un multicolore rouge et or de l'obtenteur partenaire Warner, devrait enflammer les massifs paysagers et peut-être les concours...

Odile Maillard