“Adhérer à une norme, c'est s'engager sans cesse pour l'environnement !”
Frédéric Jacquet, installé en Ardèche, a mené au sein de sa pépinière, son entreprise du paysage et son point de vente une démarche de management environnemental qui doit être récompensée, en fin d'année, par l'obtention de la norme ISO 14001. Un choix qui le conduit à ajuster en permanence ses pratiques pour mieux prendre en compte le développement durable et implique l'ensemble de son personnel.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Situé dans la vallée du Rhône à Saint-Peray (Ardèche), l'entreprise Jacquet a décidé, en 2009, de se lancer dans la mise en place d'un système de management environnemental par étapes selon la norme ISO 14001. Ses trois activités, pépinière, entreprise de jardin et vente au détail, sont concernées par cette certification qui vise à établir un état des lieux réglementaire et législatif par rapport à la gestion environnementale et la prévention des risques, et à formaliser un plan d'action par rapport à ces thématiques.
« Depuis plusieurs années, nous avons pris conscience des impacts de notre activité sur le milieu naturel », explique Fréderic Jacquet, gérant de l'entreprise. « Au-delà de cette prise de conscience, la législation nous impose de faire évoluer les méthodes de travail. Durand les dix dernières années, l'entreprise a avancé avec, par exemple, la réduction des produits phytosanitaires, l'introduction de la PBI et le travail mécanique du sol en pépinière de pleine terre, l'investissement dans des véhicules électriques pour la préparation des commandes ou la taille des arbres tiges, le recyclage des déchets verts, l'introduction d'une part plus importante de matériaux renouvelables dans nos substrats... Puis, il nous a semblé nécessaire d'établir un plan d'action plus formalisé. C'est pourquoi, il y a deux ans, quand la chambre de commerce et d'industrie d'Ardèche a proposé aux PME de les accompagner en vue d'accéder à la norme ISO 14001, nous avons saisi cette opportunité. Bien que cette norme ne soit pas spécifiquement adaptée à nos métiers, elle correspond à la démarche que nous désirions poursuivre. La norme MPS, que nous avions d'abord envisagée, n'est connue que par les acteurs professionnels, contrairement à l'ISO 14001 qui n'est pas spécifique à notre secteur, mais vraiment parlante pour une clientèle de particuliers. Elle comprend tout ce qui est en rapport avec l'environnement et la sécurité du travail. » Fréderic Jacquet a donc bénéficié d'une aide technique et économique de la CCI pour toutes les démarches, lesquelles sont assez lourdes et nécessitent une veille permanente pour rester en conformité avec l'évolution des lois.
L'accès à la certification se déroule en trois étapes avec, au minimum, une année entre chacune d'elles. La première étape – dresser l'état des lieux législatif et environnemental sur tous les aspects de l'entreprise liés à l'environnement et la sécurité du travail – a été initiée par la pépinière en 2010. Les problématiques environnementales ont été listées, avec les points positifs et négatifs, et des propositions par rapport à ces derniers ont été établies. Enfin, des actions concrètes ont été déterminées. La deuxième étape est la mise en oeuvre concrète de ce plan d'action. La pépinière Jacquet en est actuellement à ce stade. Quant à la troisième étape, l'accès à la certification ISO 14001, elle est prévue pour le mois d'octobre à l'issue d'un audit. Jusqu'à cette phase, l'entreprise bénéficie d'une aide financière de la région de 50 % et d'une aide technique de la CCI Ardèche.
Le tri et la valorisation des déchets constituent l'axe prioritaire de l'entreprise. Des bacs ont été installés pour les déchets de faible volume. Pour les plastiques (emballages, tuyaux, pots, godets...), une benne a été placée à proximité des bâtiments. Les déchets verts issus de la pépinière et de l'entreprise de jardin sont broyés et réutilisés en paillage, ou récupérés pour le chauffage quand il s'agit de gros bois.
La réglementation a nettement évolué ces dernières années. La mise en décharge ne concerne plus que les déchets ultimes et brûler les déchets verts est désormais proscrit. La valorisation est donc incontournable et peut devenir une charge importante pour l'entreprise si elle n'est pas gérée correctement. Le tri des déchets demande des efforts mais, contrairement à une idée largement répandue, il n'est pas une charge financière pour l'entreprise.
« Aujourd'hui, les plastiques et la ferraille sont rachetés par les entreprises de recyclage alors qu'avant nous devions payer pour les faire évacuer ou les déposer en déchetterie », poursuit Frédéric Jacquet. « Il faut par contre être très rigoureux : les plastiques souillés de terre ne doivent pas être mélangés avec les autres. Ces consignes n'ont pas toujours été évidentes à relayer auprès du personnel, mais elles sont globalement bien respectées à présent. »
L'utilisation des déchets verts en tant que paillage permet une double économie : elle évite les frais de dépôt en plate-forme de compostage et réduit l'achat de paillages. Pour limiter les déchets plastiques, la prévention est aujourd'hui privilégiée, en demandant, par exemple, aux fournisseurs de jeunes plants de livrer sans godet quand l'enracinement est suffisant. Certains pépiniéristes proposent également des jeunes plants en godets forestiers faits de plaques consignées qui sont reprises à la livraison suivante. Pour le tuteurage des arbres en pépinière, les ligatures plastiques ont été abandonnées au profit d'attaches métalliques Sticofix, réutilisables. Actuellement, 90 % des déchets sont réutilisés ou recyclés. « Pour tout achat d'un matériel ou d'un véhicule, nous sommes contraints d'apporter la preuve que le vendeur a bien repris le modèle remplacé. De même, pour l'entretien des véhicules, nos prestataires doivent justifier du retraitement des déchets : les huiles usagées, les batteries, les filtres... », précise Frédéric Jacquet.
La gestion de l'eau est le second thème défini par le plan d'action. Sur les conteneurs, l'arrosage par goutte-à-goutte a été généralisé avec une programmation automatique nocturne. Les eaux de pluie de la serre multichapelle de 4 000 mètres carrés sont récupérés, les excès d'arrosage sont recyclés et réutilisés. En pépinière pleine terre, l'optimisation du travail du sol et des paillages permet, sauf année défavorable, d'éviter le recours à l'arrosage.
De telles avancées ne peuvent se faire sans prendre en compte les idées et les avis du personnel. Un responsable environnement a été nommé. Celui-ci a pour tâche de suivre l'évolution du processus et de faire le lien entre la direction et les salariés. Il s'engage à suivre les formations proposées par la CCI et accompagne le chef d'entreprise dans le travail de sensibilisation au tri des déchets, à la gestion de l'eau ou aux procédures à respecter en cas de pollution ou accident divers. Il a également pour mission de suivre un certain nombre d'indicateurs : les contrôles réglementaires, le suivi des équipements, des compétences... Le responsable environnemental s'est aussi vu confier la mission de rédiger un livret d'accueil pour les nouveaux salariés dans l'entreprise. Ce livret décrit l'organisation interne et l'organigramme de l'entreprise, les règles de sécurité (incendie, déversement de produits dangereux) et les consignes de tri des déchets.
D'un point de vue commercial, cette démarche environnementale fait l'objet d'une communication au travers d'un mémoire technique et environnemental à disposition des clients. Pour Frédéric Jacquet, « elle a permis de générer des initiatives au sein de l'entreprise, de formaliser, de faire connaître et de vérifier les progrès obtenus. L'obtention de la norme ISO 14001 n'est qu'une étape dans ce processus qui vise à une amélioration continue des conditions de travail, de la gestion des ressources et des impacts environnementaux. Adhérer à une norme, c'est s'engager sans cesse pour l'environnement ». Au niveau investissement, plusieurs projets ambitieux et marquants sont dans les cartons, comme la construction d'un hangar équipé de panneaux photovoltaïques ou l'installation d'une éolienne.
Claude Thiery
Pour accéder à l'ensembles nos offres :