" Des orchidées bien gardées "

Cinquième génération d'obtenteurs et producteurs d'orchidées en France, Colombe Lecoufle veut « garder la tradition en termes de qualité, de choix, de recherche de nouvelles variétés, tout en apportant un coup de jeune. » Aujourd'hui, la plus ancienne entreprise familiale d'orchidées dans le monde, encore en activité, élargit ses approches du marché. En 1950, les orchidées sont produites par clonage in vitro dans un liquide de culture, puis vers 1960 la production à grande échelle prend son essor. Maintenant c'est la vente qu'il faut faire évoluer...

Dès 1960, débute la démocratisation des orchidées. On commence à en trouver sur le marché destiné aux amateurs. Des milliers de jeunes plants partent dans le monde depuis les laboratoires de l'entreprise Orchidées Philippe Vacherot-Lecoufle, basée à Boissy-Saint-Léger (94). Produits rares, chers, destinés à des collectionneurs, les jolies sauvageonnes investissent les serres privées, très répandues en Angleterre depuis l'ère victorienne, puis s'étendent peu à peu aux particuliers en France. La multiplication est mieux maîtrisée in vitro. Elle évolue avec les nouvelles recherches et le taux de réussite s'améliore. Misant sur la qualité des plants, l'entreprise prend une place de leader.

Une pluie de médailles... Vers 1980, Philippe Vacherot-Lecoufle (fils de Maurice) prend les rênes de cet établissement désormais reconnu dans le monde. De nombreux prix sont obtenus en France et à l'étranger à l'occasion des très fermés Chelsea Flower show à Londres, London Orchid show, et Hampton court Palace Flower, jugés par la Royal Horticultural Society (RHS). Ces distinctions récompensent le travail effectué, la qualité des stands et l'apport botanique au monde horticole. Sans oublier, en 2006, le prix du Domaine de Courson pour Phalaenopsis 'Domaine de Courson' aux très grandes fleurs blanches. Et ce 4 juillet 2017, une médaille d'or et le Best in Show (plus beau stand) pour la 3e année consécutive à Hampton Court Palace Show.

Devant l'entrée massive des productions asiatiques et hollandaises (dès 1986), l'entreprise décide de fermer son laboratoire pour les cultivars les plus courants ; elle se consacre à leur développement horticole dans les serres. Le laboratoire comptait environ 40 personnes. La multiplication est désormais confiée à la société Les Orchidées de Michel Vacherot, dans le Sud de la France, dirigée par Raphaëlle Vacherot. Les variétés rares et les créations restent le domaine de l'unité basée à Limeil-Brevannes (94). L'établissement détient deux collections nationales de plantes mères depuis 2000 : l'une en Cattleya (400 variétés et espèces) et l'autre en Phaphiopedilum (500 variétés et espèces).

2017, Colombe Lecoufle apporte sa pierre à l'édifice et oeuvre à son tour aux côtés des cinq employés très spécialisés et hautement qualifiés : « Pas de changement dans ce domaine », assure-t-elle. Les évolutions portent sur la mise en place d'une serre de 600 m2 d'exposition-vente devant les serres de culture, plus que centenaires ; la nécessité de commander certaines variétés très rares et spécifiques ; l'organisation d'ateliers de rempotage ; la création d'un service de gardiennage des orchidées durant les absences de la clientèle (*). C'est en général pour une durée comprise entre un ou deux mois maximum, à partir de 5 euros.

Bercée parmi les orchidées et la gestion, la jeune femme n'a pas pour objectif de révolutionner l'entreprise mais d'y apporter sa jeunesse et ses connaissances. Très heureux et totalement confiant de voir se poursuivre l'aventure familiale, Philippe Vacherot-Lecoufle n'envisage toutefois pas de couper le lien de toute une vie avec les orchidées...

Patricia Grolier

(*) https://www.lorchidee.fr/content/11-service-gardiennage