“La gestion des rolls avec l'aide d'HortiTrace”
Claudie Berrou, assistante logistique chez Kérisnel Les plantes fleuries, dans le Finistère, s'accommode de puis 2011 d'une nouvelle organisation de collecte des rolls...
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« Lorsque Container Centralen (CC) France a cessé la collecte des rolls directement en magasin, en décembre 2010, nous avons dû trouver une autre solution pour les récupérer. » Claudie Berrou, assistante logistique chez Kérisnel Les plantes fleuries, à Saint-Pol-de-Léon (29), se rappelle des difficultés auxquelles elle s'est retrouvée confrontée. Des difficultés qui lui ont fait comprendre l'ampleur de la tâche accomplie jusqu'alors par le fabricant... Désormais, la jeune femme prend en charge « la gestion des rolls avec l'aide d'HortiTrace ».
« CC était à la fois loueur, collecteur et fabricant de rolls, ce qui lui permettait d'avoir un stock tampon suffisant pour les restituer rapidement aux producteurs », explique l'assistante logistique. « Par exemple, pour 500 rolls expédiés en semaine 1, CC garantissait la mise à disposition de 500 rolls dès la troisième semaine (semaine 3). C'était un gros avantage ! » Ainsi, le jeudi soir (semaine 1), Claudie Berrou faisait les comptes des rolls expédiés dans la semaine. Le lundi (semaine 2), elle validait la balance, c'est-à-dire le nombre de rolls en stock chez chacun des clients de la coopérative, et dès la troisième semaine elle récupérait son nombre de rolls au dépôt CC de Saint-Pol-de-Léon.
« 2011 a été très difficile, car les dépôts CC ont fermé au fur et à mesure. » Début 2011, pour proposer une solution aux producteurs confrontés à la défection de CC, les sociétés La Graine informatique et Bergue D&P se sont associées avec les transporteurs Ageneau, Beziau, Durand et GAT pour créer HortiTrace, service de gestion des emballages. La jeune société se charge de récupérer les rolls en magasin pour les stocker dans les dépôts de ses partenaires transporteurs. Dans le même temps, la société Orfidée mettait en place un service de consigne horticole : OrfidHorti. « Nous avons utilisé les deux services en parallèle quelques temps. Cette année-là, avec un seul transporteur, le réseau d'OrfidHorti n'était pas suffisant et les délais de restitution étaient encore plus longs qu'avec HortiTrace. » En avril 2012, il ne restait que deux dépôts communs CC/HortiTrace (à Angers et à Saint-Pol-de-Léon) et « d'autres dépôts CC gérés par DHL », précise Éric Bergue, responsable du développement commercial d'HortiTrace.
Les délais de restitution allongés ont obligé l'entreprise à augmenter de 1 000 rolls le nombre de ceux qui sont en location saisonnière. Car même en reprenant en partie les moyens logistiques de CC (transporteurs, dépôts, deux salariés), HortiTrace ne dispose pas du stock tampon considérable du fabricant de rolls et, en 2011, la société n'est pas suffisamment développée pour offrir la même réactivité : chez Kérisnel Les plantes fleuries, les chariots sont restitués au mieux au bout de quatre semaines. « Or en pleine saison, nous pouvons expédier jusqu'à 4 000 rolls en quatre semaines ! La location supplémentaire correspond à notre recours au stock tampon de CC à l'époque », estime Claudie Berrou. L'assistante logistique a utilisé un maximum les dépôts CC encore en place au cours de l'année 2011 pour bénéficier de leurs stocks tampons et éviter d'avoir à faire appel à des transporteurs. Une gymnastique intellectuelle qui nécessite de bien comprendre la logistique des rolls, avec ses transports physiques et ses flux virtuels (voir l'encadré).
Par exemple, pour récupérer des rolls expédiés à Angers, la jeune femme effectuait un « transfert » (virtuel) - après l'accord de CC France - du dépôt HortiTrace d'Angers vers le dépôt CC proche, puis de ce dépôt vers le dépôt CC de Saint-Pol-de-Léon. Mais les dépôts CC ont fermé les uns après les autres... « Du coup, c'était à nous d'affréter un camion pour aller chercher les rolls dans les dépôts HortiTrace. Nous attendions le “bon moment”, c'est-à-dire qu'il y ait un volume suffisant de rolls en stock, aussi il nous arrivait régulièrement d'en manquer pour les expéditions. » Au cours de l'année, le réseau HortiTrace s'est densifié pour atteindre vingt dépôts, avec au bilan la gestion de plus de 75 000 rolls pour une quarantaine d'expéditeurs. « Je n'envoie plus des camions qu'à Paris. » Par ailleurs, depuis le début d'année, HortiTrace propose des transferts physiques d'un dépôt à l'autre, en cas de besoin (flux insuffisants).
« Nous allons étudier l'intérêt de rester en location saisonnière ou d'augmenter notre parc de rolls achetés », précise Claudie Berrou. En 2011, un roll coûtait environ 75 € HT pour une base auxquels il fallait ajouter 10 euros par étage ; soit 105 000 euros HT pour 1 000 rolls à trois étages (sans la maintenance), soit autour de trois fois le coût pour leur location saisonnière. Aux coûts d'achat et de location des rolls, il faut ajouter ceux des transferts virtuels (flux) et des transports physiques (transporteurs). « Depuis janvier 2012, les tarifs des flux CC ont très fortement augmenté, sans qu'il y ait d'ailleurs beaucoup de communication sur le sujet », souligne Claudie Berrou. « Par exemple, les coûts de transferts entre dépôts situés en France (Angers et Saint-Pol-de-Léon) ont augmenté d'environ 2 euros pour une base entre 2011 et 2012, et de 0,78 € pour un étage. En revanche, les tarifs des flux CC de la France vers l'étranger - par exemple pour restituer les rolls vides aux fournisseurs étrangers qui ont livré nos producteurs - ont baissé... » La majorité des flux sont désormais payés à HortiTrace, pour des tarifs allant de 5,1 € à 5,65 € par roll (étages inclus) selon le volume de rolls et les dépôts de déchargement concernés.
Dans la région du Sud-Est, le faible volume livré par Kérisnel Les plantes fleuries ont incité le directeur, Jean-Pierre Le Roscouet, à ne plus expédier que des rolls en bois. « Le peu de volume expédié dans cette région fait que la collecte est également plus faible, donc les dépôts du Rhône et de la Drôme se remplissent peu », explique Claudie Berrou. « Il faut attendre trop longtemps pour faire un camion complet afin de réduire les frais de transport. »
Pour Kérisnel Les plantes fleuries, HortiTrace a permis d'assurer le relais de la gestion logistique, moyennant une hausse des coûts et certaines questions encore sans réponse. « Comment sont redistribués les rolls dans les différents dépôts ? », s'interroge ainsi Jean-Pierre Le Roscouet, que les délais de restitution d'HortiTrace ne satisfont pas vraiment. « Notre clé de répartition est totalement transparente et a toujours été clairement présentée », soutient Éric Bergue. « Les rolls collectés sur un magasin sont répartis entre les différents producteurs au prorata de leur part de la balance due par le magasin au jour de la collecte. » À partir de 10 rolls livrés par différents expéditeurs chez un client, HortiTrace s'engage à déclencher une collecte et à livrer les rolls dans le dépôt le plus proche du magasin. Dans l'idéal, tous les dépôts sont suffisamment approvisionnés en rolls, et le producteur ayant expédié en premier récupère ses rolls en premier dans le dépôt le plus proche de l'entreprise, en effectuant au besoin un transfert d'un compte à l'autre. Dans la réalité, des transports physiques sont encore nécessaires d'un dépôt à l'autre, avec les frais que cela représente, répercutés sur l'expéditeur. « Ceci est dû au déséquilibre structurel entre les régions “exportatrices” (Ouest) et importatrices de plantes et donc de rolls », explique le responsable commercial d'HortiTrace. Dans ces conditions, le premier à expédier est-il toujours le premier servi ?
Des problèmes existaient du temps de la collecte CC et demeurent, comme la « difficulté » pour les magasins à restituer les rolls CC. « Les rolls permettent une facilité pour rouler les produits sur le rayon », explique Patrick Ménez, le responsable commercial de Kérisnel Les plantes fleuries. « Certaines GMS y présentent leurs produits directement. Par ailleurs, un roll en bois nécessite l'utilisation d'un transpalette. » Certains magasins usent et abusent de cette facilité, et de leur « position de force ». « Nous avons certes une convention prévoyant une facturation en cas de retard de rendu de rolls, mais cette clause est délicate à faire respecter... », regrette l'assistante logistique. Claudie Berrou est consciente de la contrainte que cette gestion représente pour les magasins, surtout en pleine saison : « Certains n'ont pas les moyens humains de comptabiliser les rolls, ni la place pour leur stockage. » Et certains ne s'embarrassent guère de tels soucis de logistique, comme l'illustre un courrier adressé par HortiTrace à Claudie Berrou : « Malgré plusieurs tentatives de collecte sur ce magasin, il nous est impossible de récupérer une partie importante des rolls. Une faible quantité de rolls est disponible, non conditionnée et ne peut être réservée à notre transporteur car ils sont rendus à tous transporteurs qui leur livrent des rolls pleins. Le réceptionnaire me demande de patienter jusqu'à la fin de la saison pour essayer de remettre les comptes à jour. »
Pourtant, il « suffirait de peu » pour améliorer la traçabilité des rolls, comme l'enregistrement par les magasins, sur le logiciel HortiTrace ou même un fichier Excel, des chariots reçus et rendus, avec en sus l'édition de bons de réception et de sortie servant de justificatifs, et la conservation des bons de transport... Et ce, sans forcément aller jusqu'à scanner un par un les cadenas RFID que CC France a fait rajouter sur ses rolls début 2011. « En pratique : personne n'a le temps de scanner les rolls. » Reste enfin pour Kérisnel Les plantes fleuries à s'accommoder du « traitement de faveur » réservé aux fournisseurs étrangers, même s'il recèle, selon Éric Bergue, une « part de mythe ». « Les Néerlandais font du livré-rendu : le chauffeur ne part pas s'il n'a pas l'équivalent en rolls vides », estime Claudie Berrou. « Nous ne pouvons pas faire la même chose, car les transporteurs ne reviennent pas à l'entreprise pour rapporter les rolls. Si nous avions nos propres camions, ce serait possible. »
Valérie Vidril
Pour les petits volumes d'expédition, dans certaines zones géographiques, Kérisnel Les plantes fleuries livre désormais des rolls en bois. Mais « leur remplissage est moins optimisé que celui des rolls CC ».
« Les magasins doivent “casser” les rolls - c'est-à-dire les démonter -, mais ils n'ont pas forcément le temps... » L'assistante logistique, elle, prend le temps et connaît ses « basiques », toutes les bagues devant être placées d'un même côté...
...Une pile de bases comporte quatorze bases, une base et quatre montants permettent d'empiler trente étages, ou d'entasser cent quatre-vingt-seize montants.
Tous les fournisseurs ne livrent pas des rolls en cadenas rouge (cadenas CC RFID). Pour leur restituer les rolls, Claudie Berrou doit tenir un compte précis des chariots livrés en cadenas noirs ou en « DC » (rolls non identifiés chez CC France) et les rendre physiquement.
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