Journée technique à Lyon (69) Un point complet sur le chancre coloré
Le 24 septembre, Plante & Cité a proposé une journée consacrée à la maladie qui touche les platanes à Lyon. Un sujet qui inquiète même dans les régions qui ne sont pas touchées…
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La belle salle des mariages de la mairie du 7e arrondissement, place Jean-Macé à Lyon (69), était tout juste suffisante pour accueillir les nombreux participants à la journée consacrée au chancre coloré du platane, le 24 septembre. Preuve que la maladie inquiète toujours autant les gestionnaires de patrimoines arborés.
Et s’il fallait un élément de plus pour s’en convaincre, un rapide sondage sur la provenance des participants, en début de journée, a montré qu’il n’y a pas que dans les régions dans lesquelles le champignon s’est installé que le thème préoccupe : 46 % des participants qui avaient fait le déplacement se trouvent encore en zone non contaminée.
Aujourd’hui, cette zone touchée va de l’arc méditerranéen jusqu’à Lyon et la Savoie, en remontant la vallée du Rhône. Elle concerne quasiment toute l’Occitanie, le département de la Gironde et, plus au nord, la Loire-Atlantique, l’Eure-et- Loir et enfin toute la petite couronne parisienne, la capitale et les petits départements qui l’entourent.
Mais son avancée semble inexorable : pour les autres, il peut sembler que ce ne soit qu’une question de temps, malheureusement.
La législation évolue et un guide des bonnes pratiques est en cours d’élaboration
Nous reviendrons sur les temps forts qui ont marqué cette journée, mais retenons trois points essentiels.
Le premier est que la législation est en cours d’évolution. Si jusqu’ici le processus à suivre dès qu’un sujet touché était détecté consistait à abattre l’arbre et tous ses congénères dans un rayon de 35 m, dans certaines zones une autre voie a été choisie. Il s’agit essentiellement des sites dans lesquels la maladie évolue dans des contextes très liés à l’eau, autour du canal du Midi, par exemple, ou bien de celui de l’Adour, voire dans certaines zones de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. On sait que les canaux et autres cours d’eau transmettent rapidement la maladie.
La stratégie d’éradication y étant devenue inopérante, ces lieux sont désormais considérés comme des « zones d’enrayement », pour les distinguer des « zones d’éradication » partout ailleurs où la maladie est présente.
Les procédures d’abattage des arbres vont être adaptées. Cela nécessite de réviser l’arrêté du 22 septembre 2015 qui édicte actuellement la marche à suivre en cas de foyer. Ce travail devrait aboutir rapidement à l’élaboration d’un guide des bonnes pratiques (il est en cours de validation) que nous présenterons dès qu’il sera disponible.
On sait que des nouveautés vont apparaître sur la définition et la gestion des « produits issus de l’abattage », qu’une formation sera obligatoire pour les agents chargés des interventions sur les arbres, etc.
Sur le terrain, des questions pratiques qui restent sans réponses
Second point qui émerge clairement à l’écoute des débats : les agents de terrain sont nettement en attente d’informations très techniques. On leur demande sur les chantiers de désinfecter les outils entre chaque arbre, mais aucun produit ne semble actuellement détruire de manière certaine le champignon. Le vinaigre blanc est-il efficace ? Si oui, à quelle dose et en combien de temps ?
On demande la désinfection des engins qui opèrent sur les chantiers, mais comment désinfecter un gros tractopelle pour un coût qui ne soit pas prohibitif et dans des conditions techniques vraiment adaptées au terrain ? Sur tous ces points, on sent chez les responsables techniques de vraies attentes. Le nouveau guide des bonnes pratiques en apportera peut-être !
Enfin, à noter que pour la première fois de manière aussi nette, ces mêmes responsables de terrain s’interrogent désormais sur l’intérêt de la stratégie de lutte. Pour beaucoup, la bataille est perdue d’avance. Pourquoi abattre les platanes sains autour d’un sujet atteint, puisque de toute manière, ils seront malades un jour ou l’autre, s’interroge un directeur de service ? Ne vaudrait-il pas mieux préserver ce patrimoine tout en assurant la suite avec de nouvelles plantations diversifiées ? Même la Ville de Lyon, qui expérimente pourtant des stratégies innovantes, ne cache pas son pessimisme. Adeline Jiguel, responsable du patrimoine arboré de la ville, lors d’une présentation sur site au parc de la Tête d’Or (dans le Lien horticole n° 1140, à paraitre début novembre, page 52), estime que l’on ne fait aujourd’hui « guère que retarder » la progression du champignon…
Est-ce que les nouvelles mesures de gestion des chantiers proposées par le ministère ou l’arrivée sur le marché de nouvelles variétés résistantes au chancre suffiront à redonner le moral aux agents de terrain ? C’est loin d’être garanti !
Pour mémoire : un article « La prévention contre le chancre coloré du platane s’organise : le dispositif ProtectPlatane en Île-de-France » dans Le Lien horticole n° 1134 d’avril 2024.
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