Contre la cylindrocladiose et la pyrale Les buis sont la meilleure alternative aux buis !
Une offre récente de variétés tolérantes et résistantes et le recours à des macro-organismes pour la lutte biologique laissent entrevoir un avenir plus serein pour les Buxus.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Le buis n’a pas perdu la partie face à ses deux ennemis les plus redoutables : le champignon pathogène Calonectria pseudonaviculata et le lépidoptère Cydalima perspectalis.
La recherche-développement a livré récemment des solutions prometteuses avec le Buxor d’Iftech, aux Ponts-de-Cé (49), contre la pyrale et la gamme variétale BetterBuxus® du pépiniériste belge Herplant. Celle-ci est résistante à la cylindrocladiose et mieux tolérante à la pyrale que Buxus sempervirens. La recherche continue d’apporter sa pierre à l’édifice (lire l’encadré).
Stratégie de biocontrôle
La société Iftech, qui fête ses 20 ans en 2024, est spécialiste des chrysopes pour la lutte biologique. Christian Hecker, son dirigeant-fondateur, se réjouit que la recherche menée avec l’Inrae d’Antibes (06) ait choisi sa Chrysoperla lucasina – la demoiselle aux yeux d’or – comme le prédateur le plus adéquat pour contrôler la pyrale du buis à l’issue du programme SaveBuxus II. « Cette espèce indigène cible une gamme élargie de stades de la pyrale : les œufs et les jeunes chenilles. Elle est la mieux adaptée aux températures plus chaudes et la plus agressive contre le ravageur. Les chrysopes se déplacent bien dans les buis et peuvent aller prédater au-delà du point de lâcher. » La synthèse du programme conseille de commencer par un traitement au Btk (Bacillus thuringiensis kurstaki) en sortie de diapause. Elle précise aussi : « Les descendants directs des chrysopes lâchées présentent également une efficacité intéressante, prolongeant dans le temps celle du lâcher. […] Les chrysopes spontanément présentes contribuent également à réduire les populations de ravageurs. D’où l’intérêt d’installer des plantes pollinifères servant aussi bien à maintenir les descendants des lâchers qu’à favoriser l’action des insectes naturellement présents. »
L’insecte POL (pour prédateur d’œufs et de larves) est devenu le Buxor, pour lequel Iftech détient des droits de licence exclusive mondiale avec l’Inrae et a reçu un Innovert au Salon du végétal 2022 (en vidéo ici). Des larves vivantes de chrysope de stade L2 sont introduites dès les premiers pics de vols du papillon ravageur au plus près des foyers infestés. Le seau de 150 larves (pour 1 à 2 m3 de buis) convient pour un accrochage aux endroits stratégiques dans les topiaires car les larves se dispersent rapidement après l’ouverture. On peut aussi saupoudrer la cosse de sarrasin (support des larves) sur les plantes comme avec le seau de 2 500 larves (pour 40 m3). La dispersion avec Pulzor, un équipement autoporté de la même société et dont une version à moteur électrique est sortie cette année, serait envisageable.
Variétés vertueuses
Spécialiste reconnue des Buxus au niveau européen, Herplant, à Beerse (Belgique), a lancé en 2020 une gamme de quatre variétés hydrides issues de cultivars du monde entier : ‘Renaissance’, ‘Babylon Beauty’, ‘Heritage’ et ‘Skylight’. Dans les espèces asiatiques, le port ouvert – contrairement au feuillage dense du buis commun Buxus sempervirens – augmente la circulation et la quantité de lumière qui atteint les parties intérieures de la plante, la rendant ainsi plus résistante aux maladies.
Dans la nouvelle gamme du pépiniériste, les plantes ne sont pas dénudées complètement par la pyrale et restent plus vertes. Le marché français est assuré par Plandanjou, aux Ponts-de-Cé, et par Willaert, à Roeselaere (Belgique), les jardins prestigieux étant fournis en direct par la pépinière. Après cinq années d’implantation réussie au potager du château de Villandry (37), l’un des sites pionniers, le dirigeant d’Herplant, Didier Hermans, a décroché en 2024 un contrat avec le château de Versailles (78). Les jardins, dont la célèbre grande broderie de buis, ont été rénovés en vue de l’accueil des jeux Olympiques.
De son côté, la gamme NewGen de l’américain Saunders (‘Independence’®, ‘Freedom’® et Liberty Belle™, nouveauté 2024) sera lancée en Europe au plus tôt en 2026 par leur partenaire Van Vliet New Plants. Ces variétés ont une tolérance améliorée à la cylindrocladiose et une meilleure résistance à la cécidomyie.
Des châteaux précurseurs
Le buis est une espèce végétale patrimoniale. Angers (49), Chambord (41), Vaux-le-Vicomte (77), Versailles, Villandry et d’autres domaines plus petits sont autant de sites pratiquant l’une ou l’autre des nouvelles options ou les combinent.
À Angers, le maître jardinier du château, Pascal Binder, emploie les produits d’Iftech depuis 2016, date de la signature de la première convention pluriannuelle de mécénat avec cette société spécialiste des biostimulants et de la lutte biologique. « J’utilisais déjà ses œufs de chrysopes et Christian Hecker m’a proposé Buxor l’an dernier. J’ai lâché 2 500 larves de chrysopes sur les buis de la roseraie. L’essentiel est de les positionner au bon moment. L’opération n’a pas été répétée cette année en raison de la faible pression de pyrale. »
« J’ai découvert la gamme BetterBuxus® grâce à mes collègues experts en patrimoine végétal qui avaient restauré le jardin de l’hôtel de Sully, à Paris, poursuit-il. À Angers, je dois tenir compte de la spécificité des lieux. Le sol pauvre recouvre du schiste ardoisier. Les pluies s’écoulent des remparts vers la cour du château et, dans ce jardin central classique, les fortes chaleurs ne sont pas rares. Cette année, nous avons planté 300 buis ‘Renaissance’ en pot de 15/20, une variété au développement approprié pour les bordures. J’ai ainsi comblé les trous laissés par les pieds morts arrachés. Le chantier s’est déroulé sans aucun changement de terre mais avec un amendement de terreau et un suivi précis de l’arrosage. Cette année, la pression des maladies étant faible, nous n’avons enregistré aucune perte. »
Le maître jardinier apprécie la variété très poussante choisie qui a gagné 10 cm en un an alors que les buis sont caractérisés par une croissance lente. Il a décidé de poursuivre avec BetterBuxus® et de remplacer au fur et à mesure les plantes abîmées.
Le facteur climat
L’écosystème ravageur/champignon pathogène et buis est fortement dépendant du climat. Les investissements à consentir doivent prendre en compte qu’une saison climatique n’est pas l’autre. Les gestionnaires de jardins doivent accepter le surcoût éventuel de ces nouvelles variétés et/ou méthodes de lutte et créer les lignes de crédit nécessaires après des essais sur site réussis.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :