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Lepaysage d’intérieur pour le retour au bureau

Après les confinements, les entreprises cherchent à retrouver l’unité des équipes, via le retour aux postes de travail. Parmi les efforts réalisés pour séduire les salariés, la conception d’espaces plus conviviaux, végétalisés, grimpe en flèche.

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La pandémie de Covid-19 n’a pas inventé le télétravail, mais l’a considérablement renforcé. Au point que la question qui se pose aujourd’hui pour nombre de dirigeants d’entreprises et de manageurs est : « Comment puis-je faire revenir mes équipes au bureau, afin d’éviter l’isolement et surtout de favoriser le travail de groupe ? ».

Au-delà des actions à courte durée, tels que des moments de convivialité proposés sur le temps de travail, beaucoup de sociétés regardent plus loin. Elles actent en général que la fin de la pandémie, quand elle aura lieu, ne signera pas le retour des équipes au grand complet dans les locaux. La crise sanitaire devrait ancrer durablement le partage du travail entre « distanciel » et « présentiel » pour les métiers qui le permettent, et faire profondément évoluer la conception des bureaux.

Les entreprises le plus en avance vont imaginer et mettre en place des espaces de travail plus conviviaux et plus verts, avec moins de bureaux fermés pour travailler seul(e) et s’isoler et davantage d’espaces de rencontre dédiés au travail de groupe. Une certitude se dégage de ce mouvement : les efforts déployés en matière de paysage d’intérieur, dont peut bénéficier la filière du végétal.

Qualité de vie au travail

Sabrina Ananna, cocréatrice en 2016 de l’agence parisienne aKagreen, spécialisée dans la réalisation d’espaces très végétalisés « avec des écosystèmes durables de plantes », explique que cette tendance a fait grimper en flèche son chiffre d’af­faires entre 2020 et 2021. « Avant, lorsque nous demandions aux entreprises qui nous contactaient ce qui motivait leur démarche, elles nous parlaient de déco ou d’embellissement. Au moment du premier confinement, elles évoquaient le bien-être des personnes qui ne pouvaient pas télétravailler. Le troisième confinement a provoqué un déclic : leur problème prioritaire est devenu le retour au bureau et elles ont voulu proposer aux équipes des espaces plus agréables et conviviaux, plus “nature’’. Les dirigeants ont compris qu’ils devaient se préoccuper de la qualité de vie au travail. »

Sa jeune entreprise n’a pas eu besoin de beaucoup communiquer pour se développer, le bouche-à-oreille a souvent été suffisant. « Pour les grands comptes avec lesquels nous travaillons, nous ne parlons plus d’ornement mais de végétalisation ou de “biophilie’’, c’est-à-dire que les plantes que nous installons interagissent vraiment avec les êtres qui les entourent. »

Sa société, qui emploie actuellement une dizaine de personnes, prévoit de passer à une quinzaine rapidement.

Moins de surfaces, mais mieux aménagées

Olivier Bedouelle, qui dirige l’entreprise Sauvaje, à Magny-les-Hameaux (78), confirme la bonne tenue actuelle du marché du paysage d’intérieur, soulignant au passage que les recrutements n’en sont devenus que plus difficiles. Cet engouement arrive après une phase d’attentisme au début de la pandémie : « Nous avons pensé au départ que nous allions avoir de nombreuses suspensions de contrats. Nous en avons eu avec les hôtels et pour des acti­vités spécifiques comme la livraison de paniers de fruits et légumes dans les bureaux, puisqu’il n’y avait plus de personnel sur place ! Mais la grande question est désormais de faire revenir les salariés à leur lieu de travail. Nous comptons parmi nos clients le siège social d’une grande enseigne­ de magasins comptant 4 000 em­ployés, dont un tiers qui ne se sont pas rendus­ au bureau depuis le début de la pandémie. »

« Ces entreprises se posent la question de savoir comment faire évoluer les locaux, tant en termes de surfaces que d’aménagement, reprend-il. Les végétaux étaient devenus rares en open space, on n’en trouvait que quelques-uns à l’accueil ou à la cafétéria. Là, on sent que la vision est différente, il y a une volonté de végétaliser pour que le salarié ait l’impression d’être au bureau comme chez lui. Avoir une terrasse agréable et bien plantée devient encore plus important. Les dirigeants s’attendent à ce que les gens fassent moitié télétravail, moitié travail au bureau. Ils prévoient en général moins de surfaces, mais mieux aménagées. »

Le lieu de travail pour retrouver du lien

Pour sa part, Pierre Darmet, directeur marketing et développement commercial des Jardins de Gally, à Bailly (78), une entreprise également très active dans le marché du paysage d’intérieur, estime que « la demande frémit. Les projets s’accélèrent après une période d’incertitude puis de gestation longue ».

Selon lui, plusieurs phénomènes se conjuguent. Il y a d’abord « la recherche d’un contact avec la nature. Quand les espaces extérieurs sont restreints, voire font défaut, les intérieurs peuvent accueillir des formes de vivant ». Et il y a aussi de « nouvelles motivations pour venir au bureau et de nouveaux usages, précipités par la pandémie. Actuellement, on estime que 70 % des espaces au sein d’une entreprise sont dédiés au travail individuel et les 30 % restants sont consacrés au collaboratif. Cette tendance devrait s’inverser. On “va au travail” non plus seulement pour travailler, mais pour être en lien. Ce nouveau phénomène implique la multiplication d’espaces collaboratifs, de réunion, mais aussi de lieux de convivialité – tels que des salles de pause – et même de repos, où la déconnexion aux outils numériques est prônée. Ces nouveaux lieux peuvent laisser place au végétal. »

Une forte reprise

La tendance est peut-être plus marquée en région parisienne qu’en province. Pascal Bodin, qui dirige l’entreprise In’Flor, active à Bordeaux (33) et Toulouse (31), estime que son chiffre d’affaires est revenu en droite ligne de celui de 2019, qui avait été exceptionnel, mais après avoir connu un gros trou d’air en 2020, les contrats de location de plantes ou d’entretien ayant été largement suspendus.

« La reprise est fulgurante. Les sociétés cloisonnent des open spaces avec du végétal, recherchent davantage de convivialité et d’humain. La reprise d’activité est particulièrement visible dans les restaurants, qui végétalisent fortement les terrasses, mais aussi les intérieurs. »

Pascal Fayolle

Dans une prochaine édition, les nouvelles ten­dances de végétalisation dans l’aménagement des entreprises.

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