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Valoriser un patrimoine de plantes indigènes

Pas moins de 80 genres à beau potentiel génétique de La Réunion peuvent être amenés à enrichir la palette végétale commercialisée en métropole. Une étude de faisabilité est en cours entre trois partenaires du département ultramarin et de Nouvelle-Aquitaine.

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Une gamme de plantes indigènes* de l’île de La Réunion est à l’étude pour vérifier leur comportement en métropole, avec – à la clé – un développement potentiel des exportations du département d’outre-mer vers l’Europe. Avec un juste retour de valeur aux producteurs de l’île. Et pour les horticulteurs français, la perspective de développer la palette d’exotiques d’ornement proposée sur le marché.

Encore faut-il que les conditions de fai­sabilité technique, économique comme de marketing d’une telle offre de végétaux locaux vers des marchés de niche à l’export soient réunies. Une démarche tripartite est en cours depuis 2020.

D’un côté, l’Union des horticulteurs et pépiniéristes de La Réunion (UHPR) a choisi 80 genres de plantes locales, supposées susceptibles de plaire en Europe pour leur caractère exotique. L’UHPR essaie donc de comprendre les tendances du marché métropolitain. Un encadrement juridique a été mis en place, avec l’aide d’un avocat, pour établir une convention et des documents visant à protéger ces végétaux, ces derniers restant soumis à la réglementation de Nagoya**.

En collaboration avec la structure associative d’expérimentation Armeflhor***, basée dans la ville de Saint-Pierre, les plantes sont multipliées (essentiellement par semis) et l’expédition se fait au stade jeunes plants ou plantes semi-finies. La contre-saison climatique permet d’effectuer les livraisons au bon moment, vers le 15 mars, en godets.

De l’autre côté, en Nouvelle-Aquitaine, la station Astredhor Sud-Ouest GIE Fleurs & Plantes à Villenave-d’Ornon (33), près de Bordeaux, réceptionne les plantes et les rempote. Une observation sous ombrière a lieu tout l’été : reprise après em­potage, développement végétatif, aspect, floraison et problématiques quant aux ravageurs et maladies...

Les cultures sont prêtes à la commercialisation vers le mois de septembre.

Le 8 septembre dernier, lors de sa journée portes ouvertes, la station Astredhor Sud-Ouest a testé l’accueil de cette gamme « new look » par les professionnels adhérents présents. Les commentaires étaient souvent très po­sitifs, voire dithyrambiques. D’autres évaluations sensorielles sont réalisées auprès des professionnels ainsi que de jardiniers amateurs. Beaucoup de plantes pourraient avoir un intérêt afin de développer un nouveau marché et notamment celui des « plantes d’intérieur  ».

À la recherche de producteurs éleveurs… et de financements

Dans ce but, la station Astredhor Sud-Ouest recherche à la fois des producteurs afin d’élever cette gamme (sous contrat) et des financements dans l’objectif de valoriser ce pa­trimoine végétal réunionnais et de diversifier dans l’Hexagone la palette végétale d’ornement.

« La décision finale reviendra aux pro­ducteurs, faiseurs ou éleveurs de l’UHPR, en partenariat avec Armeflhor, explique Jean-Marc Deogratias, directeur d’Astredhor Sud-Ouest. Les plantes qui seront sélectionnées­ ne seront pas uniquement réservées aux adhérents du GIE mais au marché national de la métropole. »

Reste un souci de taille : « Pour l’instant, nous n’avons plus de financements. Nous avons eu uniquement une contribution de l’Odeadom (Office de développement de l’économie agricole d’outre-mer) pour observer ces 80 plantes. Donc se pose la question de la continuité du projet. Nous attendons les retours de l’UHPR et du cabinet 3A conseil qui s’occupe de ce programme », pointe Jean-Marc Deogratias.

« Cette démarche a toute sa place pour un appel à projets visant à développer la fi­lière française de production de plantes vertes, à partir des DROM-COM (départements et régions d’outre-mer et collectivités d’outre-mer, ex-DOM-TOM), dont La Réunion. L’UHPR, à travers un audit de la filière horticole îlienne, espère trouver des financements pour tester d’autres genres de plantes susceptibles de séduire le marché européen », complète Denis Richoux, référent expert UHPR et acteur qui fait le lien entre Armeflhor et Astredhor Sud-Ouest.

Odile Maillard

* Plantes nées dans la zone Mascareignes – îles de La Réunion, de Maurice, de Rodrigues –, Madagascar, Comores et Seychelles.

** Protocole de Nagoya, convention internationale sur la biodiversité.

*** Armeflhor : Association réunionnaise pour la modernisation de l’économie fruitière, légumière et horticole.

Pour en savoir plus : diaporama sur www.lienhorticole.fr

GENRE ESPÈCE NOM VERNACULAIRE FAMILLE EN %*
Breynia nivosa Neigeuse Euphorbiaceae 87,2
Tabernaemontana divaricata Café fleur nain Apocynaceae 84,6
Cossinia pinnata Bois de Judas Sapindaceae 76,9
Duranta repens Durante Verbenaceae 76,9
Polyscias cutispongia Bois d’éponge Araliaceae 74,4
Euphorbia geroldii Euphorbe de Gerold Euphorbiaceae 71,8
Tecoma alata Bignoniaceae 66,7
Aloe borbonicum Mazambron officinal Asphodelaceae 61,5
Clerodendrum quadriloculare Plante feu d’artifice Lamiaceae 61,5
Fernelia buxifolia Bois de buis Rubiaceae 61,5
Pandanus utilis Vacoa Pandanaceae 61,5
Plumeria pudica Frangipanier Apocynaceae 61,5
*Pourcentage des votes des adhérents de la station Astredhor Sud-Ouest dans les rubriques « me plaît bien » à « j’aime beaucoup ».

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