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Du pollen et du nectar d’arbres et arbustes… toute l’année ! (2/2)

Suite de l’article paru dans Le Lien horticole n° 1116, p.44-45. Yves Darricau, ingénieur agronome et promoteur téméraire de l’apiforesterie, invite à enrichir les paysages, urbains comme de campagne, en raisonnant autour d’un planning constant de floraisons, en particulier à base d’arbres et arbustes.

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Afin de favoriser les pollinisateurs, et notamment les abeilles, adapter la palette végétale permet d’offrir du pollen et du nectar régulièrement toute l’année. Lors d’un webinaire le 24 mars pour la Société nationale d’horticulture de France (SNHF), Yves Darricau, ingénieur, apiculteur et planteur d’arbres, auteur du livre Planter des arbres pour les abeilles, a proposé dans ce but une sélection de ligneux à mieux considérer.

Dans les plantes évoquées, certaines sont issues d’Asie tempérée, d’autres sont déjà présentes dans les arboretums occidentaux et méritent d’entrer dans les programmes de sélection variétale horticole. Tous ces arbres et arbustes sont connus pour leur aspect ornemental, parfois oubliés ou méconnus pour une production abondante de pollen et/ou de nectar de qualité, en particulier en dehors de la période d’abondance du printemps.

1.Les premiers mellifères, en sortie d’hiver

Salix (saules et osiers)

Premiers grands pourvoyeurs de pollen et de nectar au réveil des insectes après l’hiver, de fin janvier jusqu’en août grâce à la richesse des collections horticoles. Ils sont sous-estimés pour leur importance écologique et leur grande diversité. Leurs atouts : les chatons et le nectar, aussi bien sur fleurs mâles que femelles.

- Salix triandra ‘Semperflorens’ (saule amandier)

Remontant, il fleurit tout le temps, également en terrains froids et humides.

Acer opalus (érable opale ou érable aubier)

Premier arbre à montrer ses fleurs, c’est le seul érable à les sortir avant ses feuilles. Il fleurit pendant quinze jours, quasi en même temps que les pissenlits. Il est sous-utilisé.

2.Fin de printemps et début d’été

Castanea seguinii(châtaignier de Seguin)

Les châtaigniers offrent un pollen de qualité. Cette espèce ajoute une floraison étonnante, quasi continue, de juin à oc­tobre et une fructification étalée sur près de deux mois, utile pour la petite faune. Très rare, seulement visible en arboretum, il mériterait à lui seul une mission de botanistes en Chine pour en cerner le potentiel et en adapter les meilleurs cul­tivars disponibles.

Tilia (tilleul)

Certaines floraisons arrivent désormais déjà fin mai (un mois en avance) dans le Sud. Deux espèces sont particulièrement belles, intéressantes pour les insectes :

- Tilia platyphyllos (tilleul de Carpentras, de Benivay ou « tilleul paysan à tisanes »)

Grâce aux sélections paysannes d’autrefois, il offre des bractées longues, aux grandes fleurs, et beaucoup de nectar. Ce très joli tilleul presque tombé dans l’oubli a des potentiels horticoles et mellifères sous-estimés ;

- Tilia japonica

Vers juillet, cet arbre commun est celui qui produit le plus – jusqu’à quarante fleurs par bractée –, soudainement en quinze jours. Il retourne ses bractées, devient blanc crème. Sa stratégie d’attraction des pollinisateurs est très efficace.

3.Des floraisons tardives, à l’automne

Ceanothus hybrides (céanothes), dont Ceanothus delilianus‘Henri Desfossé’

La sélection variétale a donné en France des sujets à fleurs tardives, automnales, qui restent extrêmement mellifères.

Koelreuteria bipinata

Un cousin très rare encore, à la floraison magnifique, tardif en octobre et qui se montre utile juste avant l’hiver !

4.Juste avant l’hiver

Hedera helix (lierre)

L’un des rescapés des grandes glaciations, disponible en de multiples formes et couleurs. Il fleurit à partir des jours courts d’octobre, en un temps très restreint, parmi les dernières plantes avant l’hiver. Très riche notamment en protéines, son pollen est une manne inespérée pour constituer des réserves de gras avant le froid. C’est « LE » champion de la préparation à l’hiver ! Pour les oiseaux également.

- HederaArborescens’

Création horticole, il est issu d’une bou­ture de lierre qui a fleuri. Il arrive à floraison dès qu’il atteint le haut de son support et ne grimpe plus. Il est intéressant de le planter à côté de ruches, en bande tous les mètres. La sélection de collections réserverait de belles surprises de variabilité en formes et floraisons.

Arbutus unedo (arbousier)

Il est présent dans tout l’ouest de la France et fleurit tard, d’octobre jusqu’à Noël.

- Arbutus x andrachnoides

Hybride naturel, il fleurit sur calcaire, en conditions chaudes et sèches.

5.Pendant tout l’hiver

Viburnum tinus (laurier-tin ou viorne tin)

Lui aussi a survécu aux glaciations. Il revient un peu à la mode, discrètement. C’est une plante « réservoir hivernal » idéale­ car elle fleurit de septembre-oc­tobre jusqu’à mars, soit plus de cinq mois.

Mahonia bealei et aquifolium (à feuilles de houx)

Ils fleurissent avant Noël jusqu’à mars, au moment où il n’y a quasiment pas d’autres­ apports de pollen. Ils sont esthétiques et mellifères.

Odile Maillard

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