Fleurs d’Ici Lorsque l’atout circuit court prend tout son sens

Camille, fleuriste du réseau Fleurs d’Ici sur Rennes, réalise les bouquets à son domicile. © Le bazar à pétales
Camille, fleuriste du réseau Fleurs d’Ici sur Rennes, réalise les bouquets à son domicile. © Le bazar à pétales

Dans la situation de crise actuelle, le modèle développé par Fleurs d’Ici, qui met en relation producteurs locaux et fleuristes indépendants via une plateforme digitale, démontre tout son intérêt.

La période du printemps constitue un moment crucial pour les horticulteurs et notamment les producteurs de fleurs coupées. Les mesures de confinement et la fermeture des commerces non essentiels portent un coup dur à ce secteur. Dans ce contexte, la démarche slow flower, engagée depuis trois ans par l’entreprise Fleurs d’Ici, favorise le maintien d’activité des petits producteurs et des commerces urbains de proximité (voir LH 1084 d’avril 2019). Cette entreprise, créée par Hortense Harang et Chloé Rossignol, met en relation des horticulteurs et des fleuristes indépendants via une plateforme Internet, une sorte de place de marché digitale. Elle permet aux professionnels d’informer chaque semaine sur leurs stocks disponibles et aux fleuristes de s’approvisionner au plus près de chez eux et en direct, afin de réaliser des bouquets avec des fleurs locales et de saison.

Avec la crise, l’activité de l’entreprise a fortement baissé, mais elle s’est organisée pour soutenir au mieux cette filière en circuit court. Le premier levier d’action s’appuie sur le maintien d’une activité de livraison à destination des particuliers, qui représentent environ 20 % du chiffre d’affaires de Fleurs d’Ici. Les producteurs du réseau qui le souhaitent continuent à approvisionner par le biais de livraisons « sans contact » les fleuristes qui peuvent encore travailler en respectant les règles d’hygiènes renforcées en vigueur. Là où le fleuriste réalise ses compositions et les fait porter par l’intermédiaire du réseau de livreurs partenaires de Fleurs d’Ici ou par chronopost. « Nous avons lancé une campagne de communication pour inciter les gens à offrir des fleurs à leurs familles éloignées ou isolées. Un geste qui réconforte mais qui soutient aussi, modestement, la filière horticole » précise Hortense Harang.

Contactés par plusieurs producteurs

Autre geste de solidarité, les clients « entreprises » ont été invités à ne pas suspendre leurs abonnements destinés à fleurir leurs locaux professionnels chaque semaine, quinzaine ou mois. Une vingtaine de clients, soit environ 10% d’entre eux, ont accepté. Les bouquets sont livrés aux établissements d’hébergements pour personnes âgées dépendantes de leur territoire. Des producteurs ont aussi pris l’initiative d’offrir leurs fleurs à des EHPAD ou des hôpitaux proches de chez eux, un horticulteur breton a fleuri le cimetière de sa commune.

Enfin, Fleurs d’Ici a décidé de reverser l’ensemble des bénéfices récoltés durant cette période de confinement sur un fonds de dotation à destination de la filière horticole.

Aujourd’hui que les grossistes et la grande distribution sont à l’arrêt, le circuit court montre plus que jamais son intérêt. « Nous avons été contactés par plusieurs producteurs dont les circuits habituels de distribution sont fermés. Nous leur avons ouvert notre plateforme digitale, sans condition d’entrée. Nous formons le vœu que cette crise amène les professionnels de la fleur à réviser leurs choix d’approvisionnement et à initier des liens pérennes et suivis avec les producteurs français ». Une évolution qui demande un vrai changement de paradigme mais qui constitue sans conteste une solution pour maintenir la production locale française.

Fleurs d’Ici comptait début 2020 près de 500 producteurs et 150 fleuristes au sein de son réseau, contre 200 producteurs et 60 fleuristes au printemps 2019. L’objectif est de toucher encore plus d’horticulteurs. Il n’est pas forcément de développer outre mesure le réseau de fleuristes indépendants, l’idée étant de leur permettre un complément de revenus régulier, complémentaire de la vente en boutique, en privilégiant là aussi la ressource locale.

Yaël Haddad
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