Start-up Neoplants Des plantes vertes pour réduire la pollution

Des start-up et des équipes de recherche universitaires tentent de mettre au point des plantes capables de dégrader les polluants de l’intérieur des maisons. La start-up française Neoplants a dévoilé, fin octobre, Neo P1, un pothos génétiquement modifié pour purifier l’air le plus efficacement possible… ©A. Guilloteau
Des start-up et des équipes de recherche universitaires tentent de mettre au point des plantes capables de dégrader les polluants de l’intérieur des maisons. La start-up française Neoplants a dévoilé, fin octobre, Neo P1, un pothos génétiquement modifié pour purifier l’air le plus efficacement possible… ©A. Guilloteau

Grâce aux progrès en biotechnologies, des start-up ont mis au point des végétaux génétiquement modifiés capables de purifier l’air des maisons. Les premières plantes utilisées sont des pothos (Epipremnum aureum).

Les plantes d’intérieur « classiques » ont peu d’effet sur la qualité de l’air à l’intérieur des maisons (voir ces articles : «Les plantes d’intérieur n’assainissent pas nos logements» et «Désolé, mais les plantes d’intérieur ne purifient pas l’air»). Or celui-ci est souvent pollué. Et certains polluants sont difficiles à évacuer, même avec des purificateurs d’air ou en ouvrant les fenêtres. Ces polluants sont des COV, des composés organiques volatils, comme le formaldéhyde ou le benzène. Ils proviennent de la pollution de l’air extérieur, mais aussi des matériaux utilisés dans la construction (peinture, revêtements…), des produits ménagers, de la cuisine…

Depuis quelques années, des start-up et des équipes de recherche universitaires tentent de mettre au point des plantes capables de dégrader ces polluants, parfois cancérigènes.

C’est par exemple le cas de la start-up française Neoplants, qui a dévoilé, fin octobre, Neo P1, un pothos (Epipremnum aureum) génétiquement modifié pour purifier l’air le plus efficacement possible. Cette annonce intervient après quatre années de recherche. L’entreprise lancera les précommandes au cours du premier trimestre 2023. Il est possible de s’inscrire sur une liste d’attente sur leur site Internet.

Des pothos « augmentés »

Les plantes métabolisent le CO2, qu’elles transforment en sucre et en eau grâce à la photosynthèse. L’ADN de Neo P1 a été modifié afin de dégrader d’autres gaz.

La modification génétique permet à la plante de produire de nouvelles enzymes capables de métaboliser certains polluants atmosphériques. Par exemple, elle transforme le formaldéhyde en fructose et les composés BTEX (benzène, toluène, éthylbenzène et xylènes) en un acide aminé que la plante peut utiliser pour produire ultérieurement des protéines.

Neoplants n’est pas la première à mettre au point une plante capable de dégrader certains COV. Une équipe de l’université de Washington, aux États-Unis, avait annoncé, fin 2018, dans Environmental Science & Technology (publication scientifique ici), avoir déterminé un gène capable de dégrader le benzène et le chloroforme, deux composés organiques volatils, pouvant être transférés chez des plantes.
Ce gène – le cytochrome P450 2E – est présent chez tous les mammifères. Il dégrade des composés toxiques dans le foie. Les chercheurs ont transféré le gène dans le génome d’une plante d’intérieur commune, le pothos, comme chez Neoplants.
Au cours de leurs expérimentations, après huit jours, la concentration en benzène avait diminué de 90 % dans les tubes à essais contenant la plante génétiquement modifiée et de 10 % chez un pothos classique, non modifié.
La concentration en chloroforme était pour sa part quasi indétectable après six jours dans le cas de la plante modifiée.

Les scientifiques poursuivent leurs études pour améliorer les capacités dépolluantes des plantes, en combinant ce premier gène avec d’autres.

Des premières plantes déjà en vente au Canada

Neoplants s’est-elle basée sur ces recherches, publiques puisque publiées dans une revue scientifique accessible à tous, pour développer sa plante ? L’entreprise ne précise pas son procédé, mais on ne peut que constater qu’elle utilise exactement la même plante que l’équipe de l’université de Washington.
Et elle n’est pas la seule. La start-up canadienne Origen Air propose à la vente des plantes génétiquement modifiées pour purifier l’air intérieur, qui sont également des pothos.

Les plantes de Neoplants devraient être commercialisées fin 2023. L’entreprise vendra le package Neo P1 avec la plante elle-même, un pot de fleurs équipé d’un réservoir d’eau et son microbiome purificateur pour 179 dollars américains. « Nous sommes actuellement en train de passer l’approbation réglementaire de l’USDA (département de l’agriculture des États-Unis) », explique l’entreprise sur son site Internet.

Neoplants vise à développer d’autres types de plantes à l’avenir, mais se penche aussi sur d’autres propriétés. À partir de l’année prochaine, l’entreprise souhaite, par exemple, travailler sur la capture et le stockage du carbone.

Léna Hespel
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