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Campagne 2011 : le printemps des remises en cause

Les ventes ont été meilleures en zone rurale qu'en zone urbaine, et ce sont surtout les petits prix qui ont été demandés.

La fête des Mères en demi-teinte n'a pas redynamisé les ventes d'un printemps en panne depuis le début mai. Malgré la bonne avance de mars et d'avril, le bilan de la campagne 2011 s'annonce décevant.

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L'indicateur des tendances Lien horticole/Médioflor pour la campagne des plantes fleuries de printemps et des plantes en pots de la fête des Mères relève un ensemble de causes qui se sont conjuguées pour faire de ce printemps 2011 une saison moyenne. Après un début d'hiver rigoureux fin 2010 et des fêtes de fin d'année sous la neige, le mois de janvier était doux, le mois de février prometteur et le mois de mars très encourageant. Un printemps précoce sur tout le territoire avait permis aux ventes de bien démarrer et tous les acteurs du marché reprenaient confiance. Les ventes ont commencé à ralentir à compter de la semaine 16, alors que le soleil brillait toujours. Au 1er mai, qui n'a pas tenu ses promesses habituelles de ventes de fleurs et plantes en accompagnement du traditionnel muguet, les ventes ont décroché pour passer en dessous du niveau de celles de l'an passé. Le commerce de végétaux pour la fête des Mères n'a pas relancé ce marché atone.

Les trois principales causes du décrochage

La première cause est économique. Quel que soit leur revenu, les ménages se fixent un budget pour l'aménagement de la maison et du jardin et ce budget n'est pas extensible. S'il fait beau temps en avant-saison, les dépenses se font dès que le soleil s'installe, cette année en février, mars et jusqu'à la troisième semaine d'avril pour les fêtes pascales. Cette limite économique avait été masquée ces deux dernières années par un retournement météorologique défavorable aux mois de mai et juin.

La deuxième cause est climatique. Les premières annonces de restriction d'arrosage sont tombées selon les régions dès le début du mois de mai, ce qui a calmé l'ardeur des initiés au jardinage qui avaient attendu début mai pour effectuer leurs dépenses et celle des quelques non-initiés qui n'avaient pas encore dépensé. Les ventes de plantes de terrasse en ont été affectées et les ventes de plantes à massif sont au point mort depuis le 15 mai.

La troisième cause est le chevauchement de plusieurs récoltes de fleurs coupées et de plantes en pot qui sont arrivées à maturité plus tôt que prévu. Pour certaines espèces de fleurs coupées, les arrivages sur les marchés hollandais étaient en augmentation de 70 à 80 %. Les plantes en pot pour la fête des Mères se vendent bien quand les fleurs coupées sont chères. Or, cette année, les bouquets étaient disponibles en grande quantité pour un prix très attractif. Les pivoines, par exemple, en provenance de Hollande ou du midi de la France, ont été mises en marché en grande quantité, perturbant même le commerce des roses qui traditionnellement sont bien demandées en cette période. Des quantités très importantes de fleurs et plantes ont été mises en marché au moment où la demande hésitait et, de ce fait, les prix moyens ont baissé, sans relancer pour autant la demande.

Contrastes selon les circuits de distribution

Les fleuristes franchisés ou indépendants parlent d'une fête des Mères « normale à bonne » en ce qui concerne le commerce des fleurs coupées, surtout le samedi et le dimanche. En revanche, les ventes de plantes en pot sont plutôt en retrait. Les horticulteurs détaillants sont relativement satisfaits des ventes de plantes, en particulier celles destinées aux terrasses et balcons, tout en indiquant une baisse globale des paniers moyens.

Dans l'ensemble, les points de vente jardineries spécialisées parlent d'une fête des Mères en demi-teinte. La fréquentation était en baisse comparativement à ce que l'on attendait pour cette fête traditionnellement favorable au végétal. Les paniers moyens sont en baisse, ce qui confirme le poids de la crise économique sur le budget des ménages.

Les GSA (grande surface alimentaire) et GSB (grande surface de bricolage) qui avaient bien planifié leurs opérations se disent satisfaites des résultats en ce qui concerne la fête des Mères. Les intermédiaires grossistes et Cash and Carry ressentent une baisse de chiffre d'affaires qu'ils évaluent en moyenne entre 10 et 15 %. Baisse due en partie à la diminution des prix moyens et en partie à la diminution de la demande sur les plus gros sujets.

Les ventes sont meilleures en zone rurale que dans les zones urbaines et la partie nord de la France a été particulièrement affectée par ce mois de mai difficile. Globalement, ce sont surtout les petits prix qui ont été demandés, contrairement à l'an passé où le haut de gamme et les produits d'exception avaient aussi assuré une partie des ventes.

Les plantes traditionnelles sont à la peine

En dehors des très belles plantes qui ont trouvé preneur en petites quantités, la demande a boudé les bégonias Elatior et les géraniums en grosses potées quel que soit le prix. L'offre de bégonias n'était pourtant pas excessive. Les impatiens NG se sont mieux comportées. L'offre a considérablement diminué et la demande étant stable, la production restante s'est écoulée normalement. Les kalanchoés ont retenu l'attention des consommateurs quand ils étaient présentés en assemblage de plantes de plusieurs couleurs à prix attractif.

Les plantes de terrasse et balcon s'imposent

Les plantes classiques comme les rosiers en pot ont souffert de la chaleur. Ceux qui ont pu être mis en marché au bon stade de floraison ont trouvé preneur sans difficulté pour le prix demandé. Les hortensias ont également fleuri plus tôt en saison et la floraison de ceux destinés à la fête de Mères était bien avancée. Par le passé cette plante bénéficiait des communions du mois de mai, un évènement religieux qui demandait beaucoup de plantes de couleur claire. Cette année la demande était quasi nulle pour cet usage. Dans une moindre mesure les campanules, les zantédeschias en pot et les alstromérias en pot ont conforté la place qu'ils ont prise progressivement ces dernières années.

Les plantes méditerranéennes ont fait meilleure figure dans l'ensemble. Les dipladénias s'imposent comme la plante de cette fête des Mères. Les ventes ont démarré très tôt en saison, vers le début avril. La demande a failli provoquer des ruptures d'approvisionnement en provenance d'Espagne. Résistante au temps chaud et sec, cette plante, dont le prix de vente a considérablement diminué, prend la part de marché des géraniums. Pour l'hibiscus, la mention est honorable, mais le seuil du panier moyen qui est en baisse cette année est vite atteint. Il en est de même pour les bougainvilliers et les lantanas.

Les plantes exotiques ont réalisé une prestation très moyenne, alors que cette catégorie de plantes était en progression depuis plusieurs années. Malgré une qualité qui s'est améliorée, la demande n'a pas été aussi forte que les saisons précédentes, en particulier pour les anthuriums. En ce qui concerne les phalaénopsis, le seuil du panier moyen acceptable était très vite atteint.

L'urgence d'une remise en cause

Tant que le budget des ménages sera soumis à de fortes tensions du fait de la diminution du pouvoir d'achat disponible, la part du budget consacré aux fleurs et plantes stagnera. Du côté de l'offre, la concurrence sur ce marché non extensible va rester très forte et nos voisins du Nord et du Sud sont bien déterminés à étudier notre marché dans ses moindres détails pour pouvoir en tirer le meilleur parti possible. Parmi les assortiments de plantes et fleurs proposés, ce sont les meilleurs rapports volume/résistance/prix qui seront privilégiés. La baisse structurelle de la demande pour les gammes traditionnelles impose une remise en question urgente. Les producteurs et organisations de ventes doivent aller dès maintenant au-devant de la demande, avant de programmer les mises en culture de la prochaine saison. Demander ce qui va se faire et faire ce qui va se demander, même si ce questionnement bouleverse les habitudes et savoir faire établis. L'enjeu est de sauvegarder une production nationale. Par ailleurs, la mutualisation des moyens et une communication forte de la production française ne seront pas de trop pour résister face aux ambitions des autres opérateurs européens.

Brand Wagenaar

Les ventes ont été meilleures en zone rurale qu'en zone urbaine, et ce sont surtout les petits prix qui ont été demandés.

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