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Retour en force du jardin urbain

La ville se densifie en mixant immeubles bas et petites maisons où s'imbriquent espaces communs et privés dédiés aux végétaux plantés ou en pot.

De vivrier rural, le jardin est devenu « d'ornement » en s'installant dans les banlieues des grandes villes. Aujourd'hui, il conquiert les centres urbains, où il investit les petits espaces et les terrasses de « jardiniers » écoresponsables, conjuguant décoration et autoproduction.

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En France et en Angleterre depuis plus de deux siècles, en Belgique et en Allemagne où la tradition des kleingärten (jardins communautaires) remonte au XIXe siècle, et dans de nombreux autres pays d'Europe, les jardins urbains sont d'abord nés du besoin de nourrir la famille. Puis, sous l'effet de l'amélioration des conditions de vie, ils ont évolué vers une fonction plus décorative. En cette période de crise, le jardin « vivrier » refait une percée chez les jardiniers amateurs ou confirmés. De manière générale, les Européens n'ont jamais manifesté un tel besoin de nature, un tel goût pour les jardins, qu'ils soient privés, publics, sauvages, partagés...

Économique, écologique et social

Le nombre de jardins va croissant et leur rôle devient déterminant dans la vie quotidienne de leurs propriétaires, qui y voient un moyen de réduire leurs dépenses alimentaires. Si la vocation vivrière s'accentue, le jardin est aussi vécu comme un lieu de détente, d'agrément, de convivialité et d'engagement pour le respect de la nature. L'offre de végétaux a intégré une partie de ces aspirations écologiques, avec la commercialisation de plants et fournitures bio. De nouvelles inquiétudes relatives au coût du transport s'expriment. Ce qui n'est pas produit localement va devenir de plus en plus cher. Toutes les catégories sociales en ont déjà l'intuition. L'ancrage social, enfin, reste un moteur pour de nombreux citadins, encore rattachés par leur passé à des souvenirs de jardinage. Ils sont d'autant plus tentés d'y revenir que la production locale de fruits et légumes est encouragée. Le coût du foncier étant dissuasif et la politique de densification des villes réduisant la taille des jardins et multipliant les espaces à vivre en balcons ou terrasses, le nombre des jardins partagés et collectifs augmente, renforçant la fonction de lien social de ces espaces de vie.

De multiples formes

Le besoin de nature, l'écoresponsabilité citoyenne, l'envie de vert qui animent les habitants et mobilisent les élus, soucieux de répondre à leurs attentes, favorisent le rééquilibrage de l'espace urbain bâti au profit de l'espace dédié à la nature, au végétal. Ce rééquilibrage passe par la mise en place de multiples formes de jardins urbains. Un nombre croissant de particuliers propriétaires d'espaces végétalisables (petit jardin, terrasse, balcon, mur, toit) manifestent un regain d'intérêt pour la valorisation et l'optimisation de ces lieux. Le nombre de magazines et d'émissions de télévision allant dans ce sens favorise cet engouement.

Les jardins familiaux traditionnels situés à proximité des habitations, divisés en lopins occupés en partie par un petit abri de jardin, touchent un public élargi d'actifs, de retraités, de chômeurs, qui ont aussi l'envie de cultiver sans avoir forcément les moyens d'être propriétaires.

Les jardins pédagogiques, à mi-chemin entre les structures familiales, communautaires et scolaires, développent la sensibilité des enfants aux forces et aux fragilités de la nature. Les jardins communautaires sont nés aux États-Unis et au Canada de l'appropriation par un groupe d'habitants d'une friche industrielle ou d'un espace communal pour le cultiver et l'embellir. Ils ont rapidement fait des émules en Europe, où cette opportunité de contestation pacifique a trouvé un large écho, particulièrement chez les jeunes.

Les jardins thérapeutiques visent, eux, à favoriser la réinsertion sociale ; ils participent aux stratégies de bon nombre d'établissements hospitaliers.

N'oublions pas les parcs et jardins publics, qui sont le poumon vert des villes et permettent aux habitants n'ayant pas d'autres possibilités d'avoir un accès rapide à un environnement naturel. Les élus prennent soin de les mettre en avant dans leur communication, sans pour autant leur allouer le budget qu'ils méritent, alors même que ces espaces servent souvent d'écrin aux richesses patrimoniales des cités. Ces dernières années, de nouvelles techniques culturales comme les prairies fleuries développées par les semenciers permettent de végétaliser en favorisant la biodiversité.

Un engagement de tous, particuliers et professionnels

L'une des particularités du jardin urbain est d'exiger un engagement de celui qui prend la responsabilité de sa création et de son entretien, mais aussi de tous les acteurs qui proposent des produits, fournitures et solutions. Les distributeurs généralistes et spécialisés ont donc progressivement introduit cette notion dans leurs discours institutionnel et marketing. Les fabricants s'engagent, quant à eux, pour une production respectueuse de l'environnement. Ce basculement, à contre-courant de l'individualisme ambiant, est sans doute l'aspect le plus intéressant de ce phénomène des « jardins urbains ».

Brand Wagenaar

Utile et agréable.Les nouveaux jardins mélangent les genres pour créer des espaces à la fois utiles et propices à la détente.

Écoresponsable.Prairies fleuries, abris à oiseaux et à insectes, plants, fertilisation et traitements bio... Le jardin adopte une démarche écoresponsable.

Accessible à tous.Tablette de culture accessible aux personnes en fauteuil roulant pour un jardin « militant », soucieux d'intégration.

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