Une éclaircie pour la Toussaint
La météo, trop sèche depuis septembre pour les ventes de plantes à massif d'automne, a joué favorablement pour les producteurs et les détaillants de chrysanthèmes. Des conditions satisfaisantes, tant pour la culture que pour la commercialisation.
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Si l'on se réfère aux chiffres de 2010 publiés par TNS Sofres, les Français ont acheté 23,1 millions de pots de chrysanthèmes pour un montant total de 179 millions d'euros. Au total, 95,6 % des quantités achetées sont destinés au cimetière pour 96,6 % des dépenses. Un quart de la production provient des départements du Nord et du Maine-et-Loire. C'est donc sur cette base que l'on peut apprécier l'évolution des ventes de cette Toussaint 2011.
Peu ou pas de surproduction cette année
En ce qui concerne les quantités produites en France, le nombre de plantes cultivées cette année était en très légère diminution selon les catégories de produits comparativement à l'an passé. Les quantités de plantes importées étaient relativement stables. Il n'y avait que peu ou pas de surproduction cette année. L'état sanitaire des cultures était bon, aidé en cela par un climat très favorable tout au long de la culture des plantes. Les coûts de culture ont été maîtrisés, comparativement à la saison précédente, nettement moins facile. D'après l'un des acteurs : « C'est la meilleure Toussaint de ces trois dernières années. »
Les ventes précoces sont encore timides, la demande était minime au cours des semaines 40, 41, 42, ce qui montre bien la difficulté à modifier l'image de plante de cimetière attachée à cette famille végétale riche de possibilités décoratives pour les jardins, terrasses et balcons. Puis tout s'est accéléré en semaine 43. Le jour de la Toussaint, mardi 1er novembre, était précédé d'un week-end entier, ce qui a favorisé un écoulement progressif, réduisant un peu les contraintes logistiques liées à ce type de vente focalisé sur une seule journée.
Évolution selon les différents groupes de produit
Les principaux types de plantes commercialisées sont, par ordre d'importance, les multifleurs cultivés, en pots de 15 à 20 cm, les chrysanthèmes et assemblages de plantes cultivés en coupe ou jardinière, les chrysanthèmes éboutonnés présentant trois, cinq – ou plus – grosses fleurs par pot. Viennent ensuite les chrysanthèmes de plus petit calibre cultivés en cycle court sous photopériodisme. Par ailleurs, cette période de vente est traditionnellement favorable à d'autres familles de plantes comme les bruyères et les cyclamens. Les évolutions sont divergentes pour chacun de ces groupes.
Les multifleurs bien dans leur marché. Une part importante de ce type de produit se cultive en pots de 15 à 20 cm. La qualité des plantes était bonne à très bonne, la maturité de floraison, à quelques exceptions près était optimale, les quantités mises en culture et les quantités importées étaient ajustées à la demande. Il ne restait que très peu de plantes dans les aires de culture après la Toussaint et encore moins sur les points de vente.
L'assortiment a progressivement évolué avec de nouvelles introductions comme les variétés de type 'Yahoo' ou 'Avallon'. Les coloris jaunes et orangés restent dominants, mais les parmes, les violets et les roses ont aussi les faveurs des acheteurs. La couleur blanche est recherchée, elle augmente progressivement depuis plusieurs saisons dans les assortiments et dans la demande.
Les coupes ou jardinières et assemblages de plantes, vite trop chers. Pour cette famille de produits, principalement les coupes de 27 à 30 cm et les jardinières de 40 cm, la tendance était aux mélanges de couleurs et/ou au mélange de chrysanthèmes et plantes à massif d'automne, voire de petite pépinière. La quantité cultivée a considérablement progressé depuis plusieurs années, car la demande était là. Cette année, principalement pour des raisons de seuil de prix acceptable par les consommateurs, ce type de produit arrive en limite des quantités absorbables par les marchés, surtout pour les plus gros diamètres.
Les chrysanthèmes à grosses fleurs, presque rares. Ce type de produit très populaire avant les années 2000 à fortement régressé depuis et représente à peine 15 % de l'offre globale. Beaucoup de producteurs le font maintenant sur commande. Cette année, la demande était légèrement supérieure à l'offre, facilitant ainsi l'écoulement des plantes disponibles.
Des bruyères et cyclamens pour pas cher. En 2011, les plantes de complément pour la Toussaint comme les bruyères et les cyclamens n'étaient pas à la fête. La demande de bruyères était très moyenne et les prix ont été sous pression. En ce qui concerne les cyclamens et principalement les « mini », un vent de panique injustifié, parti des cadrans hollandais deux semaines avant la Toussaint, a perturbé toutes les transactions jusqu'au mardi 15 novembre, alors que l'offre n'était ni pléthorique ni de mauvaise qualité.
Une petite respiration dans un contexte particulièrement difficile
Cette bonne Toussaint a été la bonne surprise pour une filière qui commençait sérieusement à broyer du noir après un printemps décevant et un démarrage atone des plantations d'automne. Cette bouffée d'oxygène va permettre à certaines entreprises d'envisager plus sereinement les mises en culture à venir. Les problèmes structurels de la filière ne sont pas réglés pour autant. Les prix anormalement bas des cyclamens « mini » pour cette Toussaint en sont la parfaite illustration. La diminution du nombre de producteurs, la concentration de l'offre, l'instantanéité de la circulation des informations perturbent le jugement de l'ensemble des acteurs, introduisant une dose de spéculation dans un métier qui n'en avait pas vraiment besoin. Le niveau des prix aux cadrans hollandais sert maintenant d'indicateur pour de nombreux acteurs de volume, alors que ces prix ne sont plus en corrélation directe avec l'offre et la demande.
Cet aspect spéculatif, favorisé par des quantités importantes mises sur le marché à la même période est dangereux. Cette année, les conditions étaient favorables, et pourtant les prix n'ont pas pu être revalorisés.
Pour sortir le chrysanthème de son ghetto calendaire, il est indispensable d'en étaler l'offre et la demande tout au long de l'automne. Le travail qui a déjà été réalisé pour corriger une image de « fleur des morts » est nettement insuffisant, alors que cette plante pourrait satisfaire bien des attentes en termes de décoration automnale des espaces à vivre, aussi bien intérieurs qu'extérieurs. Les efforts doivent donc s'intensifier, car, en maintenant cette espèce sur ce créneau, on la condamne, à terme, à disparaître ou à devenir marginale.
Brand Wagenaar
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