Login

Diagnostic phytosanitaire : les échantillons se préparent avec minutie

En cas de doute, les laboratoires d'analyses peuvent aider à diagnostiquer la cause d'un dépérissement végétal. Encore faut-il leur envoyer des échantillons en bon état, accompagnés de renseignements précis, utiles à l'orientation de leurs recherches et à la détermination.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

L'efficacité de la lutte raisonnée contre les organismes nuisibles aux cultures ornementales est liée en grande partie à la précision du diagnostic phytosanitaire. Si l'on prend un exemple comparable en santé humaine, le médecin généraliste prescrit une thérapie à son patient une fois qu'il a posé le bon diagnostic, si nécessaire grâce à une analyse provenant d'un laboratoire médical. Le processus est le même en santé végétale, sauf que le rôle du docteur est tenu par un technicien phytosanitaire, un conseiller horticole ou un arboriste. Un laboratoire d'analyses phytosanitaires peut disposer lui-même d'une excellente compétence en diagnostic. Dans ce cas, il examine l'échantillon et sa fiche d'accompagnement pour orienter au mieux ses recherches.

1 COMPLEXITÉ DU DIAGNOSTIC.

Le diagnostic phytosanitaire est souvent difficile à réaliser sur les cultures ornementales à cause de la grande hétérogénéité des situations rencontrées sur le terrain : diversité végétale ; typologie des cultures (pieds-mères, jeunes plants, semences, bulbes, plantations...) ; conduite et milieux culturaux ; affections abiotiques ou parasitaires... Les parasites animaux revêtissent plusieurs formes au cours de leurs métamorphoses et les maladies s'expriment de différentes manières durant leurs cycles. Cette grande diversité d'apparences complique le diagnostic. Il est parfois nécessaire, par exemple, d'élever une larve d'insecte plusieurs jours en captivité pour déterminer l'imago dès son émergence. De plus, pour détecter un ravageur microscopique (comme un nématode), isoler un pathogène ou faire le lien entre un ensemble de facteurs, une solide expérience doublée de méthodes de détermination pointues sont impératifs.

Le diagnostic phytosanitaire est aussi compliqué lorsqu'il s'intéresse à l'action conjuguée de différents organismes nuisibles. Dans ce contexte, le travail d'investigation mené par le personnel du laboratoire doit s'attacher à déterminer la cause initiale du dépérissement, ce qui est parfois difficile au vu d'un échantillon. Lors d'un diagnostic phytosanitaire, il est également important de connaître les liens de causalité entre les affections d'origine abiotique et le développement parasitaire.

2 LA SOLLICITATION D'UN LABORATOIRE D'ANALYSES PHYTOSANITAIRES.

Certains laboratoires d'analyses phytosanitaires affichent une compétence en diagnostic. Dans ce cas, l'analyste est en mesure, au vu d'un échantillon accompagné d'une fiche de renseignements, parfois d'une photo de situation, d'émettre une ou plusieurs hypothèses qu'il pourra vérifier par une méthodologie appropriée. Si l'analyse n'entre pas dans son champ de compétences, il pourra transmettre l'échantillon à un laboratoire spécialisé. Dans tous les cas, la pertinence du diagnostic dépend de la qualité de l'échantillonnage effectué sur le terrain.

3 L'ENVOI D'ÉCHANTILLONS EXPLOITABLES.

Pour mener à bien leurs investigations, les laboratoires doivent recevoir des échantillons en bon état de conservation, en nombre suffisant, accompagnés de renseignements détaillés. La fiche d'accompagnement d'échantillon ou de renseignements est remplie par le demandeur de l'analyse. Elle apporte de nombreuses précisions au technicien de laboratoire, qui, en sa possession, oriente mieux ses recherches (voir le modèle ci-contre). Plus les échantillons sont frais à leur arrivée au laboratoire, plus le diagnostic et les analyses sont fiables. Il faut donc réaliser le prélèvement en prenant certaines précautions d'usage, de sorte que l'échantillon soit représentatif de la plante ou de la culture atteinte.

Quelques conseils pour bien échantillonner :

- ne jamais laisser d'échantillon sous le soleil ou près d'une source de chaleur ;

- dans le cas d'un échantillon conservé plusieurs heures avant son expédition, le maintenir dans le bac à légumes du réfrigérateur ou dans une chambre froide ;

- enfermer l'échantillon dans un colis postal ou dans une boîte ;

- ne pas mettre d'insecte dans une enveloppe ; il risquerait d'arriver écrasé ;

- poster le paquet par la voie rapide (pas plus de deux jours de voyage) ;

- préférer les envois le jour du prélèvement, en début de semaine ; éviter surtout l'approche des longs week-ends et les veilles de jours fériés.

4 LES ÉCHANTILLONS DE PLANTES ET DE SEMENCES.

Il est possible d'adresser au laboratoire des végétaux entiers, notamment des jeunes plants. S'il s'agit de feuilles, de tiges ou de racines, prélever des portions au front de progression des symptômes. Ainsi, les échantillons risquent moins le développement de parasites secondaires. L'idéal est de prélever au moins trois plantes exprimant des degrés d'attaque différents.

L'envoi de végétaux :

- les plantes entières sont déposées dans un colis en carton ; conserver une mini-motte de terre à leur pied ou envelopper hermétiquement le pot, en isolant le substrat avec du ruban adhésif, cela évite les flétrissements du feuillage lors du transport ;

- s'il s'agit de feuilles, de tiges ou de racines, les séparer entre du papier journal ou du papier absorbant ; éviter de les entasser ;

- ne jamais les humidifier ou les mettre directement dans un sac en plastique (risque de décomposition ou de fermentation).

L'envoi de semences :

- prélever les semences à l'aide d'une cuillère ou d'une sonde ; l'échantillonnage varie en fonction du poids spécifique et du type de grain (se renseigner auprès du laboratoire d'analyses) ;

- conditionner l'échantillon représentatif du lot dans un sac en papier kraft.

5 LES ÉCHANTILLONS D'INSECTES.

Recueillir à la fois l'insecte nuisible et l'organe de la plante attaqué. Cela facilite la détermination. Un envoi de plusieurs spécimens est préférable.

Le prélèvement et l'envoi d'insectes adultes :

- utiliser un pinceau imbibé d'alcool ou d'acétate d'éthyle pour saisir les ravageurs de petites tailles, tels que les pucerons ou les aleurodes (larves et adultes) ;

- les mettre ensuite dans une boîte ou dans un tube hermétique contenant de l'alcool éthylique réduit à 70 % ;

- placer les gros insectes à sec dans de la gaze ou du coton s'ils sont morts ;

- s'ils sont vivants, les déposer dans une boîte suffisamment aérée et proportionnelle à leur taille ;

- manipuler les spécimens avec précaution de manière à ne pas endommager leurs parties distinctives (antennes, ailes, pattes ou appareil reproducteur) ;

- séparer les insectes d'espèces différentes pour éviter qu'ils se mangent.

La préparation et l'envoi des pontes et larves d'insectes :

- ne pas essayer de les extraire de leur milieu (terre, organe végétal), au risque de les abîmer ;

- expédier les larves terricoles vivantes dans leur substrat (ver gris de noctuelle, ver fil de fer de taupin, ver blanc de hanneton, asticot de tipule, de bibion ou de Sciaridae...) ;

- tuer les chenilles (larves de lépidoptères), les fausses-chenilles (larves d'hyménoptères), les asticots (larves de diptères) et les autres larves d'insectes, en les plongeant dans de l'eau bouillante ; elles meurent ainsi en extension et ne noircissent pas ; après refroidissement à la température de la pièce, les plonger dans l'alcool à 70 ° à l'intérieur d'un flacon ou d'un tube à hémolyse fermé hermétiquement ;

- disposer les oeufs d'insectes dans un petit tube à essai.

6 LES ÉCHANTILLONS DE NÉMATODES.

Selon les espèces recherchées, les analyses phytosanitaires ciblent les feuilles, les tiges, les racines et/ou la terre.

Le prélèvement d'un échantillon pour effectuer une analyse nématologique :

- repérer le foyer d'attaque, avec dans cette zone délimitée, des plantes à croissance réduite, déformées ou rabougries ;

- prélever toujours un échantillon dans le foyer suspecté et un autre dans une partie saine de la culture ; le laboratoire comparera les deux résultats d'analyses et se fera une opinion plus juste du niveau de population de nématodes phytoparasites ;

- extraire la terre au niveau du chevelu racinaire ; c'est là que vivent les nématodes ; pour cela, utiliser une gouge ou un transplantoir ;

- envoyer de la terre à raison de 300 grammes maximum par échantillon dans un sac solide d'un côté et de l'autre les racines ;

- sur tiges ou bulbes, si Ditylenchus dipsaci est soupçonné (par exemple sur Hydrangea ou Crocus), expédier de préférence les plantes entières ;

- sur racines, si des nématodes à galles du genre Meloidogyne ou des nématodes des lésions racines du type Pratylenchus sont recherchés, dépoter la plante et prélever des portions de racines autour de la motte ; échantillonner plusieurs plantes symptomatiques.

Jérôme Jullien (2)

(1) Direction générale de l'alimentation – Sous-direction de la qualité et de la protection des végétaux. (2) Expert référent national en surveillance biologique du territoire à la DGAl-SDQPV.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement