« Courson reste de loin la meilleure exposition de l'Hexagone »
Les Journées des plantes de Courson ont fêté leurs 30 ans cette année. Quelques exposants, fidèles de la première heure, témoignent des évolutions de cette manifestation devenue aujourd'hui incontournable...
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Au départ simple échange de plantes entre passionnés, les Journées des plantes de Courson rassemblent aujourd'hui, deux fois par an, entre 25 000 et 30 000 visiteurs et plus de 200 exposants. Parmi ces derniers, certains sont présents depuis les premières éditions au début des années 80. Mais en trente ans, le marché des plantes, le public et l'esprit de ce rendez-vous ont évolué. Comment ces quelques « pionniers » perçoivent-ils ces changements ? Quel regard portentils sur Courson en 2012 ? « Magique », c'est le mot qu'ils emploient pour décrire la manifestation à ses débuts. L'occasion pour ces pépiniéristes ou responsables de parcs et jardins botaniques de rencontrer un public à la hauteur de leur passion. « On touchait beaucoup d'amateurs de plantes et des collectionneurs souvent férus de botanique à la recherche d'espèces bien précises, essentiellement des espèces types. Dans la plupart des livres de jardin, traduits de l'anglais, on décrivait des espèces et variétés qu'il était souvent difficile de trouver sur le marché français. Ce sont les premières expositions de plantes – Courson puis Saint-Jean-de-Beauregard – qui ont permis à ce public de dénicher les plantes qu'il convoitait », souligne l'un de ces professionnels qui se souvient de l'émotion des participants. « Certains étaient en extase devant une plante qu'ils recherchaient depuis dix ou quinze ans ! Peu importait l'aspect du végétal : même peu présentable, il faisait la joie de ces connaisseurs qui recherchaient avant tout un genre ou une espèce. Ils nous ont motivés pour élargir notre gamme de plantes méconnues. On a défriché les différentes variétés par rapport à un genre ou une utilisation. Chaque année, Courson nous a ainsi permis de faire connaître nos spécialités et nouveautés. »
Aujourd'hui, de l'avis de la plupart des pépiniéristes rencontrés, l'aspect émotionnel a disparu. Le public de la première heure est toujours présent, mais les nouveaux moyens de communication facilitent les recherches. Grâce aux réseaux de collectionneurs et à Internet, on peut trouver n'importe quel taxon en quelques clics. Les nouveaux visiteurs sont moins curieux de botanique et privilégient les nouveautés et les hybrides. Ce que regrettent certains, pour qui les stands s'attachent aujourd'hui d'abord à la présentation : « Le public s'enthousiasme pour une plante pour son aspect décoratif ou parce qu'elle est bien mise en valeur sur un stand. » Les exposants se sont adaptés à ces attentes qui sont aussi des exigences des organisateurs : rigueur de la présentation, étiquetage précis, mise en valeur des formes et des couleurs, feuillages d'automne, floraisons... sont de mise.
La diversité est toujours au rendez-vous, même si la rareté n'a plus la même signification. « Vu le nombre de producteurs aujourd'hui, on pourrait s'attendre à encore plus de choix variétal », font remarquer quelques professionnels, qui craignent que la palette de végétaux s'oriente de plus en plus vers des gammes de jardinerie, et que la présence des véritables amateurs se fasse plus rare.
Des échanges privilégiés entre professionnels également
Malgré ces remarques, tous s'accordent sur le fait que « Courson reste de loin la meilleure exposition de l'Hexagone ». Les places y sont chères, au sens propre comme au figuré. Être exposant est déjà un gage de sérieux et de garantie de qualité. Le nouveau public, beaucoup plus néophyte, doit réapprendre les règles de base du jardinage. Pour y répondre, les professionnels ont aménagé leurs stands pour aiguiller les clients sur un choix de plantes en rapport avec les contraintes de leur jardin : climat, sol, exposition... Les pépinières du Morvan ont, par exemple, divisé leur espace de vente entre les plantes de plein soleil et terrain sec, et celles d'ombre et mi-ombre. Ils offrent également quelques conseils de plantation et d'association. Le pépiniériste ne doit pas seulement vendre des végétaux, mais donner leur mode d'emploi pour éviter les déceptions. Ce rapport de confiance est mis en avant par la plupart des exposants qui, au fil des années, ont tissé des relations étroites et conviviales avec leurs clients. « La moitié des visiteurs me connaissent depuis vingt ans, souligne un producteur de plantes vivaces. Ils savent où se situe notre emplacement et viennent nous parler des plantes qu'ils ont achetées les années précédentes, indiquant comment elles se comportent dans leur jardin. »
Mais les Journées des plantes de Courson ne se résument pas au rapport vendeur-client. Elles sont également un lieu d'échanges privilégiés entre les professionnels. « Grâce à ces journées, nous avons pu entrer en relation avec de grands paysagistes, tisser des liens amicaux avec des producteurs connus et reconnus, obtenir des informations sur l'origine de certaines plantes, leur multiplication ou leur culture. On repère les gammes des collègues pour compléter les nôtres et inversement, ou pour orienter les clients en cas de demandes très pointues », décrit un exposant. À courson, les producteurs font donc rimer diversité avec solidarité...
Claude Thiery
Un public moins avertiLes exposants des Journées de Courson cherchent aujourd'hui à informer au mieux un public moins averti.
Quid de la diversité ?Certains professionnels craignent que la palette de végétaux s'oriente vers des gammes « jardinerie ».
Spécialités et nouveautésL'émotion des premières éditions a disparu, mais les professionnels présentent encore leurs spécialités à Courson.
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