Lederleitner : de la production à la jardinerie haut de gamme en Autriche
Pourtant précédé par quatre générations de producteurs, Markus Lederleitner a préféré abandonner la production il y a vingt ans, quand il a repris les rênes de l'entreprise familiale. Celle-ci est aujourd'hui une jardinerie haut de gamme et une société de paysage renommée. Au coeur d'une Autriche méconnue, découverte d'une entreprise atypique...
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Sans un GPS ou une bonne carte routière, il est bien difficile, pour qui s'y rend pour la première fois, de trouver la jardinerie Lederleitner. Une fois arrivé dans le village de Atzenbrugg, perdu en pleine campagne, le visiteur n'est pas au bout de ses peines ! Heureusement, une pancarte bienvenue indique le petit chemin à emprunter le long d'une rivière bordée de vieux peupliers imposants. À quelques mètres enfin, un parking sur la gauche invite au stationnement. De l'autre côté, un portail enfoui dans la végétation, avec sa pancarte indiquant des horaires. On y est !
À écouter les Autrichiens, la jardinerie Lederleitner est la jardinerie qu'il faut avoir vu dans leur pays. Il ont assurément raison ! Le portail franchi, le visiteur se trouve plongé dans une ambiance végétale exubérante. L'endroit tient plus du parc que de la jardinerie. Les scènes s'y succèdent, offrant chacune son atmosphère. Les fontaines sont partout, et le bruit de l'eau qui coule est omniprésent. Surprise pour un visiteur français : rien ici n'est tiré au cordeau, bien au contraire. Le cheminement est fait d'allées étroites et sinueuses, entrecoupées d'escaliers, car le terrain n'est pas plan. Les plantes sont mises en scène avec des arbres, des arbustes et des petites sujets en pot qui apportent la touche finale au décor. Jeunes plants horticoles et plantes adultes de pépinière se côtoient avec bonheur. Les gros sujets sont nombreux. Des serres, anciennes structures de production, accueillent, ici, une boutique et des plantes exotiques, là, une gamme d'accessoires et d'équipements de décoration.
Pas question de pousser un chariot !
Tous les espaces sont occupés par une profusion de végétaux. Le sol est souvent en béton, parfois en bitume. Dans la cour, face à une maison restaurée dans un esprit méditerranéen, une gamme de plantes condimentaires et de légumes est proposée sur des tablards en bois. Ici et là, des pots en terre cuite, brute ou vernissée, complète l'offre. Un peu plus loin, dans une serre, une belle boutique de fleurs avec de nombreux vases et contenants en terre. Des bouquets déjà préparés n'attendent que les clients.
En poursuivant son chemin dans ce labyrinthe, le visiteur croise l'allée qui conduit aux caisses (il n'y en a que deux !). Il vient de traverser une petite serre occupée de part et d'autre par des tablards en bois peint sdans une belle teinte taupe. Là, trônent des petites plantes en pot avec toute une offre de cache-pots pour de jolis cadeaux à offrir. Pas question, sur ce parcours, de pousser un chariot. D'ailleurs, il n'y en a pas ! Seuls quelques paniers sont mis à la disposition des clients.
Quitter la jardinerie à ce point du parcours serait passer à côté de l'autre point fort du lieu : l'aménagement et la décoration. Dans d'autres serres témoignant là encore de l'ancienne activité de production de l'entreprise, une large gamme de salons de jardin, de fauteuils, de méridiennes et autres objets de détente, en bois pour la plupart, est exposée. Coussins, voilages et parasols ne sont pas en reste. La marque Unopiu est fortement présente avec Caroon et Teak. Les barbecues (Weber...) en sont le complément indispensable.
« On vient de 50 km à la ronde »
En poussant son exploration, le visiteur découvre une offre de revêtements pour allées et terrasses. Certains sont présentés sur des panneaux, d'autres, sous forme de petits échantillons. Il s'agit de pierres naturelles proposées sous la marque Lederleitner Stone. Plus loin, c'est un système complet d'éclairage, en 12 et 24 V, qui est disponible sous la marque Carpe Noctem. Importé des États-Unis, le transformateur de base peut alimenter soixante luminaires sur 300 m de câble. Le système a été adapté pour le marché européen. « Nous avons transformé l'exploitation familiale en jardinerie », explique Markus Lederleitner, le dirigeant de l'entreprise. « Les serres de production sont devenues des lieux de vente et les zones de production extérieures des scènes pour donner des idées à nos clients. Notre ambition est de nous distinguer des autres jardineries en jouant la carte du haut de gamme. Nous avons aussi développé une activité de paysagisme qui nous permet d'offrir un service complet, de l'idée au jardin fini. Les clients viennent jusqu'à nous de 50 kilomètres à la ronde. »
L'ambiance particulière de la jardinerie est une des clés de son succès. Les clients doivent être à l'aise et détendus quand ils déambulent dans les allées, au milieu des plantes et des accessoires de décoration. « Cette approche relaxante fait partie intégrante de notre concept », précise Markus Lederleitner. « Notre activité ne se borne pas uniquement à faire de l'argent : nous offrons également un moment de vie. » Et en aucun cas, notre homme ne veut que son activité soit assimilée à la distribution moderne. La jardinerie fait 11 000 m² avec 5 000 m² consacrés aux plantes et 6 000 m² aux accessoires. Elle mobilise deux personnes à temps plein. L'activité de paysagisme, avec les équipes de création et de réalisation, est installée à 5 kilomètres. Elle emploie quarante- cinq personnes.
La mutation de l'entreprise, amorcée il y a vingt ans, trouve son origine dans le développement du jardin en Autriche. « Il prend de plus en plus d'importance dans notre pays alors que nous n'avions pas de tradition en la matière », constate Markus Lederleitner. « Après avoir investi dans leur maison, leur voiture ou leur montre, les Autrichiens s'intéressent au jardin. C'est une nouvelle expérience qui fait partie de leur style de vie. »
Profitant de cet engouement, le chef d'entreprise a poursuivi le développement de sa société en ouvrant cinq autres magasins en Autriche (Krems, Laxenburg, Salzburg, Graz et Vienne). « Nous avons choisi des lieux historiques comme l'ancienne Bourse de Vienne ou l'orangerie du château de Salzburg afin de créer des ambiances plus personnalisées avec des végétaux », explique- t-il. « À Vienne, nous réalisons 30 % de notre chiffre d'affaires, essentiellement avec les accessoires et les fournitures. Pour les plantes, nos clients viennent jusqu'à Atzenbrugg où nous assurons la livraison. » Un restaurant est adossé à chaque magasin. Celui de Vienne est très prisé de la clientèle d'affaires qui travaille aux alentours. Une nouvelle jardinerie devrait bientôt ouvrir à Munich. Sans oublier le site de vente à distance sur Internet.
Markus Lederleitner a poussé l'intégration très loin. Elle a commencé avec les pierres naturelles importées de Chine, d'Inde et d'Europe. Devenu grossiste, il commercialise ces produits dans ses magasins et auprès des paysagistes. Il exporte vers les pays voisins et s'intéresse à la France. L'entreprise est également devenue fournisseur d'éclairage de jardin avec Carpe Noctem, des matériels fabriqués aux États-Unis par Garden Lighting Company. L'offre est complétée par des luminaires conçus en Autriche. La société Lederleitner a aussi racheté Unopiu Autriche pour devenir l'agent officiel de la marque italienne. Elle édite un catalogue généraliste une fois par an ainsi que trois catalogues thématiques. Ils servent à mettre en avant le végétal, pas toujours facile à promouvoir. Aujourd'hui, le chiffre d'affaires s'équilibre à parts égales entre les plantes et le manufacturé. Le marché de Noël tient une place importante, tradition oblige. Mais Lederleitner a aussi développé des produits de décoration et des accessoires pour les mariages, un créneau en plein développement. Une manière de capter des néojardiniers et de leur faire découvrir les plaisirs du jardin.
Patrick Glémas
Entrée. Ressemblant davantage à un parc qu'à une jardinerie, « c'est l'endroit qu'il faut avoir vu dans le pays », estiment les Autrichiens.
Paniers. Pas question de pousser un chariot. Il n'y en a d'ailleurs pas. Seuls quelques paniers sont à la disposition des clients.
Tablards. Dans la cour, une large gamme de condimentaires et de légumes est proposée sur des tablards en bois.
Végétaux. Tous les espaces sont occupés par des plantes et des pots, à l'image de cette serre tout droit sortie d'un site... de production !
Profitant de l'engouement pour le premier magasin, Markus Lederleitner en a ouvert cinq autres, dont, ici, celui de Vienne.
Historique. Le magasin de Vienne est situé en plein centre historique, dans le bâtiment de l'ancienne Bourse.
Sous-sol. Le point de vente occupe une partie du sous-sol. Le reste est un lieu d'exposition et de manifestations culturelles.
Galerie. La lumière zénithale permet de découvrir une offre tournée vers les accessoires de décoration de la maison.
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