REGARD SUR : Viburnum suspensum : persistant, décoratif et urbain

Viburnum suspensum est un peu délicat, mais décoratif avec ses feuilles persistantes, ses fleurs hivernales parfumées pendantes et ses fruits colorés.

Originaire d'un climat maritime, Viburnum suspensum possède une feuille coriace. En lui fournissant un confort hydrique, il résiste bien aux agressions du vent et du soleil. Il s'agit d'un arbuste de taille moyenne un peu moins large que haut, pouvant atteindre 2,5 m. Les feuilles persistantes entières, de 5 à 10 cm de longueur, aux nervures bien marquées, elliptiques ou presque rondes, sont souples mais coriaces, d'un vert profond et brillant. Un peu cuivré jeunes, elles virent parfois au rouge vineux avec les gelées et se développent tard en automne lorsque les températures demeurent douces. Elles sont nombreuses et portées par des rameaux noirs épais et ramifiés. Le port s'avère donc compact, un peu dressé et il est possible de tailler les rameaux longs afin de conserver la densité du feuillage de la partie basse ou d'obtenir une forme très régulière. Les fleurs tubulaires blanc rosé sont groupées à l'extrémité des rameaux courts en petits panicules aplatis et pendants, elles sont parfumées très agréablement et s'épanouissent souvent de manière étalée, en fin d'hiver et au début du printemps. De petits fruits sphériques jaunes puis rouges leur succèdent. Ils sont décoratifs mais toxiques.

Confort hydrique nécessaire

Cet arbuste demande un sol moyennement humide durant son installation et il supporte mal les froids prolongés. Récemment planté, il exige un sol demeurant un peu frais au cours de l'été et doit si nécessaire être arrosé ; il se développe avec vigueur lorsque ce confort hydrique est assuré. Le soleil comme l'ombre partielle lui conviennent et il s'accommode de la plupart des sols, acides ou alcalins, pauvres ou fertiles. Sa croissance est toutefois nettement plus rapide dans une bonne terre franche. Les qualités d'ensemble de Viburnum suspensum en font un arbuste persistant décoratif des bords de massif ou un écran visuel dans les parcs comme dans les jardins, en climat tempéré. Les froids de l'ordre de - 10 °C sont mal supportés, surtout s'ils durent plusieurs jours. Cet arbuste supporte bien le climat urbain, la plantation en bac et sur des terrasses. Son feuillage coriace lui permet de résister à la réverbération solaire.

Christophe Chambolle (*) et Valéry Malécot (**)

(*) Ingénieur-conseil en horticulture et paysage. (**) Maître de conférences en botanique.

Un voyage confus depuis les îles Ryükyü

Viburnum suspensum Lindley est une espèce endémique des îles Ryükyü, un archipel correspondant à la préfecture japonaise d'Okinawa, compris entre Taïwan au sud et l'île de Kyushu au nord. En 1853, cette espèce a été décrite par John Lindley, sur la base d'un matériel reçu du pépiniériste belge Louis Benoit van Houtte. Dans ce travail, sa patrie d'origine est indiquée comme inconnue. Avant 1853, le nom Viburnum suspensum apparaît ici ou là dans la littérature horticole (par exemple, en 1852, dans Practical Hints on Planting Ornamental Trees de John Standish et Charles Noble, avec l'indication « a most beautiful plant from Japan », mais aussi dans les listes de trois exposants à l'exposition d'horticulture du Mans, fin août-début septembre 1851). Plus tard, en 1855, Justus Carl Hasskarl décrira cette même espèce à partir d'un matériel cultivé au jardin botanique de Bogor (à Java), et provenant du Japon. Cependant, il utilisera le nom Viburnum sandankwa, se servant pour cela d'un nom vernaculaire japonais. En 1875, Ludovic Savatier écrira que, selon des sources japonaises, il a été importé sur l'île de Honshu, vers le milieu du XVIIIe siècle. Quant à l'arrivée en Europe de cette espèce, il n'est pas très clair. Vraisemblablement, elle a été importé du Japon plutôt que de Java, mais le point de départ n'est pas connu avec certitude.

Des fleurs parfumées en fin d'hiver.

PHOTOS : CHRISTOPHE CHAMBOLLE

Des petits fruits colorés décoratifs.

Réussir la production et la multiplication

Le semis est rarement pratiqué, ne serait-ce qu'à cause d'une disponibilité aléatoire en semence, cet arbuste étant peu répandu en culture. Les individus provenant de semis ont probablement une meilleure vitesse de croissance que ceux issus de bouturage. Ils sont toutefois plus coûteux à obtenir, car ils nécessitent une culture plus longue et davantage de manipulations. Le bouturage permet d'obtenir plus rapidement un résultat. Les boutures estivales réussissent bien en trois semaines environ, mais les racines s'avèrent fragiles et les jeunes plants doivent être manipulés et transplantés avec beaucoup d'attention et de suivi. La densité du chevelu de racines s'étoffe lentement et ces dernières sont très sensibles aux excès de salinité et aux variations de l'ambiance hydrique. La culture en conteneur nécessite donc un suivi cultural régulier, de préférence avec un climat abrité permettant de maintenir une hygrométrie particulièrement élevée.

Un sol limono-sableux fertile permet d'obtenir des plantes fortes en deux ou trois ans sans transplantation nécessaire. Les plantes sont plus robustes en fin de culture et supportent beaucoup mieux les aléas hydriques. Il convient toutefois de les protéger lors des grands froids. Les excès d'humidité augmentent alors fortement les dégâts du gel sur la partie aérienne et sur les racines.

REGARD SUR Viburnum suspensum : persistant, décoratif et urbain

Confort hydrique nécessaire

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