Jours de fête pour les plantes fleuries

Pour les fêtes de fin d'année, la demande en produits végétaux a été soutenue et la consommation s'est débloquée dans les dix derniers jours avant Noël. Si l'on fait le bilan des ventes de l'année 2011, après un printemps précoce et très prometteur, les ventes se sont tassées entre mai et octobre, puis se sont réveillées pour la Toussaint et les fêtes de Noël. L'exercice se termine pour la production française sur des chiffres légèrement en repli comparativement à la saison précédente. Contrairement à l'an dernier, les conditions météorologiques étaient bonnes, voire anormalement douces. Cela a favorisé certaines catégories de plantes destinées à l'intérieur comme à l'extérieur (bulbeuses de composition, jacinthes, hellébores) aux dépens des cyclamens et azalées, notamment. Cela a aussi eu l'avantage pour les producteurs de diminuer leurs frais de chauffage d'environ 30 % à 50 % à période comparable.

Les conditions économiques n'étaient pourtant pas bonnes, le mois de décembre s'avérant l'un des plus mauvais mois depuis que l'Insee mesure le moral des ménages. Cependant, les consommateurs se sont déridés pour passer de bonnes fêtes en dépensant normalement. Par ailleurs, la position calendaire de Noël et du Jour de l'an ne favorisait pas les déplacements habituellement effectués lorsque l'on dispose de trois ou quatre jours.

Concurrence sélective

Si certains produits comme les Phalaenopsis et les jacinthes standard en provenance de Hollande étaient encore proposés en grande quantité à des prix peu rémunérateurs, les produits plus qualitatifs devenaient moins facilement disponibles en fin d'année et commençaient à exiger des préréservations de la part des acteurs de la distribution.

Du côté des réseaux de distribution, les ventes de végétaux et de contenants des enseignes de jardinerie s'étaient bien redressées en automne, rattrapant le retard pris en milieu d'année. Les ventes de fin d'année leur ont donné un regain d'optimisme.

Les fleuristes ont quant à eux tiré leur épingle du jeu, surtout la dernière semaine avant Noël. Et les producteurs vendant au détail sont très satisfaits.

Concernant les produits, si beaucoup d'exportateurs et de négociants ont utilisé les Phalaenopsis une ou deux tiges sans plus-value spécifique comme produit d'appel, gênant le reste du marché par ces actions spéciales, d'autres fournisseurs ont joué la carte de produits plus qualitatifs, plus « chics » et tendance. Ils ont rencontré un marché soutenu et déterminé à se différencier. En dehors des ventes de Phalaenopsis, qui représentent dans certains cas la moitié du chiffre d'affaires de ces fêtes, les autres types d'orchidées se sont très bien vendus.

Les Anthurium n'ont pas fait mieux que l'an passé malgré un choix de variétés et de coloris (rouge, violet, noir) très différenciant. Pour ce type de produit ainsi que pour les broméliacées, le seuil de prix acceptable par les consommateurs est vite atteint.

Le Poinsettia se démarque

Le succès des Poinsettia a été unanimement constaté avec beaucoup de demande pour les produits de petite taille, en plante habillée ou en composition, mais aussi pour le pot de 15 cm bien ramifié et formé. Dans certaines régions, les serres se sont vidées dans les dix derniers jours avant le 24 décembre. Les prix sont restés soutenus.

À l'inverse, les cyclamens sont boudés depuis la Toussaint, en dehors des petites plantes trapues couvertes d'une couronne très florifère. Les plantes traditionnelles sont en surnombre. Il est possible d'accuser le temps doux, mais elles semblent prendre la pente descendante. Paradoxalement, c'est à compter du 15 janvier que la demande pour des plantes de plus grande taille se réveille. Depuis plusieurs années, les quantités d'azalées mises en vente se réduisent, la demande est stable pour les plantes classiques, bonne pour les très belles plantes travaillées, mais seulement pour une petite quantité. Malgré une offensive de communication de la part des obtenteurs flamands, ce groupe peine à s'affranchir d'une réputation vieillissante. Les compositions et coupes ont fait l'objet d'une demande soutenue pour les petits prix, avec moins d'engouement pour les plantes d'intérieur et plus pour les compositions adaptables à l'extérieur ou à la périphérie de la maison.

Traditionnellement, la jacinthe est recherchée à Noël en plante unique pour les compositions ou à trois bulbes par pot. Cette année, les fournisseurs et négociants ont proposé beaucoup de nouveautés en termes de contenants. La fleur est principalement proposée par la Hollande à des prix défiant toute concurrence. Quelques producteurs français spécialisés dans le forçage de produits d'exception ont pu satisfaire les clients les plus exigeants. Les bulbes d'Amarillys en pot « déco » ont très vite rencontré un seuil de prix dissuasif, mais les bulbes de petite taille se sont bien vendus pour les compositions de plantes. En quelques années, certains obtenteurs d'hellébore ont fait de remarquables progrès en termes de fiabilité de culture, de régularité de plante et de floribondité. Robuste, adaptable à l'extérieur, au nom évocateur, à la séduction certaine, la « rose de Noël » a conquis de très nombreux consommateurs et une place enviée dans l'assortiment malgré un prix élevé (7,50 euros en moyenne pour un pot de 17 cm). La production et l'importation n'ont pas toujours pu répondre à la demande de réassort.

Au final, la rentabilité est meilleure, principalement à cause de la baisse des frais de chauffage, et les ventes sont qualifiées de satisfaisantes. Elles n'ont cependant pas énormément progressé en quantité, comparativement à 2010, en raison d'une production en baisse. Les acheteurs ont été plus regardants sur la qualité, qui n'a pas toujours répondu à leurs attentes. Beaucoup commencent à reparler de préréservation, d'engagement contractualisé pour s'assurer des approvisionnements fiables en termes de qualité et de présentation.

Brand Wagenaar