Clerodendrum trichotomum : des fleurs et des fruits spectaculaires

Clerodendrum trichotomum est un grand arbuste buissonnant et drageonnant, pouvant être formé sur un tronc court en le tuteurant. Il atteint facilement 3 mètres en tout sens et plus en climat chaud. Il tend à être plus large que haut. Le bois à moelle est souple et cassant. Les rameaux peu nombreux portent d'abondantes et grandes feuilles opposées, entières, pubescentes dessous, donnant une frondaison luxuriante si la plante pousse dans de bonnes conditions. Les feuilles ont une odeur fétide au froissement. Les rameaux se couronnent à profusion l'été de cymes terminales, portant des dizaines de fleurs blanches. Le calice est rougeâtre (un peu plus vert chez la variété fargesii), la corolle est longuement tubulaire, se terminant par cinq lobes en étoile. Le style et les étamines sont saillants. L'ensemble est accompagné d'un parfum puissant et suave. La fructification est aussi très attractive. Les calices persistent, ils deviennent rouge pourpre et charnus, contrastant avec des baies sphériques d'un bleu cobalt brillant lorsqu'elles sont mûres. Aux premières gelées, feuilles et fruits tombent rapidement.

Un arbuste à former jeune et à placer en situation chaude

En Asie, Clerodendrum trichotomum habite des régions à été chaud où il supporte des conditions sèches, mais dans des stations au sol profond, dans les forêts et les fourrés. Au jardin, il est nécessaire d'adapter son lieu de plantation au climat : grand soleil vers le Nord, bon confort hydrique au Sud. Il craint le vent, cassant ses branches et abîmant ses feuilles. La partie aérienne peut résister jusqu'à - 15 ou - 20 °C ; la variété fargesii s'avère un peu plus résistante au froid. Le soleil brûlant fait jaunir les feuilles. Un endroit abrité et lumineux dans un sol meuble perméable aux racines, légèrement acide ou alcalin, et riche en matière organique, permet d'obtenir le développement vigoureux nécessaire à la beauté de cet arbuste. Le vieux bois supporte très bien le froid, mais les gelées tardives du printemps endommagent la jeune feuillaison. Les drageons tendent à être nombreux et leur apparition est augmentée par les interventions de taille, qu'il faut donc généralement éviter. L'emploi de ce grand buisson concerne les jardins de campagne comme les espaces urbains pour son impact visuel en été et en automne, et pour son parfum. Les drageons, l'odeur fétide du feuillage au frottement et les baies bleues pouvant tacher incitent à l'éloigner des zones de passage. Les soins, lors de la plantation et des premières années de végétation, doivent être attentifs, car les jeunes sujets sont plus fragiles que les plantes installées. Les feuillages panachés requièrent une ombre légère.

Christophe Chambolle (*) et Valéry Malécot (**)

(*) Ingénieur conseil en horticulture et paysage. (**) Maître de conférences en botanique.