Cinéraire hybride
La cinéraire hybride ou cinéraire des Rameaux est sensible à des maladies et ravageurs communs à d'autres astéracées florales.
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PORTRAIT DE LA PLANTE
Les genres Senecio et Cineraria comprennent de nombreux taxons. Le principal géniteur des hybrides horticoles (S. hybrida) est la cinéraire S. cruentus (= Cineraria cruenta), provenant des îles Canaries. Cette espèce vivace durant 3 ou 4 ans à l'état spontané est cultivée sur un cycle bisannuel issu de semis en production horticole. L'hybridation a permis d'améliorer l'espèce de base pour l'ornementation des balcons, terrasses, tombes, corbeilles et massifs. Les cinéraires cultivées traditionnellement pour les Rameaux sont assez vigoureuses, florifères et bien ramifiées à la base. Les capitules de forme étoilée réunis en corymbe offrent une palette de coloris variés, souvent vifs : blanc, bleu, pourpre, violet, rouge ou bicolore. Pour former un port en boule homogène, la cinéraire hybride a besoin de lumière, mais se contente d'une exposition semi-ombragée en serre froide. La plante exige des températures de 6 à 12 °C pour induire la formation des boutons floraux en 3 à 6 semaines. Le maintien des potées autour de 15-16 °C assure ensuite une floraison qui s'étale de février à mai. L'arrosage doit être régulier pour maintenir la motte fraîche, mais sans excès. L'arrosage est optimisé au goutte-à-goutte compte tenu du développement important du feuillage qui recouvre rapidement le substrat. Ce dispositif permet d'éviter de mouiller le feuillage et d'apporter les matières fertilisantes en solution. Le pH du substrat est compris entre 6 et 7.
SENSIBILITÉS ENVIRONNEMENTALES
L'une des principales atteintes abiotiques de la cinéraire hybride est l'excès d'eau au pied. Outre l'asphyxie racinaire, cette saturation de la motte en humidité expose la plante aux maladies des parties inférieures. Les cinéraires hybrides ne résistent ni aux températures négatives ni aux températures trop élevées, par exemple dans les pièces chauffées. La valeur idéale ne doit pas dépasser 18 °C. Les courants d'air au niveau du sol sont à éviter, car ils peuvent entraîner un jaunissement des feuilles. S. hybrida est également sensible à la carence potassique qui provoque le jaunissement, puis le dessèchement partiel de la marge du limbe.
GRANDES AFFECTIONS PARASITAIRES
La cinéraire hybride est exposée à plusieurs bioagresseurs. Une vigilance régulière, des mesures prophylactiques et quelques traitements en production permettent d'assurer une bonne qualité sanitaire des potées.
Affections des parties inférieures : collet, tubercule, racines
La sclérotiniose ou pourriture blanche du collet (Sclerotinia sclerotiorum) se développe en foyer localisé. Elle s'étend rarement à l'ensemble de la culture grâce à la production hors-sol, à l'irrigation localisée et à une hygiène régulière de la serre. L'infection a souvent lieu par les racines à partir du mycélium issu de la germination des sclérotes noirs maintenus à la surface du substrat. S. sclerotiorum est transmissible par les semences. Cultiver des lots sains et purs, raisonner les apports d'engrais azotés. La protection chimique préventive a lieu grâce à la pulvérisation d'anti-pourritures autorisés en production florale à base d'iprodione, azoxystrobine, prochloraze, cyprodinil + fludioxonil ou pyriméthanil. Alterner les substances actives pour éviter une résistance du champignon à certaines molécules ou familles de produits. Les lots de semences sensibles peuvent être traités avec du thiophanateméthyl. La pourriture brune du collet et des racines (Pythium sp., Phytophthora cryptogea) contamine les potées via le circuit d'irrigation. Les tiges et les feuilles basses brunissent, avant de dépérir complètement. L'incubation de la maladie dure plusieurs semaines entre 5 et 15 °C. Traiter préventivement le substrat au propamocarbe HCl. La verticilliose (Verticillium dahliae) provoque un dessèchement brutal des parties aériennes en quelques jours. Ce champignon du sol infecte les racines, puis les tissus vasculaires. Pour éviter la dissémination de ces maladies des parties inférieures, supprimer rapidement toute plante atteinte et désinfecter leur emplacement avec un biocide autorisé en serre. Effectuer un vide sanitaire entre deux cultures sensibles, en éliminant tous les résidus organiques.
Affections des parties supérieures : fleurs, feuilles, pousses, tiges
L'alternariose de la cinéraire (Alternaria senecionis) est assez commune dès la fin d'hiver sur les variétés sensibles. Elle occasionne des ponctuations ou taches brunes foliaires irrégulières, formant ensuite des plages noirâtres. L'ascochytose de la cinéraire (Ascochyta cinerariae), moins fréquente, provoque des macules brunes ponctuées de fructifications en présence d'humidité. Les rouilles (Coleosporium senecionis, Cronartium tussilaginis, Puccinia lagenophora) génèrent des pustules jaune orangé ou brun clair à la face inférieure des feuilles. Désherber le séneçon vulgaire qui est un hôte potentiel. Traitements préventifs des trois maladies avec du mancozèbe, myclobutanil, azoxystrobine, difénoconazole ou trifloxystrobine + tébuconazole. Le mildiou de la laitue ou mildiou des astéracées (Bremia lactucae) marque le feuillage de taches claires délimitées par les nervures à la face supérieure, auxquelles correspondent des amas mycéliens blanc grisâtre à la face inférieure. Aérer la serre en journée pour réduire l'hygrométrie et la condensation. Supprimer les plantes très atteintes. Traiter préventivement le substrat avec du propamocarbe HCl ou la végétation avec du mancozèbe + méfénoxam, chlorothalonil + métalaxyl, azoxystrobine ou cyazofamid. L'oïdium (Erysiphe cichoracearum, Sphaerotheca fusca) sévit au printemps lorsque les feuillages sont confinés. Distancer les potées pour favoriser l'aération. Traitement préventif à base de soufre micronisé, d'huile essentielle d'orange douce, de Bacillus subtilis ou d'imazalil en fumigation. Possibilité d'utiliser un produit pénétrant ou systémique contenant du krésoxim-méthyl, difénoconazole, myclobutanil ou triticonazole. La pourriture grise (Botrytis cinerea) se manifeste par temps couvert, à partir de résidus organiques assurant la conservation du champignon. Elle vit en saprophyte sur les tissus morts, mais peut parasiter des organes sains en présence d'humidité. Dans les cas graves, les taches brunes évoluent en chancres sur les tiges. Si les mesures prophylactiques comme le balayage et la désinfection des serres, le distançage des potées ou la ventilation ne suffisent pas à limiter les attaques, pulvériser un produit préventif à base d'iprodione, pyriméthanil ou cyprodinil + fludioxonil. Les piqûres du thrips du tabac (Thrips tabaci) et du thrips californien (Frankliniella occidentalis) affectent la croissance : dépigmentation blanchâtre des feuilles, déformation et décoloration des fleurs. F. occidentalis peut transmettre le virus du TSWV (Tomato Spotted Wilt Virus). L'infection entraîne l'apparition d'une mosaïque déformante, des nécroses brun rougeâtre au niveau des nervures foliaires, puis des plages brunes sur les pétioles et les tiges. L'INSV (Impatiens Necrotic Spot Virus), également véhiculé par F. occidentalis, provoque des taches foliaires chlorotiques, puis nécrotiques. Piéger les thrips sur des plaques bleues engluées. Mener la lutte biologique avec les acariens prédateurs Neoseiulus cucumeris et Amblyseius swirskii. Sinon, utiliser des insecticides autorisés : abamectin, mercaptodiméthur, thiaméthoxam, deltaméthrine, lambda-cyhalothrine, spinosad. Cette dernière substance respecte les auxiliaires. La mosaïque virale de la cinéraire est transmise par les pucerons, notamment Aphis marutae. Cette maladie se manifeste en plages vert clair et vert foncé sur les feuilles, accompagnées de déformations du limbe, de pétioles courts et d'un nanisme marqué de la plante. Divers pucerons commettent des dégâts directs par leurs piqûres : enroulement des feuilles, déformation des jeunes pousses et des pédoncules floraux, avortement des fleurs. Parmi les plus fréquents, on trouve le puceron de la bourdaine (Aphis frangulae gossypii), le puceron vert du prunier (Brachycaudus helichrysi), le puceron des serres (Aulacorthum circumflexum), le puceron vert du pélargonium (Acyrthosiphon pelargonii), le puceron vert et rose de l'euphorbe (Macrosiphum euphorbiae) et le puceron vert du pêcher (Myzus persicae). Les feuilles frisent et jaunissent. Les exuvies, le miellat, puis la fumagine salissent les tissus. Effectuer un lâcher d'auxiliaires ou appliquer un insecticide autorisé. L'aleurode des serres (Trialeurodes vaporariorum) est présent sous abri dès le printemps. Il affectionne les endroits protégés. La cinéraire infestée accuse des taches foliaires. Les fleurs avortent ou fanent. Désherber les serres. Installer des panneaux jaunes englués. La lutte biologique larvicide utilise les hyménoptères parasitoïdes Encarsia formosa, Eretmocerus eremicus et des prédateurs comme la punaise Macrolophus caliginosus. En revanche, les traitements microbiologiques sont peu efficients par températures fraîches. Les pulvérisations de pyrèthres naturels et d'huile de colza sont efficaces, mais détruisent des auxiliaires. Possibilité d'appliquer un produit à base d'huile essentielle d'orange douce. La lutte chimique repose sur l'utilisation de pyriproxyfène, pymétrozine et thiaméthoxam, thiaclopride ou acétamipride. Certaines mouches mineuses des feuilles infestent la cinéraire sous serre, souvent sans gravité : mouche mineuse du chrysanthème (Phytomyza syngenesiae), mouche mineuse sud-américaine (Liriomyza huidobrensis). Cette dernière est réglementée sur les jeunes plants suivis par un passeport phytosanitaire européen. Désherber les abords de serre. Réaliser la lutte biologique avec les hyménoptères Dacnusa sibirica et Diglyphus isaea ou la protection chimique avec un insecticide autorisé contenant de l'abamectin, de la cyromazine ou du thiaméthoxam. Occasionnellement, des vers gris de noctuelle (Agrotis sp., Melanchra sp., Phlogophora meticulosa) peuvent dévorer la nuit les feuilles et les tiges. En cas d'attaque, utiliser un insecticide autorisé en pulvérisation ou sous forme d'appât à base de pyréthrinoïde de synthèse ou de fipronil. Rarement, les nématodes des feuilles (Aphelenchoides ritzema-bosi) provoquent des taches jaunes, puis brunes et anguleuses, suivies d'une défoliation. Supprimer les cinéraires infestées.
Jérôme Jullien
Feutrage blanc farineux à la face supérieure d'une feuille dû à l'oïdium. PHOTO : JÉRÔME JULLIEN
Pustules jaune orangé et brun clair à la face inférieure des feuilles dues à Coleosporium senecionis. PHOTO : ANDREJ KUNCA, NATIONAL FOREST CENTRE - SLOVAKIA, BUGWOOD
Fructifications du mildiou Bremia lactucae à la face inférieure d'une feuille. PHOTO : JÉRÔME JULLIEN
Taches foliaires chlorotiques et nécrotiques dues à l'INSV. PHOTO : JÉRÔME JULLIEN
Un coussinet blanc cotonneux dû à la sclérotiniose se développe au collet, entraînant un échaudage du pied, un jaunissement des feuilles basales et une verse des tiges. PHOTO : JÉRÔME JULLIEN
Les larves de mouche mineuse creusent des galeries sinueuses dans le parenchyme des feuilles. PHOTO : JÉRÔME JULLIEN
La mosaïque virale est une maladie inféodée à la cinéraire. PHOTO : JÉRÔME JULLIEN
Les dégâts de ver gris de noctuelle sont occasionnels. PHOTO : JÉRÔME JULLIEN
Alternaria senecionis occasionne des ponctuations ou taches brunes foliaires irrégulières, formant ensuite des plages noirâtres. PHOTO : JÉRÔME JULLIEN
Le TSWV, agent de la maladie des taches bronzées, entraîne l'apparition d'une bigarrure ou d'une marbrure déformante. PHOTO : JÉRÔME JULLIEN
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