Cyclamen : des produits naturels à action insecticide à l'essai
par Claude Thieryil y a 14 ans8 min de lecture
Encore peu connus, les produits naturels à action insecticide font l'objet d'expérimentations pour en valider l'efficacité contre thrips et pucerons sur cyclamen. Si les résultats sont encore mitigés, leur utilisation en association et leur efficacité sur fraise laissent des espoirs encourageants pour l'horticulture.
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Dans le cadre des démarches menées depuis quatre ans à la station d'expérimentations horticoles Ratho, située à Brindas dans le département du Rhône, sur la lutte raisonnée en horticulture sous serre, un travail conduit en 2011 a porté sur l'utilisation et l'efficacité de produits dits « naturels à action insecticide ». Étant donné leurs résultats dans d'autres secteurs (voir l'encadré ci-dessous), ils sont susceptibles de présenter une alternative aux produits dits « chimiques de synthèse » utilisés jusqu'à présent dans les programmes de protection biologique intégrée (PBI), car compatibles avec les auxiliaires naturels. Ils ont été testés au Ratho contre deux ravageurs sur culture de cyclamen : le thrips Frankliniella occidentalis et les pucerons. Les résultats ont été présentés lors d'une journée technique, le jeudi 1er décembre 2011.
1 UNE EXPÉRIMENTATION SUR CYCLAMEN 'MINICALYPSO' F1.
Cette démarche a été conduite dans un cadre précis dont dépend l'interprétation des résultats. La culture de cyclamen concernait la série 'Minicalypso' F1. Empotée en semaine 26 en pot de 10,5 cm, la densité de culture était de 44 pots/m² jusqu'en semaine 36, puis est passée à 23 pots/m². L'arrosage a été effectué par subirrigation et les paramètres hydroclimatiques ont été contrôlés par ordinateur. La température hebdomadaire moyenne, enregistrée durant la période, était située entre 27,4 °C et 16 °C ; la période la plus chaude correspondant à l'ensemble du mois d'août. L'expérimentation s'est terminée en semaine 42.
2 SEPT MODALITÉS ET UNE PULVÉRISATION FOLIAIRE.
Six produits différents ont été testés (voir l'encadré ci-contre), chacun sur une tablette. Une septième tablette dite « témoin » s'ajoutait, soit au total sept modalités, sans répétition, chaque bloc de 5 m² étant isolé par un fond étanche et un châssis « insect-proof » (anti-insectes). Les produits ont été appliqués en pulvérisation foliaire, à raison de 10-12 l de solution pour 100 m². Sur l'ensemble de la période, six applications ont été réalisées sur chaque modalité, dont cinq entre les semaines 32 et 41.
3 TROP PEU DE PUCERONS ET RÉSULTATS INSUFFISANTS SUR THRIPS...
Pour chaque modalité, les équipes du Ratho ont effectué un dénombrement hebdomadaire, quantitatif et qualitatif, des insectes adultes piégés sur les panneaux chromatiques (jaunes double face). Compte tenu d'un environnement cultural sain au départ (jeunes plants), la station a noté, au début de l'expérimentation, une faible présence des insectes ravageurs ciblés. Pour pouvoir tirer des conclusions quant à l'éventuelle efficacité des produits, il a été décidé de retirer pendant une semaine (semaine 30 à 31) les châssis « insect-proof » pour favoriser une contamination naturelle des cultures. Celle-ci a été effective pour les thrips, mais n'a pas été suffisante pour les pucerons. Sur pucerons, compte tenu des faibles populations tout au long de l'expérimentation, il n'a pas été possible de juger de l'effet réel de ces produits naturels testés. Concernant le thrips, les résultats de cette première expérimentation se sont révélés plutôt décevants dans l'ensemble. Deux produits - Gussan et Allian King - ont pu réduire la pression des thrips, sans pour autant permettre d'éradiquer totalement les foyers. Le Gussan est le seul à avoir montré une réduction significative des seuils de population de thrips, et une absence de populations de pucerons adultes. Le taux d'abattement des populations de thrips entre deux traitements est jugé insuffisant pour sécuriser la culture, quel que soit le produit utilisé.
4 UNE PERSPECTIVE ENCOURAGEANTE : LES ASSOCIATIONS DE PRODUITS.
Ces résultats sont à nuancer afin d'éviter toute interprétation hâtive. Ils n'ont pu être constatés que par rapport à un seul ravageur, le thrips, particulièrement difficile à combattre. Les pulvérisations ont été réalisées à titre préventif selon un calendrier préétabli. De plus, chaque modalité n'a reçu qu'un seul produit. Or, l'association de deux ou plusieurs produits, préconisée par le fournisseur, devrait conduire à des résultats plus favorables. L'effet mécanique observé quant à la présence d'un filet anti-thrips est incontestablement une solution à envisager dans des zones à forte pression extérieure, à condition de n'introduire dans ce cas que des jeunes plants sains.