Maladies et ravageurs Le cyclamen de Perse
La surveillance phytosanitaire est constante durant tout le cycle de culture du cyclamen de Perse (Cyclamen persicum). Elle concerne des affections abiotiques, mais surtout des maladies et ravageurs, dont certains sont redoutables.
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PORTRAIT DE LA PLANTE
Les cyclamens sont des plantes basses herbacées et tuberculeuses de la famille des primulacées. Leur origine géographique s'étend, suivant les taxons, à des régions d'Europe, à l'Asie occidentale et à certaines parties d'Afrique du Nord. Ce genre comprend environ vingt-cinq espèces vivaces dans le monde, dont dix-neuf sont dispersées du bassin méditerranéen au centre de l'Europe. On les rencontre, par exemple, en sous-bois de hêtre ou parmi les rochers des prairies alpines. Selon leurs exigences pédo-climatiques, elles sont plantées en pleine terre dans les jardins ou utilisées comme plantes en pot d'intérieur. Dans la nature, les sujets à petites fleurs ne s'épanouissent qu'au bout de deux à trois ans. En revanche, les grandes fleurs des formes horticoles s'ouvrent au bout de sept à dix mois. Cyclamen persicum est l'une des principales plantes en pot fleuries en horticulture ornementale. Il est originaire d'Afrique du nord, de Chypre, Grèce, des îles de la mer Égée, de Palestine, Rhodes, Turquie et Syrie. La gamme des hybrides et cultivars offre un large éventail de formes, de couleurs de pétales, de ports et de hauteurs. La multiplication sexuée à partir de semences exige une qualité génétique et sanitaire irréprochable. La température idéale se situe entre 15 et 18 °C le jour, et 12 et 15 °C la nuit. La lumière doit être tamisée. La nutrition dépend de la fonctionnalité du système racinaire, tributaire des qualités physiques (porosité, rétention en eau) et chimiques (réactivité, pH, conductivité) du substrat.
SENSIBILITÉS ENVIRONNEMENTALES
Tout écart important par rapport aux exigences culturales entraîne un stress physiologique : développement hétérogène, crispation des jeunes feuilles en été, chlorose des feuilles évoluant sous forme de nécrose, malformation des pédoncules floraux, taches claires ou brûlures marginales sur les pétales. Le principal risque abiotique est l'excès d'humidité au niveau de la motte. Il conduit à l'asphyxie racinaire et au pourrissement du tubercule. Une sécheresse prolongée provoque un flétrissement des feuilles et un avortement des boutons floraux. Les hybrides résistent à des températures proches du gel. De nouvelles variétés supportent la chaleur, ce qui permet de les utiliser en massif dès la fin d'été dans le sud de la France ou de les cultiver plus facilement à l'intérieur. Les phytotoxicités parfois observées sont soit consécutives à des surdosages de produits phytosanitaires, soit à des mélanges extemporanés. Le cyclamen redoute également l'excès de salinité qui provoque l'enroulement du bord des feuilles et une floraison sous le feuillage.
GRANDES AFFECTIONS PARASITAIRES
Le cyclamen a de nombreux bioagresseurs en serre, dont la fréquence d'attaque et la gravité diffèrent.
Affections des parties inférieures : collet, tubercule, racines
La fusariose vasculaire du cyclamen (Fusarium oxysporum f. sp. cyclaminis) est la maladie cryptogamique la plus grave depuis sa première détection en France en 1973. C'est surtout après l'empotage que les symptômes s'extériorisent : taches foliaires diffuses jaune vif, enroulement du limbe, ramollissement du pétiole, affaissement des feuilles le long du pot, souvent d'un seul côté en début d'attaque. Lorsque le dépérissement est généralisé, des lésions brunes progressent des zones vasculaires vers les parenchymes. Le champignon émet alors un feutrage blanchâtre. Des confusions sont possibles à un stade précoce de l'infection avec une saturation en eau de la motte ou un excès de salinité. Plus tard, la méprise se fait avec des surinfections ; la pourriture bactérienne (Erwinia carotovora) et la pourriture grise (Botrytis cinerea) colonisent les tissus malades en quelques jours. La bactériose à E. carotovora détruit la paroi cellulaire végétale. Ses enzymes dégradent la pectine et la cellulose. Il s'ensuit une pourriture molle devenant visqueuse et nauséabonde. Cette maladie affecte des sections entières du tubercule, contrairement à la fusariose qui nécrose uniquement les zones vasculaires. La pourriture grise à B. cinerea se développe en serre lorsque le temps est couvert et humide. Elle affecte notamment les boutons et pédoncules floraux, ainsi que la base des tiges. D'autres maladies du tubercule peuvent se manifester. La maladie vasculaire à Phialophora cyclaminis entraîne un jaunissement des feuilles, associé à un gaufrage ou un cloquage ; les nécroses du tubercule sont fines, foncées et occupent de nombreuses petites portions de vaisseaux. La pourriture noire des racines (Thielaviopsis basicola) est surtout rencontrée sur les jeunes plants. Le mycélium pénètre entre les cellules du cortex racinaire et atteint les vaisseaux conducteurs de sève. Les racines noircissent, puis se couvrent de mycélium et de spores. La croissance du cyclamen est réduite voire bloquée. Son feuillage se ramollit, ses feuillent chlorosent, sa floraison est hâtive et hétérogène. Cylindrocarpon radicicola est un champignon qui contamine les cyclamens affaiblis, par exemple, à la suite d'une attaque de nématodes. Les radicelles pourrissent et les plus grosses se cassent parfois sous le tubercule. Des taches nécrotiques arrondies et brunâtres s'enfoncent dans les tissus, provoquant parfois des fissures. Pour prévenir le développement des maladies des parties inférieures, utiliser des semences saines en multiplication et des jeunes plants dûment sélectionnés en production. Éviter les excès d'eau et de salinité. En cas d'attaque, nettoyer et traiter les zones contaminées, désinfecter le circuit d'irrigation avec un antiseptique. La lutte biologique peut être réalisée avec des spores de Trichoderma harzianum, stimulateurs de vitalité. Traiter préventivement les semis, les jeunes plants et le substrat lors du rempotage. La lutte chimique implique des traitements fongicides préventifs à base de prochloraze, fludioxonil + cyprodinil, iprodione ou pyriméthanil contre la pourriture grise ; azoxystrobine, trifloxystrobine, myclobutanil + mancozèbe, difénoconazole ou triticonazole contre les autres maladies.
Affections des parties supérieures : fleurs, feuilles, pousses, tiges
Quelques insectes infestent le système racinaire. L'otiorhynque de la vigne et du cyclamen (Otiorhynchus sulcatus) est un coléoptère de la famille des charançons. La larve blanchâtre à tête brune, apode, est rhizophage. Sa voracité augmente au fur et à mesure de son développement. Elle sévit de juillet à mars. Traiter les jeunes larves avec des nématodes entomopathogènes. Certains papillons nocturnes pondent principalement dans les endroits humides. Leurs larves polyphages sont très actives en serre. Distinguer les chenilles de noctuelle (Agrotis sp., Noctua pronuba) des larves de Duponchelia fovealis. Les vers gris de noctuelle rongent le tubercule, le collet et parfois les pétioles au cours de la nuit. Pendant le jour, ils se dissimulent. Dérangés, ils se lovent de façon caractéristique. Les chenilles de D. fovealis forent le dessus du tubercule et les tiges. Examiner les jeunes plants dès leur arrivée dans l'entreprise. Puis, surveiller les cultures grâce au piégeage phéromonal. Dix jours après les premières captures ou dès l'observation des dégâts, appliquer du Bacillus thuringiensis ou des nématodes entomopathogènes Steinernema carpocapsae. Il est possible d'apporter l'acarien Hypoaspis aculeifer, prédateur d'oeufs, en complément. En lutte chimique, pulvériser un produit systémique contenant du thiaméthoxam ou du thiaclopride.
Les nématodes sont insidieux, mais peu fréquents. Le nématode des tiges et des bulbes (Ditylenchus dipsaci) est le plus nuisible. Cet endoparasite migrateur parasite les semences. Les cyclamens infestés sont chétifs, jaunissent, mais ne dépérissent pas entièrement tant que des racines sont fonctionnelles. Observer une réduction florale, des renflements foliaires, des tiges tordues et tachées. À terme, le tubercule et la base des tiges sont maculés de brun. En revanche, le nématode des lésions racinaires (Pratylenchus penetrans), également endoparasite migrateur, n'attaque jamais le tubercule, mais les racines. Il colonise les cellules externes des radicelles, puis pénètre peu à peu dans les tissus, formant des cavités dans lesquelles il se reproduit abondamment. La racine noircit puis se décompose.
Le virus du TSWV, agent de la maladie bronzée de la tomate, entraîne des pertes sévères après une attaque de thrips vecteurs. Il se manifeste sous forme de taches foliaires en anneaux concentriques, généralement lors de la floraison. Les nervures des feuilles blanchissent et les fleurs se déforment.
Le cyclamen peut contracter d'autres maladies virales, notamment l'INSV (Impatiens Necrotic Spot Virus) transmis par les thrips et le CMV (mosaïque du concombre) véhiculé par les pucerons. La lutte cible les vecteurs en complément de la prophylaxie. L'oïdium (Oïdium cyclaminis) provoque un feutrage blanc farineux sur les pétales. Les attaques sont à craindre en octobre-novembre par temps chaud et humide. L'anthracnose (Gloeosporium cyclaminis) entraîne un avortement des boutons floraux, des taches marron sur les pétales et les pédoncules. Sur jeunes plants, les bourgeons noircissent et durcissent à ras du tubercule. Enfin, la maladie des taches brunes des feuilles (Phyllosticta cyclaminis) provoque des macules brunes auréolées de jaune. La lutte fongicide est préventive. Traitements : voir chapitre « affections des parties inférieures » (autre que Botrytis cinerea). Le tarsonème commun (Phytonemus pallidus) et le tarsonème trapu (Polyphagotarsonemus latus) sont des acariens invisibles à l'oeil nu, très actifs l'été en serre. Ils rabougrissent la plante, causent un enroulement des bords du limbe, un flétrissement du feuillage et une déformation des fleurs. Les piqûres du thrips californien (Frankliniella occidentalis) et du thrips du tabac et de l'oignon (Thrips tabaci) affectent la croissance : déformation des fleurs, microlésions sur les pétales, multitude de petits points blancs translucides. Ces insectes oblongs de 2 mm ont un corps brun clair, avec deux paires d'ailes étroites et pointues frangées de soies sur la partie dorsale. Les larves sont plus petites (1 mm), translucides à jaune doré. En plus de leurs déprédations directes, ce sont des vecteurs de virus. Piéger les formes mobiles sur des plaques bleues engluées. Tapoter les fleurs sur une feuille de papier blanc pour mesurer le niveau d'attaque. La protection biologique intégrée (PBI) donne de bons résultats, en particulier grâce aux acariens prédateurs Neoseiulus cucumeris et Amblyseius swirskii. Plusieurs espèces de puceron colonisent le cyclamen. Par exemple, Aulacorthum circumflexum et Aphis gossypii. Ces insectes piqueurs et suceurs de sève provoquent l'enroulement des feuilles. Plus rarement, la tordeuse des feuilles (Clepsis spectrana) dévore le feuillage et les fleurs après les avoir agglutinés dans des cocons. Les chenilles sont brun clair. La noctuelle gamma (Autographa gamma) et la noctuelle de la betterave (Spodoptera exigua) rongent quelquefois les feuilles et les pièces florales. Un traitement à base de Bacillus thuringiensis est efficace sur les jeunes larves, tandis que le piégeage lumineux détruit les papillons. Enfin, les mouches noires des terreaux de la famille des Sciaridae (Bradysia sp.) ou des Ephydridae (Scatella sp.) sont indésirables en multiplication. Elles minent les radicelles, les tigelles, et même le tubercule en cas de pullulation. Piéger les adultes sur des panneaux jaunes englués. Traiter les larves avec des nématodes Steinernema feltiae. Lâcher en complément le staphylin Atheta coriaria, prédateur d'oeufs et de larves.
Jérôme Jullien
Les tarsonèmes causent notamment une déformation des fleurs. PHOTO : SRPV PAYS DE LA LOIRE
Colonie de pucerons sur cyclamen. Ils provoquent l'enroulement des feuilles. PHOTO : JÉROME JULLIEN
Les symptômes de la fusariose vasculaire du cyclamen, Fusarium oxysporum f. sp. cyclaminis, s'expriment surtout après l'empotage. PHOTO : JÉROME JULLIEN
Larves d'Otiorhynchus sulcatus. PHOTO : SRPV PL NANTES 1963
Noctuelle fiancée, Noctua pronuba. PHOTO : JÉROME JULLIEN
Attaque de thrips sur Cyclamen persicum Halios®. PHOTO : JÉROME JULLIEN
Le virus du TSWV, agent de la maladie bronzée de la tomate, se manifeste sous forme de taches foliaires. PHOTO : GRISP ANTIBE
Agrotis exclamationis prélevé sur cyclamen. Dérangés, les vers gris se lovent de façon caractéristique. PHOTO : ASTREDHOR
Chenille de Duponchelia fovealis. PHOTO : JÉROME JULLIEN
La pourriture grise Botrytis cinerea – ici, sur minicyclamen – affecte notamment les boutons et pédoncules floraux, ainsi que la base des tiges. PHOTO : JÉROME JULLIEN
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