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Le fuchsia

PHOTO CENTRALE : MAGNUS MANSKE

Le fuchsia est plus ou moins exposé aux bioagresseurs selon sa génétique et son mode de culture.

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PORTRAIT DE LA PLANTE

Le genre Fuchsia, de la famille des oenothéracées (onagracées), est originaire d'Amérique du Sud et d'Amérique centrale, principalement du Chili, du Mexique, du Pérou et d'Équateur, mais également de Nouvelle-Zélande et de Tahiti. Depuis sa découverte à Saint-Domingue vers 1696 par le père Charles Plumier, missionnaire et botaniste français, on compte environ 110 espèces et plus de 8 000 variétés cultivées. Le genre Fuchsia est divisé en 12 sections dont Quelusia, Fuchsia, Kierschlegeria, Skinnera, Hemsleyella et Schufia. En horticulture, les fuchsias sont regroupés dans les catégories suivantes : fuchsias botaniques (F. jimenezii, F. juntasensis, F. paniculata, F. splendens...), auxquels on peut adjoindre les fuchsias interspécifiques – les Fuchsia encliandra et les Fuchsia triphylla – fuchsias hybrides, regroupés en fuchsias érigés ou buissonnants et fuchsias retombants. Multipliés par bouturage, semis, division de souche, marcottage ou greffage, ils sont cultivés en plaque alvéolée, godet, pot ou conteneur et conduits en potée fleurie, suspension, tige, buisson, cascade, espalier, éventail, colonne ou pyramide. Selon les variétés, les fleurs sont simples, semi-doubles ou doubles.

SENSIBILITÉS ENVIRONNEMENTALES

Quelques hybrides et de nombreuses variétés érigées résistent à des gelées de - 3 °C à - 20 °C. Mais les fuchsias sensibles au froid supportent seulement des températures de - 1 °C à - 2 °C. D'autres, moins robustes, comme Fuchsia triphylla, exigent une température d'au moins 5 °C. Les fuchsias des jardins résistent mieux au gel dans une terre drainante, amendée, protégés par une couche de feuilles mortes ou un voile d'hivernage. En culture hors-sol, la motte est tenue fraîche par un arrosage matinal, sans la saturer, car les racines superficielles peuvent s'asphyxier et dépérir. En plein air, la croissance des fuchsias est plus lente que sous abri, mais ils sont plus compacts. Cette acclimatation stimule leurs barrières physiques de défense naturelle contre les aléas météorologiques et certains parasites. Les apports d'engrais en période végétative sont raisonnés pour éviter tout excès de salinité. Les fuchsias rustiques aiment le plein soleil, mais certaines variétés préfèrent une exposition semi-ombragée ou ombragée. Les situations trop chaudes ou asséchantes peuvent provoquer des brûlures du feuillage. Enfin, en espaces verts, certains fuchsias aux branches cassantes (par exemple, 'Delta's Dream' dans la gamme des érigés) doivent être plantés à l'abri du vent.

GRANDES AFFECTIONS PARASITAIRES

Le fuchsia est une plante sans grande pression parasitaire, mais une surveillance régulière permet une détection précoce des organismes nuisibles.

Affections des parties inférieures : collet, tubercule, racines

L'otiorhynque de la vigne et du cyclamen (Otiorhynchus sulcatus) est occasionnel. La larve blanchâtre à tête brune, apode, est rhizophage. Traiter avec des nématodes entomopathogènes. Le puceron des racines (Aphis [= Smynthurodes] myrmecaria), blanc grisâtre avec des tarses et des antennes brunâtres, peut coloniser le pourtour intérieur des pots, en association avec des fourmis. Sur jeunes plants, la pourriture brune des racines (Pythium sp.) est favorisée par les substrats hydromorphes. Les spores flagellées contaminent les plantes en série via l'eau de ruissellement ou recyclée. Traiter préventivement le substrat au propamocarbe HCL. La galle bactérienne du collet et des racines ou crown-gall (Agrobacterium tumefaciens) est peu fréquente. La tumeur ou excroissance souvent arrondie cause une réduction de croissance parfois marquée. Supprimer les fuchsias atteints. Un dépérissement des parties aériennes peut également provenir de la verticilliose (Verticillium sp.). Ce champignon du sol contamine les racines et entraîne une maladie vasculaire. La rupture du flux de sève provoque à terme le flétrissement des feuilles.

Affections des parties supérieures : fleurs, feuilles, pousses, tiges

L'aleurode des serres (Trialeurodes vaporariorum) est très attiré par les fuchsias sous abri dès le printemps. Il affectionne les endroits chauds, protégés des courants d'air. L'adulte, de 1 à 3 mm de long, aux ailes reposées en forme de toit, est recouvert d'une pruinosité blanchâtre. Il s'envole facilement lorsqu'on touche le feuillage. Le cycle larvaire comprend quatre stades. La larve, seulement mobile au premier stade, se fixe ensuite au revers des feuilles. Son corps aplati, ovale et cireux, est entouré d'une bordure ciliée. Elle laisse derrière elle du miellat qui se couvre de fumagine. Désherber les serres et installer des panneaux jaunes englués. La lutte biologique contre les larves utilise les hyménoptères parasitoïdes Encarsia formosa, Eretmocerus eremicus, et des prédateurs tels que la punaise Macrolophus caliginosus. Des traitements microbiologiques sont réalisables avec une solution de Verticillium lecanii ou de Paecilomyces fumosoroseus. Les pulvérisations de pyrèthres naturels et d'huile de colza sont efficaces, mais détruisent des auxiliaires. Il est possible d'appliquer également un produit à base d'huile essentielle d'orange douce. La lutte chimique repose sur l'utilisation en alternance de pyriproxyfène, pymétrozine et thiaméthoxam, thiaclopride ou acétamipride (ces trois derniers produits étant de la même famille chimique).

Par temps chaud et sec, le tétranyque tisserand (Tetranychus urticae) colonise la face inférieure des feuilles. Cet acarien de 0,5 à 0,75 mm de long pique les tissus et provoque de petites mouchetures blanches ou jaunâtres. De fines toiles soyeuses couvrent les nervures. Elles abritent les oeufs et les formes mobiles jaunâtres, devenant rouges en été. La lutte biologique donne de bons résultats sous abri grâce aux acariens prédateurs Phytoseiulus persimilis et Amblyseius californicus, ainsi qu'à la cécidomyie Feltiella acarisuga, la coccinelle Stethorus punctillum ou la chrysope Chrysoperla lucasina. En massif, il est possible d'appliquer une huile de paraffine d'été ou une huile de colza. La lutte chimique s'opère avec l'abamectine, la milbémectine, l'acétamipride, le bifénazate ou le tébufenpyrad.

Autre acarien parasite, mais beaucoup plus rare, le phytopte du fuchsia (Aculops fuchsiae) est un organisme nuisible réglementé dans l'Union européenne. Il fait l'objet d'une lutte obligatoire en France. Les tissus infestés blanchissent, puis rougissent et se boursoufflent suite aux piqûres. Les galles abritent les colonies. A. fuchsiae préfère les climats frais à la chaleur. La dissémination se ferait principalement par le vent et sur de longues distances par des insectes pollinisateurs. Le transport de plants et de boutures infestés est aussi un facteur de dissémination. Il existe une importante variabilité dans la sensibilité des fuchsias. Au moins trois espèces (F. arborescens, F. magellanica, F. procumbens) et plus de trente cultivars sont vulnérables. En revanche, plusieurs espèces (F. microphylla ssp. microphylla, F. thymifolia, F. camposportoi, F. regia, F. hatschbachii, F. alpestris, F. glazioviana) et cultivars ont été reconnus résistants. En cas de détection, contacter le service régional de l'alimentation (SRAL), chargé de la protection des végétaux. Ne pas confondre les symptômes causés par le phytopte avec les malformations des pièces florales causées par le déficit de lumière en période de jours courts.

Rarement, les nématodes des feuilles (Aphelenchoides fragariae, A. ritzema-bosi) provoquent des taches jaunes, puis brunes et anguleuses, suivies d'une défoliation. Ils se disséminent avec l'eau d'arrosage. Supprimer les fuchsias infestés. Veiller à la qualité sanitaire des boutures.

Le puceron des serres (Aulacorthum circumflexum) et le puceron vert du pêcher (Myzus persicae) provoquent l'enroulement des feuilles, la déformation des jeunes pousses et des pédoncules floraux par leur action de succion. Effectuer un lâcher d'auxiliaires ou appliquer un insecticide autorisé. L'altise de la salicaire (Altica lythri) et l'altise commune (Altica oleracea) sont des défoliateurs occasionnels. Ces petits coléoptères sauteurs aux reflets bleutés vivent surtout sur les plantes sauvages, mais peuvent faire des incursions dans les cultures, même en serre. Désherber les abords de serre. En cas d'infestation, pulvériser un insecticide de contact et d'ingestion. La tordeuse européenne de l'oeillet (Cacoecimorpha pronubana) est une petite chenille verdâtre à tête brune, polyphage. Elle sévit du printemps à l'automne, mais ses attaques sont peu fréquentes sur fuchsia. Elle enroule le bord du limbe, puis provoque un brunissement partiel des feuilles. Plus rarement encore, la chenille de piéride du chou (Pieris brassicae) peut dévorer le feuillage. Les larves groupées ont un corps jaune verdâtre ponctué de noir. Appliquer du Bacillus thuringiensis dès détection. Les piqûres du thrips californien (Frankliniella occidentalis) affectent la croissance : déformation des fleurs, multitude de petits points blancs translucides. Cet insecte oblong de 2 mm a un corps brun clair, avec deux paires d'ailes étroites et pointues frangées de soies sur la partie dorsale. Les larves sont plus petites (1 mm), translucides à jaune doré. En plus de ses dégâts directs, il peut transmettre au fuchsia le virus du TSWV (Tomato Spotted Wilt Virus) à l'origine de taches foliaires en anneaux concentriques ou de macules brunes. Piéger les thrips sur des plaques bleues engluées. Mener la lutte biologique avec les acariens prédateurs Neoseiulus cucumeris et Amblyseius swirskii. Le virus du fuchsia (Fuchsia latent carlavirus – FLV) a été détecté au Canada sur F. speciosa × hybrides, mais sans symptôme. Certains autres carlavirus pourraient provoquer des enroulements foliaires et des retards de croissance. Par temps chaud et humide, la rouille (Pucciniastrum epilobii [= Pucciniastrum fuchsiae]) génère des taches brun clair auréolées de pourpre à la face supérieure des feuilles et de fines pustules orangées au revers. Certaines variétés y sont sensibles, comme les hybrides érigés 'Adam', 'Bon Accorde', 'Chang', 'China Lantern', 'Glitters', 'Norfolk Ivor', 'Orange Flare', 'Other Fellow'. Supprimer les feuilles contaminées pour éviter la sporulation. Pulvériser un fongicide de contact ou systémique. La pourriture grise (Botrytis cinerea) se développe surtout en période d'hivernage, en automne et au printemps, à la faveur de la condensation et de températures avoisinant 15 °C. Un duvet gris envahit les vieilles feuilles et les tissus morts. Nettoyer la serre par mesure de prophylaxie. Aérer et chauffer.

Jérôme Jullien

Dégâts d'aleurodes : le fuchsia infesté ralentit sa croissance et accuse des taches foliaires avant de flétrir. Les fleurs avortent ou fanent.

PHOTO : JÉRÔME JULLIEN

Rouille du fuchsia Pucciniastrum epilobii. Les nécroses entraînent une défoliation et une réduction de croissance en cas d'attaque sévère.

PHOTO : USDA - UNIVERSITÉ DE CAROLINE DU NORD

Larves d'otiorhynque de la vigne. Leur voracité augmente au fur et à mesure de leur développement, de juillet à mars.

PHOTO : JÉRÔME JULLIEN

Aculops fuchsiae à l'intérieur d'une galle. Ce ravageur microscopique, jaunâtre et fusiforme, est inféodé au fuchsia.

PHOTO : SRPV BRETAGNE

Crown-gall sur fuchsia causée par Agrobacterium tumefaciens.

PHOTO : JÉRÔME JULLIEN

Colonie de pucerons sur fuchsia. Les exuvies, le miellat, puis la fumagine, salissent les tissus.

PHOTO : JÉRÔME JULLIEN

Dégâts d'altise sur fuchsia. Les feuilles sont dentelées et criblées de trous. Les pétales de fleurs peuvent être rongés.

PHOTO : JÉRÔME JULLIEN

Altise adulte sur fuchsia.

PHOTO : JÉRÔME JULLIEN

Attaque de tétranyques tisserands, Tetranychus urticae.

PHOTO : JÉRÔME JULLIEN

Dégâts d'Aculops fuchsiae : les tissus infestés se boursoufflent suite aux piqûres.

PHOTO : FEREDEC BRETAGNE

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