Login

Arbres : Troyes innove pour protéger ses plantations

La réouverture du canal de Seine, à Troyes (10), a été l'occasion de planter des alignements d'arbres sur des cheminements ouverts à la circulation. Des fosses de plantation manufacturées ont été préférées à des mélanges terre-pierre ou à des dalles de répartition.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Depuis de nombreuses années, l'arrivée dans la préfecture de l'Aube par le nord et en provenance de Châlons-en-Champagne se faisait par une large quatre voies symbolisant la fin du XXe siècle et sa propension à faire la part belle au tout-voiture. Cet axe très fréquenté avait été gagné sur le canal de Seine, en le recouvrant, à l'époque, d'une dalle de béton. Ce canal est désormais remis en valeur à la faveur d'un chantier de réhabilitation mené depuis 2010 sous maîtrise d'ouvrage de la mairie. De nombreuses plantations, ayant permis à la cité de retrouver en partie son charme d'antan, ont accompagné ce chantier. Arbustes et autres plantations basses couvrent des surfaces relativement importantes, mais les alignements de charmilles, Prunus et amélanchiers en cépée y occupent également un linéaire non négligeable. La difficulté était que nombre de ces arbres devaient être installés sur des axes de circulation. Impossible, dans ces conditions, de planter en fosse classique de terre végétale, même de grand volume. La terre aurait été vite compactée, créant des conditions asphyxiantes. Troyes avait donc le choix entre planter en mélange terre-pierre, réaliser des dalles de répartition ou... adopter une technique novatrice. C'est cette dernière option qui a été choisie.

1 DES FOSSES DE PLANTATION AVEC LE SYSTÈME SILVA CELL

« Je n'aime pas les mélanges terre-pierre : le volume de pierre, qui est important, est inutilisable par la plante », explique Christian Bréand, paysagiste chargé d'études au service voirie de la Ville, qui a assuré la maîtrise d'ouvrage du chantier. Ce service de douze personnes compte cinq chargés d'études, dont Christian Bréand, qui a dirigé pendant plusieurs années des entreprises du paysage, en particulier dans la région d'Orléans. Le technicien ne veut pas non plus réaliser des dalles de répartition : « À raison de 2 000 euros par arbre, cette solution était trop chère. Nous avons choisi de recourir aux modules de plantation Silva Cell, fabriqués par la société Green Max et vendus en France par la Caahmro. » Ces modules en polypropylène renforcé de fibre de verre et de tubes en acier galvanisé, mesurant 60 x 120 cm pour une hauteur de 40 cm, peuvent être assemblés selon divers appareillages tout en assurant la tenue des fosses de plantation, avec une résistance de 14 t/m². « Grâce à ce procédé, le volume de substrat dédié aux arbres est garanti », conclut Christian Bréand. Sans compter qu'en ville, il présente aussi « l'avantage de faciliter la mise en place des réseaux souterrains, toujours difficiles à faire passer dans les mélanges terre-pierre ». À noter que lorsque de la fibre optique passe au travers des fosses, elle est protégée des racines des arbres par une barrière antiracines d'un millimètre d'épaisseur, un investissement justifié par le coût élevé d'une éventuelle rupture de la fibre.

2 UNE TECHNIQUE D'INSTALLATION ADAPTÉE

Les modules ont été installés le long des quais, en tranchées continues de 80 m, sur une largeur de 1,6 m et une profondeur de 80 cm à 1,2 m. Ils ont été cloués sur un fond de forme constitué de pierre calcaire drainante. Les côtés des modules ont été protégés avec une toile retenue par un treillis soudé pour éviter que la terre ne se tasse sous la pression du concassé adjacent. Ce treillis a également été utilisé au moment de la plantation pour l'ancrage de la motte. Les modules situés sous les parties circulées ont été recouverts d'un couvercle sur lequel repose une couche de concassé puis une grave de ciment, le tout devant mesurer au moins 45 cm d'épaisseur. La résistance du système a permis d'installer des candélabres sur certains modules.

Les points destinés à accueillir des arbres ont été matérialisés par un cadre en bois perdu, installé sur un module Silva Cell dépourvu de couvercle. Ce cadre vient affleurer à 15 cm sous la surface du sol fini. Il permet d'assurer à la plantation une finition parfaite. Un guide de racines a été installé à l'intérieur du cadre pour orienter ces dernières en profondeur et les obliger à se développer dans les modules. Les arbres, qui disposent en moyenne de 30 m3 de terre, ont été plantés dans un mélange de terre végétale additionnée à 30 % de compost, le tout ayant été plombé à l'eau au moment de la mise en oeuvre. Du fumier de mouton a en outre été rajouté et les sujets ont été mycorhizés. À la fin des travaux, des pavés posés sur du sable ont été placés jusqu'au pied des arbres. Dans la première tranche, réalisée au cours de l'hiver 2011-2012, les pavés se sont un peu tassés, nécessitant une intervention pour leur remise à niveau.

3 PAS PLUS CHER QU'UN MÉLANGE TERRE-PIERRE

Le marché, dans sa globalité, a coûté à la Ville de Troyes plus de 6 millions d'euros, dont 350 000 euros pour les seuls espaces verts. Les modules de plantation, au nombre de 1 100, ont coûté autour de 100 000 euros à eux seuls. L'appel d'offres passé en 2011 spécifiait que les entreprises seraient notées à 60 % sur la note technique et à 40 % sur le prix. C'est la société ISS qui a réalisé les travaux, la dernière tranche devant se terminer prochainement.

Le linéaire total du chantier est à ce jour de 300 m mais, à terme, il est prévu de réaménager 2 km supplémentaires de voirie. En tout, trente-cinq charmilles ont été plantées, cinq amélanchiers et dix Prunus, pour un coût de 30 000 euros environ. « Planter en mélange terre-pierre aurait coûté sensiblement la même chose, indiquait Christian Bréand lors d'une intervention aux assises régionales du fleurissement de la région Centre, à Romorantin-Lanthenay (41), le 27 septembre dernier. Mais avec le système Silva Cell, nous pensons que nous nous sommes donnés les moyens de réaliser une plantation qui a un bel avenir devant elle. »

Pascal Fayolle

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement