PAUL CAMMAL, PRÉSIDENT DE LA COMMISSION MARAÎCHAGE ET HORTICULTURE DU COMITÉ FRANÇAIS DES PLASTIQUES EN AGRICULTURE (CPA) « Bientôt, les pots horticoles en plastique seront récupérés »

« Le plastique fait l'unanimité... contre lui ». Cette phrase d'introduction d'un article sur les paillages, dans notre édition n° 774 du 9 novembre 2011, a fait réagir le Comité français des plastiques en agriculture...

Pour vous, les plastiques ont toute leur raison d'être en agriculture...

« Ils permettent d'obtenir de meilleurs rendements ! Sans eux, l'agriculture et l'horticulture enregistreraient des baisses de rendement significatives de l'ordre de 40 à 60 %. Depuis les années 1955/1956, où ils ont commencé à être utilisés, ces produits n'ont cessé d'évoluer et de se diversifier. Dans l'élevage, grâce à l'enrubannage et à l'ensilage, ils protègent la qualité nutritive des fourrages et réduisent les pertes de 15 à 20 %. Dans le maraîchage, ils sont incontournables pour quasiment toutes les cultures : fraise, tomate, mâche, melon... En horticulture ornementale, ils protègent des intempéries (brise-vent, filets paragrêles...). Pour répondre à votre article sur les paillages, les plastiques permettent de lutter contre les adventices et limitent l'évapotranspiration. Enfin, ils protègent les fruits des souillures du sol.

Mais les paillages fluides apportent aussi ces avantages !

« Oui mais sur des cultures à rotation très courte il est compliqué de les mettre en oeuvre. Il est quasiment impossible de pailler avec un produit fluide, à un coût acceptable, de grandes surfaces de cultures qui ne durent que trois ou quatre mois. Par contre, pour les espaces verts ou des cultures longues, les produits plastiques se dégradent et sont trop difficiles à retirer et à collecter ; ils sont donc moins appropriés.

Les avantages vous semblent supérieurs aux inconvénients ?

« Oui. Les avantages sont largement supérieurs aux inconvénients surtout si l'on attend une agriculture propre, durable et productive, respectueuse des territoires et des hommes qui y travaillent. Les plastiques se dégradent lentement, c'est vrai, mais les professionnels du plastique agricole ont fait d'énormes progrès dans la collecte des produits usagés qui permettent la croissance des capacités de recyclage.

Justement, où en est la filière de collecte ?

« Depuis trois ans, elle fonctionne bien puisqu'elle aura récolté plus de 50 % des volumes commercialisés en 2011. Si nous devons poursuivre nos efforts pour augmenter les quantités collectées, nous devons aussi réduire au maximum les déchets organiques que nous récupérons. Un volume de 48 000 tonnes annuelles de films plastiques vendus neufs représentent 73 000 tonnes de produits usagés, soit 25 000 tonnes de souillures organiques (terre, paille...) qui se mêlent aux films plastiques usagés (FAU). D'où le projet Rafu, dans lequel nous sommes engagés avec le ministère de l'Environnement, l'Ademe, Adivalor, structure organisatrice des collectes, Invenio, Centre de recherche et d'expérimentation de la filière fruits et légumes d'Aquitaine, la Coved, structure de récupération, la Sita, recycleur industriel, et la société Jaulent, constructeur machine. Avec Rafu, d'ici trois ou quatre ans, nous devrions réduire de moitié le taux de souillure dans le plastique collecté. Mais depuis les emballages de produits phytosanitaires jusqu'aux piquets, ce sont tous les produits plastiques qu'il faudrait récupérer. C'est pourquoi nous travaillons aussi sur la collecte des ficelles, des filets et des gaines d'irrigation. Et ce sera bientôt le tour des conteneurs horticoles.

Pascal Fayolle

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