Le GEA, association créée en 1987, regroupe essentiellement des chercheurs, mais aussi des professionnels intéressés par le développement des connaissances autour des arbres, des buissons et des lianes, sous l'angle de la biologie, de la physiologie, de la biomécanique et de la morphologie. Grande première cette année, le séminaire était organisé en collaboration avec Frédéric Ségur, responsable de l'unité arbres et paysage du Grand Lyon. Une occasion d'élargir le périmètre des intervenants et des participants et de se centrer sur l'arbre urbain. Une centaine de participants étaient présents pour des échanges jugés très riches.
La reprise des arbres suivie sur vingt ans
La première matinée était consacrée aux visites de terrain à la Cité internationale où s'est déroulé à partir de 1994 le suivi de plusieurs expérimentations dans le cadre du projet Sciencil. L'objectif de ce programme était de mettre en place un observatoire du comportement de diverses espèces couramment plantées, en relation avec les caractéristiques des sols, entièrement reconstitués sur ce site. Les observations avaient été réalisées par des équipes pluridisciplinaires dans un cadre scientifique, afin de rendre possible une extrapolation des résultats et donc leur utilisation ultérieure par d'autres collectivités. Une rare opportunité de suivre en milieu urbain la reprise et le développement des arbres sur près de vingt ans et de faire la relation avec les conditions de sol, le calibre choisi à la plantation, l'arrosage des premières années. Des fiches de synthèse sur ces résultats sont en cours d'élaboration et seront publiées par Plante & Cité.
Les trois autres demi-journées ont permis la présentation d'une vingtaine de communications autour des techniques de plantation et de l'impact du sol, de l'arrosage, de la mycorhization ou de la conduite des arbres en pépinière ; du rôle de l'arbre sur la climatologie urbaine ou le sentiment de bienêtre des habitants, du fonctionnement hydrique des arbres ; des questions sur l'évaluation de la sécurité des arbres et de l'analyse du risque ; de l'utilisation des arbres dans les techniques de phytoremédiation. Nous reviendrons sur certains de ces sujets au cours des prochaines éditions.
Ne pas se complaire dans la fatalité
S'il était impossible d'envisager de synthétiser ces deux journées, à leur issue, Frédéric Ségur a proposé de retenir trois axes primordiaux pour faire de l'arbre urbain un élément majeur du paysage de demain.
Le premier concerne la question des plantations monospécifiques. Avec les problèmes sanitaires de ces dernières décennies, notamment sur l'orme, le platane ou les palmiers, il devient plus que nécessaire de réfléchir à diversifier les plantations.
Le deuxième point doit s'intéresser à l'identité des paysages. Des paysages que l'on croit présents depuis toujours, par exemple les palmiers sur la côte méditerranéenne ou les platanes sur les bords de route, sont en fait apparus récemment, à la fi n du XIXe siècle. Avec le bouleversement climatique et les épidémies, les changements de paysage sont inéluctables. La question pour le gestionnaire est de savoir comment faire accepter ces évolutions.
Enfin, le troisième volet concerne les conditions de vie des arbres en ville. Certes, elles sont difficiles, mais il ne faut pas se complaire dans un discours fataliste. Les conditions de vie des arbres sont celles qu'on veut bien leur donner ! Pourquoi a-t-on réussi au XIXe siècle et pas au XXe siècle ? Une réponse est peut-être à trouver dans l'hyperspécialisation des gestionnaires de l'espace public. Et les solutions pour redonner une vraie valeur aux arbres sont à rechercher dans des démarches collectives incluant diverses compétences comme dans ce séminaire...
Yaël Haddad