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L'Artysan » a le vent en poupe

Au Salon du végétal, les conférences du pôle « Prospectives végétales » ont permis d'aborder un grand nombre de sujets. En présentant la tendance « Artysan », Manuel Rucar, du cabinet Chlorosphère, a anticipé les demandes du marché des prochains mois...

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Si vous saviez de quoi demain sera fait… que feriez-vous de différent aujourd'hui ? Telle est la question qui anime le travail du cabinet Chlorosphère. Il examine les tendances de la consommation de notre société pour voir comment elles s'appliquent à notre secteur et à quelle échéance. Au Salon du végétal, le fondateur de l'entreprise a présenté un extrait des tendances 2013-2014. Pour mener à bien ses analyses, Chlorosphère s'appuie sur un éventail très large, prend ses sources dans la surveillance des marchés, sur les réseaux sociaux, dans la presse, dans tous les secteurs d'activité : les cosmétiques, la déco, la voiture... Objectif : en déduire des lignes de coexistence. « Nous cherchons à savoir ce qui se passe ailleurs. Cela permet d'amener une dynamique à notre secteur », précise Manuel Rucar. Et ce travail est réalisé à partir de milliers de sources et de photos reçues et analysées chaque mois.

Actuellement, le retour au côté humain est fort

Les études ont montré que les courants peuvent durer six mois ou plusieurs années. On peut y percevoir des styles qui se dessinent, ont des valeurs et des codes qui leur sont propres. Chacun peut aimer plusieurs tendances, une seule peut toucher différentes personnes et une tendance est souvent transversale. Ainsi, la couleur rouge, très en vogue en ce moment, transparaissait clairement dans les allées du salon angevin… Mais pour qu'une entreprise puisse surfer sur une tendance, il faut qu'elle l'anticipe : « De deux ans à deux ans et demi de recherche sont nécessaires pour se lancer » et adapter son process à la demande du marché.

Mais au fait, à quoi sert ce travail ? « À structurer la filière. Quand on entre dans une jardinerie qui a pris en compte ces éléments, ce que l'on y découvre est cohérent avec les autres secteurs d'activité », explique Manuel Rucar. Son intervention lui a permis de présenter une tendance de fond, détectée en 2010, et qui ressort aujourd'hui. Unique, elle repose sur le fait que chacun veut un produit qui lui est propre, autre que celui de son voisin. « Je change une pièce dans ma maison. J'y consacre un peu plus d'argent, mais je veux quelque chose de différent de ce que j'avais jusqu'ici, ou que les meubles jetables que l'on voit partout », détaille le jeune chef d'entreprise.

Dans ce contexte, « Artysan » est une tendance de différenciation qui marie une touche « arty » à une autre « artisan », pour la lenteur et le « fait main ». « Il y a là un côté humain qui revient fortement en ce moment, précise-t-il. L'interpénétration des plantes et de la couture est, par exemple, très visuelle. La maison Dior a utilisé beaucoup de végétal pour son dernier défilé, et on constate que la laine et le coton sont très présents en fleuristerie. »

Comment tout cela se traduit-il dans un magasin, ou plus précisément dans une jardinerie ? « Par des achats de plantes classiques, traditionnelles, comme des géraniums ou des kalanchoés, mais dont la floraison va offrir une couleur originale. Du côté du mobilier de jardin, la résine, qui avait perdu du terrain, reprend des couleurs grâce à un travail sous forme de fil tressé. La sculpture se retrouve également au jardin et fait appel à différents matériaux, parfois un peu chers, comme l'acier Corten. Sur les foires aux plantes, le troc émerge depuis 2010. Enfin, pour les plantes, la dimension “artisan” permet parfois de faire fi de l'originalité, à condition d'avoir recours au savoir-faire manuel, avec des pots artisanaux, par exemple, ou des choses très texturées. »

Autre mode qui renaît : le yarn bombing, qui consiste à recouvrir de laine ou d'un autre type de fil des arbres et des éléments de la vie urbaine. Pourquoi ne pas décliner cette tendance aux produits qui gravitent autour du végétal...

Pascal Fayolle

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