Login

Plants de pépinière greffés : des opportunités à saisir

Dans un ou deux ans, les jeunes plants d'érables japonais ou de cornouillers pourraient être recherchés sur le marché européen. Il faudrait les greffer dès maintenant.

Installés dans le Loiret, Jean-Claude et Nicole Bergerard ont développé leur entreprise de greffage pendant plus de quarante ans. Aujourd'hui, ils souhaitent la transmettre. Les débouchés et le potentiel de développement sont importants...

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Greffoir à la main, Jean-Claude Bergerard incise de façon précise la branche, taille la racine et assemble le tout. Le geste est bien rodé. Et pour cause, Jean-Claude est « greffeur » depuis plus de quarante ans. Installé à Saint-Cyr-en-Val, dans le Loiret, il a développé son activité dans toute la France. Partant de rien, il a créé son entreprise, ses marchés, ses réseaux et surtout un savoir-faire incomparable. « Les conditions climatiques sont un critère de réussite de la greffe. Pour les glycines, les bois sont coupés en janvier, mais pour une année froide comme 2013, c'est en avril qu'on les greffe. »

Son coeur de métier : les greffes des arbustes d'ornement et de conifères. Il répond également aux différentes sollicitations de collectionneurs, par exemple pour des pommiers d'une variété locale ou pour des acacias mellifères expédiés en Hongrie. Jean-Claude Bergerard est l'un des seuls en France à greffer certains cultivars de bouleaux ou des Cornus kouza chinensis. « Je connais les entreprises qui fournissent des greffons. J'arrive à en récupérer quelques-uns, puis je les multiplie. Nous sauvons des végétaux très rares. C'est le vrai métier de pépiniériste ! »

De la greffe au jeune plant

Ses clients principaux sont de grandes pépinières, ou bien des pépinières qui se démarquent avec des végétaux originaux et peu connus. « Certaines sociétés font appel à mes services lorsqu'elles ratent une multiplication ou quand les quantités sont trop importantes. C'est un savoir-faire de greffer 25 000 glycines en quelques jours ! », ajoute Jean-Claude Bergerard. Son activité varie de la simple greffe en travail à tâche, qui assure un apport rapide en trésorerie, à la culture des porte-greffes (80 % de son activité) pendant deux ans pour les livrer, en automne, sous forme de jeunes plants. La plus-value est alors intéressante, le plant est vendu cinq fois plus cher qu'un plant en godet standard. Cette méthode demande de l'anticipation et la connaissance des marchés : « Dans un ou deux ans, les jeunes plants d'érables japonais ou de cornouillers pourraient très bien s'écouler sur le marché européen. Il faudrait les greffer dès maintenant. Il y a fort à parier qu'avec la crise, les particuliers reviennent également vers les fruitiers. »

Une technique qui s'apprend rapidement

Mais à 65 ans, Jean-Claude, et sa femme Nicole, qui est à la tête de l'exploitation, ne souhaitent plus se développer. Ils veulent céder leur entreprise, ou plutôt transmettre leur savoir-faire. « Ce n'est pas l'aspect financier qui nous intéresse, mais ce serait dommage de voir partir en fumée cette technique, alors qu'il y a un potentiel de développement important », précise Nicole.

En France, les greffeurs qui commercialisent du jeune plant sont rares. Certains commencent également à chercher des successeurs. Mais face à l'absence de repreneurs, ils s'inquiètent pour la reproduction de végétaux peu connus. Autrement dit, le potentiel de croissance de l'activité greffage est important, tant en France qu'en Europe.

Aujourd'hui, Jean-Claude procède seul au greffage, mais il y a quelques années, il était accompagné de trois salariés. « C'est un travail qui occupe plus qu'à temps plein pour une personne. Je suis donc obligé de refuser des commandes. Dès la première année d'installation, le chiffre d'affaires peut être supérieur à 80 000 euros », indique le pépiniériste. Uniquement les installations (une serre chauffée de 1 000 m² avec écrans thermiques et chauffage au sol, 1 500 m² de tunnel, un forage, des planches hors sol...) sont à vendre. Le terrain d'un hectare est en location. « Depuis notre retraite, notre fils exploite les quatre autres hectares de la parcelle. Il peut y avoir des collaborations », ajoute Nicole.

La technique du greffage s'apprend rapidement. Néanmoins, le suivi technique et la culture du porte-greffe demandent de l'expérience pour suivre le cycle végétatif. Jean-Claude, maître de stage à la maison familiale et rurale (MFR) et à l'Institut rural, propose un tutorat pendant deux ans pour accompagner le repreneur et se retirer progressivement de l'entreprise. Mais surtout pour transmettre son savoir-faire !

Aude Richard

Une volonté de céderJean-Claude et Nicole Bergerard veulent transmettre leur savoir-faire, dont le marché offre un important potentiel.

Un savoir-faire rarePour les glycines, les bois sont coupés en janvier, mais lors d'une année froide comme 2013, on les greffe en avril.

Des prix soutenusLa plus-value est intéressante. Le plant peut-être vendu cinq fois plus cher qu'un plant en godet standard.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement