L'amélioration en trompe l'oeil de notre balance commerciale
Pour la deuxième année consécutive, en 2012, la balance du commerce extérieur de la France pour les « plantes vivantes et produits de la floriculture » a vu son déficit chronique se résorber légèrement. Mais cette embellie est essentiellement due à la baisse de la consommation...
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Environ 840,5 millions d'euros. C'est mieux que le milliard frôlé en 2010 et mieux que les 860 millions d'euros de l'an passé, mais c'est tout de même une lourde facture. C'est en tout cas celle du déficit du commerce extérieur des produits horticoles, le fameux chapitre VI de la nomenclature douanière. On pourrait se consoler en se disant qu'il faut remonter à 2005 pour trouver un chiffre aussi bas. Mais, malheureusement, cette statistique repose plus largement sur le fait que les achats de plantes des Français ont diminué en 2012 (voir le Lien horticole n° 848-849 du 26 juin 2013) que sur une embellie spectaculaire de nos exportations ou sur une meilleure couverture de nos besoins par la production domestique. C'est la seconde année de suite que notre déficit recule. Il faut remonter à 1991-1993, avec la première guerre du Golfe et une funeste augmentation de la TVA sur les produits horticoles, pour retrouver un tel phénomène. Depuis, seules les années 2001 et 2007 avaient vu le déficit se résorber légèrement.
Les fleurs coupées en têteet en provenance des Pays-Bas
Les exportations françaises sont en baisse : 135,2 millions d'euros de produits horticoles sont sortis de nos frontières. Une baisse quasi constante depuis 2002, où elles avaient atteint leur sommet avec 200 millions d'euros. La baisse touche également les importations : - 2,4 % (- 13 % en 2011) pour se situer à 975,7 millions d'euros. En 2010, l'année du record, elles comptaient plus de 1,1 milliard d'euros.
Pour conclure, FranceAgriMer, qui vient de publier l'ensemble des chiffres repris dans cet article (*), précise que la France importe sept fois plus en valeur de produits horticoles qu'elle n'en exporte. Le chapitre VI des douanes comprenant quelques produits qui ne sont pas issus de l'horticulture ornementale (« blanc de champignon »...). Lorsqu'on les enlève, les importations ne se chiffrent plus « qu'à » 865,2 millions d'euros (- 2,6 %), et les exportations fondent comme peau de chagrin (65,2 millions d'euros, - 11,4 %)... Sans surprise, le plus gros déficit de notre balance commerciale concerne les fleurs coupées, avec 301 millions d'importations, 8,1 millions d'exportations et par conséquent un déficit de 292,9 millions d'euros. Pour les plantes d'intérieur, les imports sont de 260,8 millions, les exports de 7,3 millions, pour un déficit de 253,5 millions d'euros. Enfin, les végétaux d'extérieur constituent sans surprise également notre plus beau chiffre d'exportations, soit 31,2 millions d'euros, contre 197,5 millions d'importations, pour un déficit de 166,3 millions d'euros. Les bulbes et les feuillages frais représentent des chiffres bien inférieurs. À noter que les végétaux d'extérieur sont la seule catégorie dont la balance commerciale s'est dégradée entre 2011 et 2012. Toutes les autres voient leur déficit se résorber en 2011 puis en 2012. Au final, les fleurs coupées représentent 34,8 % de notre déficit commercial, les plantes d'intérieur 30,1 %, les végétaux d'extérieur 22,8 %.
L'Union européenne constitue l'essentiel de notre commerce extérieur horticole. Près de 95,7 % de nos importations proviennent de l'Europe à 26, qui absorbe 75,5 % de nos exportations. Les Pays-Bas produisent 64 % de nos importations, soit 88,4 % de la valeur des fleurs coupées fraîches que nous achetons et 86,2 % de nos roses fraîches, par exemple. Notre second fournisseur est la Belgique (11,3 % de nos imports), devant l'Italie (8,1 %), l'Espagne (5,4 %) et l'Allemagne (3,1 %)... En ce qui concerne les exportations, nos principaux clients sont les Pays-Bas, (19,4 % de nos ventes à l'étranger), suivis de l'Italie (12,5 %), la Suisse (10,8 %), le Royaume-Uni (9,5 %) et l'Allemagne (8,5 %). Le secteur des plantes ornementales ne représente que 48,1 % de nos exportations de plantes vivantes, les végétaux d'extérieur d'ornement captant 23,1 % des ventes hors de nos frontières, les bulbes 10,6 %, les fleurs coupées 6 % et les plantes d'intérieur 5,4 %.
Si on analyse en détail les principales catégories de végétaux, on peut noter que les plantes d'extérieur sont essentiellement importées des Pays-Bas, de Belgique et d'Italie, et exportées vers le Royaume-Uni, l'Allemagne et l'Italie. En 2012, nos exportations ont baissé de 2,5 millions d'euros à 31,2 millions. Les importations ont, par contre, progressé en raison de l'augmentation des imports d'arbres et d'arbustes. Du côté des plantes d'intérieur, plus de la moitié de nos achats sont réalisés aux Pays-Bas. Nos ventes sont tournées vers les Pays-Bas, la Suisse et l'Allemagne. Enfin, pour les fleurs coupées, près de 90 % de nos achats sont faits aux Pays-Bas, contre 28 % de nos ventes (24 % en Italie...).
Pascal Fayolle
(*) Données de la direction générale des douanes, relevées sur lekiosque.finances. gouv.fr et auprès d'Ubifrance.
Plantes en potLes exportations de plantes en pot françaises sont réduites à la portion congrue : 7,3 millions d'euros.
Plantes d'extérieurLes plantes de pépinière représentent nos meilleurs scores à l'exportation, grâce aux jeunes plants, en particulier.
Fleurs coupéesLes fleurs coupées constituent le plus gros déficit commercial de l'horticulture française, soit 292,9 millions d'euros.
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