L'horticulture italienne souhaite améliorer sa compétitivité
L'Italie reste un des principaux pays producteurs horticoles européens. Mais face à la crise et à une demande intérieure en baisse, elle cherche des solutions pour préserver son positionnement.
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Même en temps de crise et avec l'entrée de nouveaux pays sur le marché mondial, le secteur horticole italien montre un relatif dynamisme, qui n'occulte toutefois pas une grande variabilité selon les régions et les cultures concernées. Pour conforter sa position, il doit s'affranchir de nombreux obstacles, notamment l'atomicité de l'offre et le manque de structuration.
Un secteur important de l'agriculture
L'horticulture italienne contribue à plus de 6 % en valeur à la production agricole du pays. La surface moyenne des exploitations est de moins de 1 ha pour la floriculture et d'environ 2 ha pour la pépinière. Le secteur est donc dominé par des entreprises à caractère familial ; pourtant, 4 % d'entre elles concentrent 44 % de la surface. La valeur à la production atteignait 2,8 milliards d'euros en 2011 (3,1 milliards d'euros en 2008) : 1,5 milliard d'euros pour les fleurs et les plantes en pot, et 1,3 milliard d'euros pour les produits de pépinière (arbres et arbustes). Au niveau européen, le secteur horticole représentait 19,8 milliards d'euros (estimation 2011, source : Eurostat). Avec environ 30 000 ha consacrés à l'horticulture ornementale (chiffres 2010), l'Italie est le plus gros pays producteur européen en surface, devant l'Allemagne, les Pays-Bas et la France. En valeur, il se place en deuxième position, après les Pays-Bas, et devant l'Allemagne et la France.
L'horticulture italienne peut se reposer sur la richesse de sa flore méditerranéenne, son savoir-faire séculaire et des conditions climatiques favorables à l'obtention d'une large gamme de produits cultivés en plein air ou serre froide. La Toscane, la Ligurie et la Lombardie constituent les trois principales régions horticoles en termes de nombre d'entreprises et de surface.
Des faiblesses à surmonter
Le secteur souffre cependant du manque d'infrastructures nationales. Cette difficulté est particulièrement flagrante dans le sud, où il est moins coûteux d'importer des fleurs des Pays-Bas que de les faire venir des régions avoisinantes. La fragmentation de l'offre ne facilite pas le développement sur les marchés en croissance d'Europe du Nord ou de l'Est. La crise, l'augmentation de la concurrence internationale et des coûts de production ont entraîné la fermeture d'entreprises ; mais d'autres sont menacées par le manque de coordination entre les acteurs de la chaîne d'approvisionnement (producteurs, sociétés de transport, grande distribution...), et de collaboration avec les instituts de recherche et les paysagistes. Le rapport « Piano delsettore florovivaistico 2010- 2012 », du ministère italien de la politique agricole alimentaire et forestière, propose une série de mesures visant à renforcer l'économie horticole afin d'améliorer sa compétitivité sur le marché communautaire et international. Il soulève d'autres faiblesses : des coûts de production élevés ; un manque de coopération entre entreprises pour favoriser les économies d'échelle en production, commercialisation et promotion ; une forte saisonnalité des ventes ; des contraintes structurelles (géographie, loi limitant la construction de nouvelles serres, concurrence foncière...) ; un accès difficile au crédit ; la nécessité d'une formation professionnelle adaptée ; l'absence de certifications assurant la qualité des entreprises et des produits...
Les effets de la crise pour l'ensemble des filières
Globalement, depuis 2000, les filières plantes en pot, et arbres et arbustes présentent une légère croissance, au contraire des fleurs et feuillages coupés (à prix constant, celle-ci n'a cessé de baisser). Le solde de la balance commerciale est positif pour les arbres et arbustes, déficitaire pour les plantes d'intérieur et les fleurs coupées. La crise s'est traduite dès 2009 par une chute à la fois de la production et des ventes, quelle que soit la filière (plantes en pot, fleurs coupées, pépinière...). En pépinière, par exemple, la baisse des revenus de 10 à 30 % a entraîné des fermetures d'entreprises et, pour d'autres, des réductions du personnel ; seuls les grands établissements tournés vers l'exportation ont tiré leur épingle du jeu. Le marché intérieur s'est effondré. Les achats de végétaux par les familles italiennes ont diminué de 2008 à 2010, pour tourner actuellement autour de 2 milliards d'euros. Les municipalités manquent encore d'argent pour investir dans les espaces verts. Les travaux publics et le bâtiment sont à l'arrêt. Le marché des paysagistes, des jardins privés et publics est estimé à 2 milliards d'euros. L'année 2011 a marqué les premiers signes de reprise – au moins pour les plantes en pot et la pépinière –, la précédente ayant été affectée par le mauvais temps du printemps et une demande intérieure faible.
Ouverture vers de nouveaux marchés
Les expéditions d'arbres et d'arbustes se font toujours majoritairement vers le territoire européen, la France et l'Allemagne constituant les principaux débouchés, suivis du Royaume-Uni. Mais elles connaissent par ailleurs une très forte croissance vers les pays hors Union européenne : la Corée du Nord, le Turkménistan, l'Algérie, le Tadjikistan, Malte, l'Estonie, l'Irak, la Turquie, voire la Chine. Les pépinières investissent de nouveaux marchés : Benghazi, en Libye, et sa reconstruction, Sotchi, en Russie, et ses Jeux olympiques d'hiver.
Côté plantes d'intérieur, les exportations ont connu une hausse en 2010 par rapport à 2009 : vers l'Union européenne (Allemagne, France, Pays-Bas, Autriche, Belgique), mais aussi les pays tiers (Liban, Arabie saoudite). En revanche, les importations augmentent aussi fortement.
Les achats à l'étranger (Pays-Bas, Thaïlande, Équateur, France...) de fleurs et de feuillage coupés croissent depuis de nombreuses années. Certaines entreprises italiennes ont cependant su investir des marchés de niche, non soumis à la concurrence étrangère. Quant aux exportations, elles se réalisaient à plus de 90 % vers l'Union européenne, avec des hausses importantes vers l'Espagne, la Pologne et la Roumanie en 2010.
Une province qui joue la carte de la synergie : Pistoia
La pépinière constitue l'activité principale de Pistoia. Les entreprises exportaient en 2005 environ 60 % de leur production, qui représentait trois quarts des volumes régionaux de Toscane et un tiers du volume national. Dans cette province, producteurs et politiques s'entendent pour faire connaître le savoir-faire de la filière pistoièse en dehors des frontières. Faute d'une estampille « Made in Italy », la promotion et la communication tendent vers la valorisation de végétaux « Made in Pistoia ». En témoigne la récente inauguration du Pistoia Nursery Park (*). Mis en place par la pépinière Vannucci, avec l'aide de fonds publics (accordés par l'Europe, la Toscane et Pistoia), cette initiative privée permet à la fois le développement de l'entreprise et la valorisation de la province. Pistoia Nursery Park se positionne comme une vitrine du végétal, au même titre que Terra Botanica, en France, en Anjou.
Une autre démarche de communication est celle du groupe Giorgio Tesi et son trimestriel NaturArt, dont près de 10 000 exemplaires sont distribués dans 45 pays étrangers. Le magazine, qui aborde des sujets liés à l'art, l'architecture, les jardins... de Pistoia, est une véritable ode à la province. Quelques reportages sur Giorgio Tesi Group y mettent en avant la pépinière. Le groupe est également à l'origine du site internet www.aboutplants.eu. L'objectif de ce dernier est d'être un lieu d'échanges sur tout ce qui touche au végétal : production, paysage, recherche, botanique, phytosanitaire. Quant à la rencontre internationale « Vestire il Paesaggio », dont la troisième édition a eu lieu en juin, elle souhaite constituer un moteur d'échanges entre les différents acteurs (pépinières, paysagistes, services espaces verts, instituts de recherche...) et un outil de promotion...
L'entreprise Tesi Ubaldo & Figli est représentative du modèle économique de Pistoia (voir l'encadré), par son profil, son fonctionnement, son histoire et sa stratégie liés au succès de ce secteur géographique. « Il s'agit d'une entreprise familiale et francophile de taille intermédiaire (50 salariés) », explique Axel Levavasseur, qui y est employé depuis mai 2012. « La clientèle est fidèle. C'est une pépinière généraliste avec une surface importante en conteneurs. Elle travaille avec environ 200 producteurs. Comme beaucoup de responsables de pépinières de la région, Ubaldo Tesi était un agriculteur qui a orienté sa production vers la culture de fruitiers. La deuxième génération a été la première à exporter en France. Aujourd'hui, Riccardo Tesi est un amoureux de la France et compte beaucoup d'amis clients français. Aidé par ses cousines Barbara et Doris, il est à la recherche de nouveaux débouchés commerciaux. Tesi Ubaldo & Figli vend 50 % de sa production en France. La pépinière compte parmi ses clients quelques grandes maisons de l'Hexagone. Elle vend de plus en plus au Moyen-Orient (Turquie et Azerbaïdjan), comme beaucoup à Pistoia. Cette région du monde compense partiellement les effets de la crise en Europe. »
Valérie Vidril
(*) Voir le Lien horticole n° 850, page 6, « Pistoia inaugure son 'Nursery Park' ».
La demande intérieure en baisseLa chute des ventes concerne les achats des ménages, mais également ceux des collectivités.
Une solution : l'exportExporter vers les pays de l'Union européenne et vers les pays tiers permettrait à l'Italie de rebondir.
Pistoia Nursery ParkMis en place par la pépinière Vannucci, le parc se veut une vitrine végétale pour les acheteurs étrangers.
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