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Labellisation : la rose de qualité supérieure voit son avenir en rouge

Producteurs et distributeurs ont choisi la troisième semaine d'octobre pour débuter les ventes. Ce délai va permettre de décaler d'autant les premiers arrachages en pépinière vers la fin de saison végétative pour améliorer la maturité.PHOTOS : PÉPINIÈRES FÉLIX

Améliorer la qualité des rosiers vendus dans les magasins grand public pour redonner confiance aux consommateurs sur ce produit : tel est l'un des objectifs du futur rosier Label Rouge, actuellement en cours d'élaboration entre les producteurs et la distribution spécialisée.

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Pour les rosiéristes, le constat est sans appel : la vente des rosiers traditionnels est en chute libre à l'automne. Un phénomène dû en grande partie au niveau de qualité des produits proposés. Le problème identifié concerne essentiellement les ventes de végétaux en racines nues et conditionnés. Outre une mise en rayon trop précoce, dès début octobre, qui nécessite des arrachages en pépinière à partir de début septembre, les produits peuvent aussi rester très longtemps en rayon et se retrouver dans un état de desséchement avancé, certains modes de conditionnement ne permettant pas de réhumecter les racines.

Symbole de confiance et de qualité

Cette perte de confiance des consommateurs, ainsi que de nouveaux modes de comportement des jardiniers amateurs, ont favorisé les ventes de printemps et les rosiers en conteneur. Pour François Félix, vice-président de la FNPHP (Fédération nationale des producteurs de l'horticulture et des pépinières) délégué à la pépinière et responsable groupe rosier, il était urgent de réagir. « L'automne est la saison la plus favorable pour planter ces végétaux, et le meilleur produit reste le rosier en racines nues autant d'un point de vue économique qu'environnemental. En effet, la production d'un rosier en racines nues ou conditionné implique une consommation réduite en eau et en intrants par rapport à la production en conteneur. Redynamiser les ventes d'automne en racines nues est aussi une urgence économique pour les entreprises, car la saisonnalité des ventes en conteneur est très orientée sur le printemps, ce qui fragilise la trésorerie des producteurs. »

L'idée d'une charte de qualité a donc germé en 2009 au sein du groupe rosier de la FNPHP avec l'objectif de relancer l'intérêt du public pour les plantations d'automne en rassurant le consommateur sur la qualité du produit vendu. « Les discussions avaient très bien débuté avec les représentants de la FNMJ. Cependant, nous avons vite saisi les limites d'une telle charte : Quelle signification aura-t-elle pour le consommateur ? Aura-t-elle un impact réel ou sera-t-elle seulement un argument commercial ? Comment justifier d'une qualité de rosier supérieure ? » L'idée du Label Rouge est venue d'un représentant du secteur de la jardinerie, qui s'est appuyé sur l'exemple récent du dahlia : cette distinction représente, en effet, pour le grand public, un symbole de qualité et de confiance, à l'instar des produits alimentaires ainsi labellisés (voir l'encadré ci-contre). Les premières réunions de travail ont démarré à la fin de l'année 2010. Pour proposer un Label Rouge, il est au préalable nécessaire de créer un organisme de défense et de gestion (ODG). Cette démarche ayant déjà été réalisée pour le dahlia, avec l'association Excellence Végétale, il fallait créer une section rosier (*), ce qui a été fait en novembre 2010. Elle est présidée par Jean-Marc Pilté, rosiériste à Bellegarde (45). Elle réunit douze producteurs et six enseignes spécialisées. Les jardiniers amateurs sont représentés par la Société nationale d'horticulture de France (SNHF). De plus, Maurice Jay, professeur de biologie à l'université Lyon 3 et président de la Société française des roses, y apporte son expertise et un véritable crédit scientifique. Ces membres travaillent depuis début 2011 sur l'élaboration d'un cahier des charges. Dans un premier temps, l'objectif est d'aboutir à un Label Rouge pour les rosiers en racines nues et conditionnés, à l'horizon fin 2014 ou 2015. Ceux en conteneur feront l'objet d'une seconde étape. Au départ, il s'agit de déterminer ce qu'est la qualité standard, et ce que sera la qualité supérieure. Il convient ensuite de définir comment l'obtenir, puis comment l'amener au consommateur. Tous ces éléments doivent être écrits dans le cahier des charges qui sera présenté à l'Inao (Institut national de l'origine et de la qualité). Celui-ci doit pouvoir s'assurer, par l'examen de ce document, qu'une qualité supérieure a bien été identifiée. Aujourd'hui, après plus de deux ans de travaux, cet outil est prêt à être examiné par une commission de l'Inao.

Proposer de la qualité et du choix

L'objectif du Label Rouge est double : apporter au consommateur une qualité supérieure depuis la production jusqu'à la commercialisation, et lui garantir un choix de variétés de la meilleure qualité. Sur le premier objectif, la date de début de la saison de vente a fait l'objet d'intenses discussions entre producteurs et distributeurs, qui se sont mis d'accord sur la troisième semaine d'octobre. C'est un grand progrès par rapport à la mise en vente du produit courant, qui commence aujourd'hui dès la fin du mois de septembre. Ce délai va permettre de décaler d'autant les premiers arrachages en pépinière vers la fin de saison végétative pour améliorer la maturité. Le conditionnement retenu est un pot de 3 l. Tous les autres emballages, jugés trop peu performants pour garantir la bonne conservation, ont été écartés (pochettes, pots de 2 l, etc.). Le suivi de la qualité en rayon est un autre enjeu. Cette qualité ne dépend pas seulement de la plante et de son conditionnement : le vendeur doit être conscient de la façon de gérer son produit. L'emplacement du rayon, l'entretien, la qualité de l'arrosage, les quantités commandées et le réapprovisionnement sont autant de points sur lesquels les magasins devront mettre en oeuvre les moyens de maintenir les critères du produit labellisé. Le second objectif est de faire connaître et de valoriser auprès du consommateur le travail de création et de sélection des nouveautés, car elles apportent réellement une qualité supérieure tant pour la résistance aux maladies que la qualité de la plante et de la fleur. Pour ce faire, le Label Rouge ne sera attribué qu'aux variétés détenant un Certificat d'obtention végétale (COV) délivré depuis moins de cinq ans, véritable garantie de l'authenticité génétique et du caractère nouveau du rosier.

Une grille de notation spécifique

Toutefois, le seul critère du COV ne suffit pas à rendre une variété éligible : pour y parvenir, elle doit encore passer des tests d'évaluation. Une grille de notation spécifique a été mise au point. Elle comprend cinq critères : qualité de la plante, qualité de la fleur, résistance aux maladies, parfum et impression générale. Pour rendre plus efficace ce travail de notation, la section rosier d'Excellence Végétale a choisi de s'appuyer sur de grands concours internationaux de roses (ceux de Lyon et de Paris Bagatelle dans un premier temps, puis celui de la SNHF ensuite) en se basant sur les notes pour déterminer les élues au Label Rouge. « Ces concours réunissent de nombreux spécialistes qui pourront ainsi, en utilisant la grille d'évaluation, nous faire partager leur savoir-faire. En contrepartie, la notoriété du Label Rouge sera l'occasion de mieux faire connaître ces moyens de sélection au grand public », poursuit François Félix. « Le choix des variétés est la partie qui nous a le plus occupés. Depuis le début de 2011, nous avons organisé près de vingt réunions sur le sujet ! Pour les produits qui ont déjà été lancés sur le marché et qui possèdent un COV, nous avons recherché les notes obtenues dans les archives des concours. Nous les avons ensuite passées au crible de notre propre grille de notation, c'est ce qui a permis de constituer une gamme pour le démarrage. » Pour l'association Excellence Végétale, il est important de déterminer l'étendue de cet éventail pour offrir un véritable choix aux consommateurs. Au moment du lancement, un nombre compris entre soixante-dix et cent variétés semble cohérent. À terme, on pourra en compter plus de cent cinquante. Au final, la démarche de qualité supérieure du rosier a forcé les professionnels à améliorer l'ensemble du parcours de production, depuis le travail de création jusqu'au magasin, en passant par les phases de production. Elle sert, à ce titre, l'ensemble de la filière...

Claude Thiery

(*) Excellence végétale comprend actuellement trois sections : dahlia, rosier et sapin de Noël. Une section géranium est en projet.

Développement durable. « Pour produire des rosiers en racines nues ou conditionnés, il faut réduire la consommation en eau et intrants », souligne François Félix, vice-président de la FNPHP.

Qualité. L'objectif est d'apporter une qualité supérieure de la production jusqu'à la commercialisation et de garantir un choix de variétés du meilleur niveau.

Valorisation. La garantie du Label Rouge dépendra non seulement de la plante et de son conditionnement mais également de son emplacement et de son entretien en magasin.

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