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AUXILIAIRES INDIGÈNES 1. Les syrphes

Voici le premier volet d'une série d'articles sur les principaux arthropodes auxiliaires présents de manière spontanée : comment les reconnaître, quels sont leurs hôtes ou leurs proies, comment les favoriser afin qu'ils puissent protéger les plantes cultivées ? Cet article s'intéresse à l'une des familles les plus connues des auxiliaires floricoles : les syrphes.

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Prédateurs de pucerons au stade larvaire, les syrphes peuvent consommer chacun jusqu'à trente pucerons par jour. Ils sont très efficaces pour en nettoyer une feuille. La larve, asticot apode, se soulève et balance les deux tiers de la partie antérieure pour rechercher une proie. Elle est donc très facile à observer sous le dessous des feuilles, surtout en présence de pucerons.

1 CRITÈRES DE RECONNAISSANCE DU SYRPHE

L'observation de ces insectes permet d'établir des éléments de reconnaissance :

- deux ailes (diptères), des antennes courtes (brachycères), comme les mouches ;

- vol stationnaire, et changement brusque d'orientation ;

- ressemblance soit à une abeille (éristales), soit à une guêpe ; ne pique pas ;

- asticots apodes, peuvent être blancs, jaunes, oranges ou verts, et mesurer jusqu'à 15 mm ; ces larves peuvent être observées d'avril à août ;

- pupes en forme de gouttelettes.

2 PRÉSENTATION DE QUELQUES ESPÈCES INTÉRESSANTES.

les cinq cents espèces présentes en France, les plus intéressantes en protection des plantes et les plus courantes dans les agroécosystèmes sont celles rappelant une guêpe : Sphaerophoria scripta (syrphe porte-plume, 9-12 mm), Melanostoma mellinum et Melanostoma scalare (5-9 mm), Episyrphus balteatus (syrphe ceinturé, 9-12 mm, dans les milieux bordés d'arbres où il se repose), Eupeodes corollae (syrphe des corolles, 6-10 mm), Scaeva pyrastri (syrphe du poirier, 10-15 mm), Syrphus ribesii (syrphe du groseillier, 10-12 mm)…

3 DES BESOINS BIOÉCOLOGIQUES PROPRES À CHAQUE ESPÈCE

Pour se reproduire, l'adulte - plus particulièrement la femelle - a besoin de pollen et de nectar qu'il va pouvoir trouver sur les plantes en fleur environnant les parcelles. La femelle attirée par le miellat des colonies de pucerons va s'en alimenter et pondre à proximité. Bien nourrie, elle peut alors pondre jusqu'à 1 000 oeufs un à un. Ils éclosent après huit jours environ d'incubation. Chaque espèce n'a pas le même comportement ni la même bioécologie, par exemple en matière d'alimentation des adultes. Alors que le porteplume choisit les astéracées (marguerite, matricaire, chrysanthème des moissons, achillée millefeuille…) ou encore les rosacées, les Melanostoma préfèrent les plantes à fleurs multiples, en épis et minuscules comme la renouée persicaire et les plantains. Les syrphes hivernent au stade adulte dans les haies, dans les endroits abrités du vent et de la pluie.

4 COMMENT FAVORISER LA PRÉSENCE DES SYRPHES ?

En contrôle biologique par conservation, comme la bioécologie des syrphes est différente d'un groupe à un autre et surtout d'une espèce à une autre, il est très difficile de dire exactement quels sont les aménagements et surtout quelles sont les plantes à apporter. Il est important de retenir qu'il faut une présence de végétaux fleuris toute l'année, de l'hiver à l'automne.

Les haies servent de sites d'hivernage grâce aux plantes à feuilles persistantes (houx, lierre...) ou à celles aux feuilles marcescentes enroulées sur elles-mêmes (chêne, hêtre, charme...). Beaucoup d'essences des haies fleurissent en premier tels que les noisetiers, les prunelliers et les saules, et constituent des sites d'alimentation (les noisetiers sont par exemple riches en un puceron spécifique, justement appelé le puceron du noisetier). Le sureau, grâce à sa floraison de fin de printemps à début d'été, et ses pullulations d'Aphis sambuci (puceron spécifique) est une plante à favoriser. Les feuillages des arbres et des arbustes servent d'abris et de sites de repos toute l'année.

Voici une liste non exhaustive d'arbres et d'arbustes avec une floraison de février à septembre intéressants pour les syrphes mais aussi pour les autres auxiliaires floricoles : noisetier, saule blanc, saule marsault, prunellier, chêne, aubépine, rosier des chiens, cornouiller sanguin, sureau, troène, tilleul (à éviter dans une haie), châtaignier, mûrier, lierre… Il faut prendre en compte la nature du sol, du climat et du paysage patrimonial avant de faire son choix. On évitera toutes plantations d'essences hôtes de nuisibles : par exemple, des rosacées telles que les pommiers d'ornement parmi les massifs de rosiers.

Les bandes enherbées spontanées sont des sites réservoirs mais il faut les laisser fleurir. En effet, la diversité floristique y est très importante malgré le faible nombre de plantes à fleurs et la discrétion des fleurs souvent minuscules (plantain, rumex…). Si la diversité des espèces d'auxiliaires y est importante, l'abondance des syrphes peut être faible. Ces bandes servent plutôt de réservoir pour des auxiliaires moins courants liés à quelques phytophages qui pourraient s'avérer problématiques dans les prochaines années par l'arrêt de l'utilisation de certaines molécules insecticides chimiques ou la remontée des insectes vers le Nord due au réchauffement climatique.

Les bandes fleuries semées peuvent être très variées. Elles sont composées de plantes annuelles, bisannuelles et/ ou vivaces qui dépendent des objectifs du producteur qui les a semées. Les engrais verts composés de fabacées (vesce, luzerne, féverole…) avec quelques graminées sont favorables aux ennemis naturels. Ils sont riches en pucerons dont le puceron vert et rose du pois Acyrthosiphon pisum qui est un gros puceron appétant. Les mélanges précomposés par les semenciers peuvent être intéressants en complément des engrais verts, notamment ceux spécifiques pour auxiliaires, car quelques plantes attirent les syrphes. Attention, les mélanges esthétiques pleins de couleurs composés de plantes ornementales sont moins efficaces. Cependant quelques plantes vivaces sont attractives. Elles peuvent être apportées le long des tunnels ou des serres, près des entrées (voir tableau).

Johanna Villenave-Chasset (Flor'Insectes) et Cathy Çaldumbide (Alter'Nature)

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