Cyclamen : maîtriser l'aspect final grâce aux équilibres nutritifs
La station Ratho a présenté en novembre dernier, à Brindas (69), un essai sur cyclamen visant à maîtriser la forme du produit final en jouant sur la fertilisation.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
« Le mode de fertilisation actuel sur cyclamen est orienté sur l'utilisation d'engrais à libération contrôlée incorporée au substrat lors de l'empotage, en complément de l'engrais de fond mélangé lors de la fabrication du substrat, explique Serge Lepage, directeur de la station d'expérimentation Ratho. Cette pratique occasionne un développement trop important des premières feuilles de la base préjudiciable à l'esthétique du produit. » Afin de remédier à ce déséquilibre foliaire, la station a engagé une étude en 2012 en collaboration avec les établissements Morel afin de déterminer l'incidence des équilibres nutritifs solubles sur ce phénomène de luxuriance des feuilles. Il s'avère que le mode de fertilisation influence l'aspect commercial de la plante, et que le producteur doit gérer sa conduite en fonction d'une stratégie économique préétablie.
1 IMPACT DE LA FERTILISATION SUR LA CROISSANCE.
Les horticulteurs disposent de différents outils pour limiter la hauteur finie de leurs plantes, plus ou moins applicables selon les cultures : Dif négative (différence de températures jour-nuit), abaissement matinal de températures, régulateurs de croissance, luminosité, conduite sur le sec... Parmi ces leviers d'action, le choix de la formulation de l'engrais, notamment les proportions d'azote et de phosphore, se révèle judicieux pour contrôler le développement du végétal. L'apport d'azote à la fois sous forme de cation (ammonium NH4 +) et sous forme d'anion (nitrate NO3 -) favorise généralement la croissance. Le rapport ammonium/nitrate peut aussi avoir un effet particulier sur l'architecture de certaines espèces : le feuillage ayant tendance à être luxuriant et les tiges étirées lorsque ce rapport est élevé ; les entre-noeuds courts et la plante compacte lorsqu'il est faible. Une disponibilité insuffisante en phosphore se traduit souvent par une taille de la plante limitée, des feuilles réduites et d'un vert plus sombre. A contrario, un apport important favorise un développement plus important du feuillage et un étirement des tiges.
2 LE RATHO A TESTÉ TROIS ÉQUILIBRES.
La station a testé trois modalités de fertilisation sur cyclamen. La première correspond à la pratique « standard » : un engrais enrobé à libération contrôlée 8-9 mois 11-11-18 à 2,5 kg/m3 de substrat, complété par une fertirrigation Peters Excel 15-11-29 à 1 g/l dès la semaine 34. Deux variantes de fertilisation liquides ont été étudiées : 10-7- 20 à 1 g/l en continu ; et une fertirrigation alternée, d'abord très faible en azote et avec zéro phosphore (équilibre 2-0-15) pour favoriser la croissance végétative jusqu'en semaine 42, puis avec un rapport potasse-azote de trois (équilibre 7-5-23) pour favoriser la floraison.
Les établissements Morel ont fourni sept variétés de cyclamen, dont ‘Halios', la gamme la plus vigoureuse. « La phase de démarrage est une phase critique en culture de cyclamen », souligne Serge Lepage. La modalité engrais enrobés + engrais soluble, trop riche en N et P en début de culture, provoque un développement luxuriant des premières feuilles de la base, déséquilibrant l'aspect du feuillage. La plante finale offre un beau volume et une meilleure floribondité que celles des modalités solubles (une à six fleurs supplémentaires selon les variétés). La fertilisation sous-dosée en phosphore réduit, dès le début de culture, fortement le développement végétatif, qui doit ensuite être compensé en milieu de culture par un engrais équilibré ; le produit final est plus compact.
« Mais quel serait l'intérêt de prendre ‘Halios' pour faire de la petite plante alors qu'il existe des variétés plus adaptées, comme ‘Latinia' ? », interroge un producteur. « Maîtriser le résultat final par la conduite culturale permet de fabriquer le produit qui répond à la demande du marché à l'instant t, en assurant une continuité de production – par exemple en mettant en culture ‘Latinia blanc' puis ‘Halios blanc' en maîtrisant son port – ou une diversité dans la gamme des produits proposés », explique Guy Schertzer, directeur adjoint ventes et marketing chez Morel.
3 CHOIX DE FERTILISATION ET STRATÉGIE ÉCONOMIQUE.
plante obtenue avec l'enrobé est à destiner à un marché de vente au détail et de proximité, avec une qualité « producteur ». « Mais ce produit final n'est pas rentable pour le marché de la grande distribution, explique Serge Lepage. Lorsque les prix sont tirés vers le bas, il est essentiel de raisonner en termes de coûts de production et d'optimiser la surface occupée par semaine. Le suréquipement pour gagner des points d'énergie n'est pas forcément payant. Il faut travailler sur les problèmes logistiques de transport et d'optimisation des rolls, donc sur des schémas de culture permettant de façonner la plante. »
Valérie Vidril
Pour accéder à l'ensembles nos offres :