Login

Cynoglosse officinale : une jolie « langue » presque perdue

Cynoglossum officinale est une bisannuelle indigène et vagabonde, à rosette hivernale et floraison attrayantes, raréfiée à l'état naturel en France.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Herbacée bisannuelle, la cynoglosse officinale ou « langue de chien » a été cultivée dans le passé, aidée par une réputation médicinale surfaite. Ses grandes rosettes hivernales peuvent garnir les massifs, et ses petites fleurs pourpres préparent de curieux fruits pustuleux et crochus. Son optimum écologique allie un sol sableux ou rocailleux sec en été, neutre ou alcalin, dépourvu de calcaire actif, plutôt riche en azote, avec une exposition chaude, et à l'abri des embruns salés ou routiers. Ses stations les plus naturelles correspondent aux berges des cours d'eau, aux dunes fixées calcaires, et aux clairières des forêts sur calcaire. Le voisinage de l'homme lui fournit aussi des conditions favorables (terrains vagues, friches, bords de chemins, prairies sèches et pelouses sableuses, coupes forestières, abords des habitations...). Cette plante est donc à la fois rudérale et d'amplitude écologique plutôt restreinte, son développement étant exclu des sols acides, trop compacts ou trop humides. Sa raréfaction paraît provenir de plusieurs facteurs coagissant : l'abandon de son usage médicinal et de sa culture au jardin, l'augmentation du tissu forestier dans le paysage, et le recul des franges entretenues de manière extensive en bordure des champs et des voies.

Touffes ornementales robustes

La cynoglosse officinale forme au cours de l'hiver une rosette très fournie de feuilles molles veloutées lancéolées, aux nervures apparentes, couvertes sur leurs deux faces de poils fins et appliqués. Au printemps, des tiges florifères feuillées s'élèvent en un racème de cymes scorpioïdes, portant des fleurs rouge cuivre à pourpres, proches d'un centimètre de diamètre, en entonnoir, allogames et riches en nectar. En conditions favorables, la plante peut culminer à 1,5 m, et produire quelques centaines de graines tout au plus. Les fruits aplatis, d'environ 7 mm de diamètre, couverts de petits grappins, sont surtout disséminés de manière aléatoire et parfois très loin, au hasard des déplacements des animaux ou des hommes. Gaston Bonnier cite la cynoglosse officinale cultivée comme plante ornementale, et mentionne l'existence de la variété à fleurs blanches tachées de rouge citée par Joseph Pitton de Tournefort, aujourd'hui perdue.

Christophe Chambolle (*) et Valéry Malécot (**)

(*) Ingénieur conseil en horticulture et paysage. (**) Maître de conférences en botanique.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement