Rhamnus alaternus : un arbuste d'une grande adaptabilité
Méconnu, le nerprun alaterne s'avère très utile pour étoffer les parcs, les jardins ou les haies, en climat méditerranéen ou atlantique.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Doté d'une très bonne longévité, pouvant devenir centenaire, le nerprun alaterne se rencontre à l'état sauvage sous la forme d'un tout petit arbrisseau prostré épousant le rocher. Il s'agit aussi d'un arbuste de 1 à 4 mètres de hauteur, au port arrondi et dense, voire d'un petit arbre de 5 à 8 m de hauteur, élancé sur les sols profonds bien ensoleillés et secs. Il est très répandu près de la Méditerranée, et encore assez commun sur les coteaux calcaires du grand sud-ouest de la France. Il est spontané jusqu'en Dordogne et en Isère, considéré comme naturalisé, et généralement cantonné au littoral, jusqu'en Bretagne. Il se reconnaît à ses rameaux non épineux, ses feuilles persistantes alternes, nombreuses, entières, le plus souvent ovales ou lancéolées, plus ou moins dentées, presque entièrement glabres, d'un vert sombre dessus, plus pâle dessous. Le limbe possède une marge étroite translucide. Il est coriace, souvent parcouru de deux à quatre nervures latérales bien marquées près de sa base, garni de petites niches ouvertes en face inférieure, en partie obturées par des poils et pouvant servir d'abris à la microfaune (domaties).
Les individus sont mâles ou femelles. La floraison très mellifère, abondante mais discrète, en petites grappes latérales, débute dès février et attire de nombreux insectes. Les fruits sont de petites drupes obovales, d'abord rouges, puis noires à la maturité, consommées et dispersées par beaucoup d'animaux.
Une vaste gamme d'emplois
L'alaterne supporte - 15 °C jusqu'au climat de Paris, voire moins dans son aire naturelle de distribution. Sa longévité, son adaptation à tous les sols, hormis ceux trop acides ou trop humides, lui confèrent de réelles potentialités dans une vaste gamme d'emplois. En limite de son aire d'utilisation, il conviendra toutefois de le réserver aux expositions les plus chaudes, ensoleillées et sèches. Un développement très rapide s'obtient sur les sols profonds, plutôt fertiles, mais bien drainés. Le vent et la restriction hydrique sont très bien supportés. Au jardin, l'alaterne est précieux dans la constitution rapide et durable d'écrans visuels ou de brise-vent sans entretien. Dans les haies, il est reconnu parmi les plantes indigènes efficaces comme relais aux auxiliaires des cultures. Dans les grands espaces, il garnit efficacement les massifs et les lisières par son port arrondi facile à former en petit arbre, tolère assez bien l'ombre, et mieux encore le vent ou la pollution, drageonne peu, accepte toutes les tailles, et peut rejeter de souche. Il se comporte aussi très bien en bonsaï. 'Argenteovariegata', de faible vigueur, à la panachure blanche très étendue, est une chimère plus ou moins stable, produisant les rameaux verts du type, tout en résistant bien au soleil.
Christophe Chambolle (*) et Valéry Malécot (**)
(*) Ingénieur conseil en horticulture et paysage. (**) Maître de conférences en botanique.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :