Login

Entreprises de production : dernière image avant mutation

PHOTOS : VALÉRIE VIDRIL (CI-CONTRE) ET PASCAL FAYOLLE (CI-DESSUS)

FranceAgriMer a livré les résultats du dernier observatoire des entreprises horticoles réalisé par Cerfrance. Il remonte à 2012 et la situation s'est dégradée depuis. Mais il s'agit des données officielles les plus récentes...

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Présenter en 2014 des statistiques datant de 2012, - connaissant le contexte des millésimes 2013 et 2014 pour le monde de la production -, relève un peu de l'analyse historique. Du style « avant, c'était comme ça. Mais ça, c'était avant ». Toutefois, enquêter prend du temps et, lorsque la commande de l'étude du secteur horticole a été formulée, personne ne pouvait deviner ce qui allait se passer au cours des deux saisons suivantes... Le fait est donc que Val'hor a présenté en juin dernier, à l'occasion de Jardins, Jardin aux Tuileries, à Paris, les résultats de l'Observatoire économique des exploitations horticoles et pépinières qui s'appuie sur les données du réseau Cerfrance, leader des activités en expertise comptable et en conseil auprès des utilisateurs. Une étude qui visait à « effectuer un suivi dans la durée de l'activité et de la santé financière des entreprises » et à « déceler des fragilités dans certains types de structures ». L'intention prêterait à sourire si la situation n'était pas aussi difficile aujourd'hui...

Le panel retenu comportait 201 sociétés réparties sur l'ensemble du territoire et représentatives de la répartition géographique des horticulteurs. Par rapport à la précédente analyse, qui portait sur la période 2010-2011, 9 % de l'échantillon a été modifié. Il s'agit d'entreprises de production (+ de 80 % horticole ou de pépinière) excluant les producteurs de muguet, soit 103 professionnels de plantes en pot et à massif, 68 pépinières, et 30 exploitations de fleurs coupées. Concernant la segmentation de la commercialisation, 44 % sont en vente directe dominante, 26 % vendent à des distributeurs, 3 % à des collectivités, et 27 % à des grossistes. Cette diversité de métiers et de circuits de distribution permet de couvrir l'ensemble de la filière, – les auteurs le reconnaissent –, et génère des sous-groupes rassemblant parfois trop peu de sociétés pour une analyse pertinente. D'ailleurs, l'observatoire note que « si la représentativité du panel dans sa globalité ne permet pas d'établir la situation d'une entreprise moyenne, compte tenu des écarts importants selon le métier ou le mode de commercialisation, il permet de dresser un instantané du secteur de la production dans sa globalité (...), et donne une tendance de la conjoncture ».

Des investissements difficiles

La structure moyenne du panel compte 4,8 UTH, dont 3,3 salariés et 1,5 actif familial. Plus d'une entreprise sur six réalise un chiffre d'affaires inférieur à 100 000 euros, près d'une sur deux entre 100 000 et 300 000 euros, et une sur dix dépasse 800 000 euros. La médiane (qui sépare les deux moitiés de l'échantillon) se situe à 210 700 euros, alors que la moyenne est de 366 700 euros. Le nombre de petites entreprises est donc élevé. Le chiffre d'affaires moyen de la population est de 368 500 euros, soit une augmentation moyenne de 3,4 %.

La totalité des charges opérationnelles s'élève à 140 200 euros, soit une hausse de 1 % par rapport à 2011. Elles représentent 38 % du produit total et se concentrent sur trois postes : les semences et plants pour plus de la moitié (stable), les emballages pour 10 % (en baisse), et les engrais et terreaux pour 13 % (en hausse). Le poste combustible a peu progressé (+ 1 %), mais le gaz et l'électricité augmentent de 5 % et les carburants de 16 %, le poste énergie étant en nette croissance.

La marge brute globale de l'échantillon est de 226 500 euros, les charges de structure hors main-d'oeuvre s'élevant à près de 68 500 euros, soit 30 % de la marge. La valeur ajoutée est de 158 000 euros, les charges de personnel de 86 600 euros, soit un excédent brut d'exploitation (EBE) de 65 000 euros, en hausse de 10 % par rapport à l'exercice précédent, avec « de gros écarts entre les entreprises ». En effet, 8 % ont un EBE négatif, la moitié présente un EBE compris entre 20 000 euros et 80 000 euros, et 11 % se situent au-delà de 160 000 euros. En moyenne, 39 % de l'EBE de l'échantillon sert à rembourser des annuités d'emprunts et des frais financiers. Les prélèvements privés ont, pour leur part, atteint 39 400 euros, soit environ 26 300 euros par actif familial. D'où une capacité d'autofinancement qui est négative (- 4 900 euros) et « rend difficiles les investissements », euphémise FranceAgriMer... À noter que les prélèvements privés avaient baissé au cours de 2011.

En tenant compte d'un score basé sur la rentabilité, la trésorerie et l'endettement, FranceAgriMer estime que 53 % des entreprises horticoles sont saines, 29 % fragiles et 18 % sensibles.

Pascal Fayolle

Selon le dernier observatoire des entreprises de production horticole, la capacité d'autofinancement des horticulteurs a été négative en 2012. Ce qui a pesé sur leurs investissements, qui auraient pu, par exemple, concerner l'installation d'écrans thermiques (en médaillon).

PHOTOS : VALÉRIE VIDRIL (CI-CONTRE) ET PASCAL FAYOLLE (CI-DESSUS)

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement