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Une Toussaint 2014 rassurante malgré une nette tension sur les prix

Les « Carrousel » ou « Carnaval », assemblages de trois couleurs cultivés jusqu'ici en grand pot ou jardinière, connaissent toujours le succès, mais sont passés en un seul pot pour limiter leur prix de vente.PHOTO : ODILE MAILLARD

Le climat et le contexte calendaire favorables ont permis à la profession de réaliser une Toussaint tout à fait honorable. Derrière l'incontournable chrysanthème, les cyclamens, bruyères et pensées ont tiré leur épingle du jeu. Côté commerce, les grandes surfaces gagnent des parts de marché et tirent les prix vers le bas.

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La Toussaint a été marquée cette année par deux facteurs favorables. Le premier étant la position calendaire du 1er novembre. Lorsqu'elle tombe un samedi, cette fête n'incite pas les citadins à profiter d'un long pont de trois ou quatre jours, ce qui réduit les migrations des ménages urbains et leur laisse la possibilité de satisfaire pleinement à leurs obligations de mémoire. Le deuxième facteur favorable a été la météo presque estivale de la deuxième quinzaine du mois d'octobre, qui a favorisé jusqu'au dernier moment l'achat de fleurs et de plantes. Seule la diminution généralisée du pouvoir d'achat était un facteur limitant.

Ce qui caractérise également cette édition 2014, c'est que tous les types de plantes disponibles se sont vendus, rarement au prix qu'il aurait fallu maintenir, mais pour la deuxième année consécutive l'offre était enfin en équilibre avec la demande. Il ne faut cependant pas oublier que bon nombre de professionnels avaient déjà ajusté à la baisse les quantités mises en culture. Dommage que certains producteurs ou négociants aient cédé trop rapidement sur les prix.

Les chrysanthèmes multifleurs conservent leur hégémonie

Le chrysanthème est l'espèce la plus achetée pour la Toussaint (voir l'encadré). Les variétés multifleurs représentent la plus grosse partie des ventes, principalement produites en pot de 17 cm. Dans cette catégorie, les variétés cultivées en extérieur étaient très fleuries en raison des conditions climatiques douces et chaudes, particulièrement les coloris jaunes qui étaient très avancés cette année. L'assemblage de trois couleurs réunies dans un pot de 17 cm ou 19 cm a été très demandé. Ces assemblages, à la mode depuis déjà quatre ou cinq ans, étaient surtout travaillés en coupe, jardinière ou grand pot, sous l'appellation « Carrousel » ou Carnaval », mais le prix moyen de ces articles a bien vite trouvé une limite. De ce fait, les producteurs ont innové en expérimentations et techniques culturales pour présenter des produits homogènes en trois couleurs dans un même pot pour un prix plus acceptable par le marché.

Les plantes cultivées sous abri ont été un peu plus faciles à produire et à maîtriser en matière de qualité de floraison.

Les chrysanthèmes installés en plus gros contenant ont rapidement été confrontés à la barrière du prix acceptable. Les variétés de chrysanthèmes à grosses fleurs ne représentent plus que 10 à 15 % de l'assortiment selon les régions. Ce type de culture nécessite beaucoup de main-d'oeuvre et le prix auquel il faudrait les vendre devient rapidement dissuasif.

Les chrysanthèmes en cycle photopériodique, principalement destinés à la composition de coupes et de jardinières, gardent leur part de ce marché, sans plus. En dehors de l'état parfois avancé de la floraison, la qualité était globalement bonne ; seul le thrips a fait quelques dégâts visibles. Le printemps très doux a bien favorisé le démarrage des boutures. Malgré un mois de juin chaud et ensoleillé, la France a connu un été particulièrement maussade avec un mois de juillet exceptionnellement pluvieux et une fraîcheur très marquée en août. Le soleil est revenu en septembre et octobre permettant de terminer les cultures dans de bonnes conditions et facilitant la préparation des commandes et le rush logistique des expéditions qui s'est concentré sur les deux dernières semaines d'octobre.

En ce qui concerne les tendances de couleurs, les jaunes ont obtenu les faveurs du public et on a remarqué une avancée du rose, violet et violine, sans oublier le blanc qui est toujours en bonne place.

Cyclamens, bruyères et pensées ont été de la fête

Pour les cyclamens, les conditions de culture ont été favorables et la qualité bonne. Cette plante était par le passé surtout présente dans l'offre de la Toussaint sur la moitié ouest de la France mais, en 2014, elle s'affirme dans pratiquement tous les assortiments. Les quantités mises en production ont également été revues à la baisse. Ce sont surtout les variétés de petites et moyennes tailles (75 % des ventes) qui ont été cultivées. Malheureusement, les prix ne pouvaient pas être rémunérateurs tant la concurrence en provenance d'Italie et de Hollande a été rude. Les bruyères, principalement en provenance d'Alsace, d'Allemagne et de Belgique, ont été de belle qualité et la teinte juste à bonne maturité. Ce sont principalement les variétés de type Calluna qui occupent le marché ; l'amélioration de l'assortiment de coloris variés facilite ce type de produits. Les variétés de type Gracilis (+/- 15 % des ventes) ont été très belles en floraison. Les bruyères et les cyclamens confirment chaque année leur place sur ce marché, car ils sont compétitifs en termes de prix, comparativement aux chrysanthèmes.

Quant aux pensées, elles ont créé la surprise. La demande a été soutenue, alors que l'offre avait été progressivement réduite suite aux excédents d'invendus ces trois dernières années. Cette fois, les ventes ont été de bonnes à très bonnes.

Du côté des acteurs, les jardineries marquent le pas

Selon les régions, les producteurs de chrysanthèmes français ont connu des conditions météorologiques diverses. Ceux du Nord ont constaté que certaines variétés ont fleuri trop vite en raison de la chaleur tardive. Et ceux du Sud ont subi des périodes de fortes précipitations qui ont parfois fortement touché les cultures. Dans l'ensemble, les ventes sont toutefois considérées comme bonnes à très bonnes. Les grandes surfaces (GSA – grande surface alimentaire – et GSB – grande surface de bricolage – avaient enregistré 28 % des achats en volume en 2013) continuent de gagner du terrain et restent en tête des volumes achetés. Ce type de commerce utilise les plantes de la Toussaint pour en faire un produit d'appel avec des prix pratiqués souvent très bas. Malheureusement, la grande distribution assure une médiatisation renforcée d'offres promotionnelles sur ces plantes, contribuant ainsi à installer un prix psychologique de référence très bon marché dans l'esprit des consommateurs.

Les jardineries et LISA (Libre service agricole), qui avaient une part de marché de 21 à 22 % des achats en volume en 2013, ont du mal à fidéliser leurs clients sur ces produits et perdent des points au profit des GSA et des ventes sur les exploitations ou les marchés ambulants. Il faut dire qu'en ce qui concerne les jardineries, la place réservée aux ventes de la Toussaint est grignotée de plus en plus tôt par les mises en place d'objets et de décorations de Noël. La séquence Noël s'installe de plus en plus précocement sur une grande partie des surfaces de vente, dès la mi-octobre.

Les producteurs détaillants ont représenté en 2013 environ 15 % des achats en volume et les ventes sur les marchés environ 8 %. Cette année, les producteurs détaillants sont très satisfaits de leurs ventes de la Toussaint. La totalité des végétaux disponibles (chrysanthèmes, cyclamens, bruyères, bisannuelles, compositions de plantes) a été vendue, avec parfois des difficultés pour trouver des approvisionnements de dernière minute. Les fleuristes conservent encore leur première place en valeur. Ils déclarent avoir fait une bonne Toussaint, mais peinent d'année en année pour conserver leur part de marché qui représentait environ 15 % des achats en volume en 2013.

Ce sont les points de vente du quotidien (GSA, marchés et producteurs de proximité) qui semblent devenir le lieu d'achat privilégié des plantes de cette période.

Pas de remise à niveau des trésoreries avant l'hiver

Un bon cru, une Toussaint rassurante malgré la crise. Quand la date et la météo sont de la partie, les consommateurs ne se détournent pas des végétaux, au contraire, et c'est un bon présage pour les fêtes de fin d'année. Malgré la baisse progressive des quantités en culture et l'équilibre qui s'est installé entre l'offre et la demande, tous les acteurs peinent à maintenir les prix, ce qui ne permet plus à cette fête de jouer son rôle de remise à niveau des trésoreries d'entreprises avant l'hiver.

Brand Wagenaar

CommerceLes grandes surfaces prennent une part croissante des ventes de plantes pour la Toussaint au détriment des jardineries.

PHOTO : BRAND WAGENAAR

PrixSous la pression des consommateurs, en mal de pouvoir d'achat, et des enseignes, les prix sont tirés vers le bas.

PHOTO : BRAND WAGENAAR

GammeSi le chrysanthème reste très largement majoritaire, le cyclamen, mais aussi les pensées et bruyères s'en sortent bien.

PHOTO : ODILE MAILLARD

TendanceLes chrysanthèmes à grosses fleurs sont gourmands en main-d'oeuvre. Il devient difficile de les vendre au juste prix.

PHOTO : ODILE MAILLARD

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