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AUXILIAIRES INDIGÈNES 7 Les forficules

Forficules en train de « nettoyer » une colonie de pucerons sur chardon.PHOTO : JOHANNA VILLENAVE-CHASSET

Ce septième volet – après les syrphes, chrysopes, coccinelles, punaises, hyménoptères parasitoïdes et carabiques – porte sur les forficules. Ces insectes sont connus en tant qu'auxiliaires dans les vergers, mais qu'en est-il en milieu horticole ?

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Les forficules appartiennent à l'ordre des dermaptères comprenant quatre familles dont la plus grande est Forficulidae. Il existe une vingtaine d'espèces en France (1 800 connues dans le monde).

1 CARACTÉRISTIQUES MORPHOLOGIQUES DES PINCE-OREILLES.

Souvent bien connus des enfants, ils sont faciles à reconnaître et appelés familièrement les perce ou pince-oreilles, un nom qu'ils doivent à leurs deux cerques ou forceps ayant la forme d'une pince à l'extrémité de leur abdomen. Si les forficules ne pincent pas, leurs forceps leur servent à se protéger des prédateurs. Pouvant se toucher ou se croiser, ils sont normalement fortement recourbés chez le mâle, qui est du coup facile à identifier, et plus fins et droits chez la femelle. Les forficules sont des insectes de taille moyenne qui mesurent entre 10 et 20 mm, de couleur brune, marron-rougeâtre. Les ailes antérieures cornées (élytres) sont courtes et cachent les ailes postérieures fines et transparentes. Ces dernières au repos peuvent dépasser les élytres. Les juvéniles ressemblent aux adultes, mais sont plus petits et sans ailes. L'espèce la plus commune est Forficula auricularia.

2 BIOLOGIE : UNE PROTECTION PEU COMMUNE DES PONTES.

Les femelles pondent des oeufs en automne (novembre) sous la terre, les feuilles ou dans le branchage. Une caractéristique incroyable de ce groupe d'insectes est que les femelles de la plupart des espèces protègent leurs oeufs en hiver des champignons. Ensuite, au printemps, certaines vont s'occuper des jeunes jusqu'à ce qu'ils quittent leur nid au quatrième stade juvénile en juillet. Il peut également y avoir des pontes au printemps, en mars-avril, et en hiver, en janvier-février. La durée d'incubation varie de 10 jours à 3 mois selon les conditions météorologiques.

3 DE BONS AUXILIAIRES, SAUF EN CAS DE SURPOPULATION.

Certaines espèces sont essentiellement prédatrices, d'autres phytophages, mais la plupart sont détritivores avec un régime entomophage et phytophage. On peut observer des Forficula consommer des pétales de fleurs. Ainsi, ils peuvent devenir indésirables en cas de surpopulation dans les massifs de fleurs. Les dahlias, les clématites ou les glaïeuls ont leur préférence. En revanche, ils sont intéressants comme auxiliaires sur rosiers et Pittosporum car ils dévorent les pucerons. Ils peuvent consommer également des psylles, des petites chenilles et des pupes de diptères au sol. En verger, les forficules sont reconnus comme auxiliaires parce qu'ils suivent les populations de psylles en vue de les consommer. Ce sont surtout les adultes et les juvéniles de stades 3 et 4 (donc à partir de juin) qui seront efficaces en tant que prédateurs car ils se déplacent sur les plantes alors que les stades larvaires 1 et 2 sont encore sur ou dans le sol. Dans les vergers, il a été montré que les forficules peuvent même être plus voraces que les coccinelles et les punaises prédatrices sur pucerons. Un adulte serait capable de consommer jusqu'à 100 pucerons par jour selon le stade et la taille de ces derniers.

4 COMMENT LES FAVORISER ET LES ACCUEILLIR AU MIEUX ?

Les forficules étant nocturnes, ils apprécient l'humidité et la pénombre. On les trouve ainsi préférentiellement dans les trous et anfractuosités diverses, sous les écorces, dans le bois mort, sous les débris végétaux, les pierres... En été, on les rencontre dans les arbres et les arbustes. Les haies sont essentielles car ils se déplacent facilement entre les arbres et les cultures selon leurs besoins (refuges, sites de reproduction...). Quelques plantes ligneuses leur sont favorables : buis, micocoulier, cornouiller, noisetier, seringat, viorne, charme, églantier (Rosa spp.)...

Pour les accueillir au mieux, on peut installer à partir des mois de mai ou de juin quelques pots en terre cuite remplis de branchages découpés fin et retenus par un grillage ; de la paille, du foin ou des feuilles sèches seront aussi intéressants. Prenez la précaution de faire passer une ficelle par le trou de drainage, elle vous servira à accrocher, si besoin, le pot aux branches d'un arbre ou d'un arbuste, ou à un haut tuteur. Posez au préalable le pot au sol et patientez quelques jours, le temps que des pince-oreilles viennent s'y installer. Il ne vous reste ensuite plus qu'à placer le pot près des plantes attaquées par les pucerons. Si les populations de forficules sont importantes et si les insectes nuisibles deviennent trop rares, pensez à déplacer les « nichoirs » vers d'autres plantes infestées, sinon ils risquent de se nourrir des plantes.

Les forficules pouvant devenir compétiteurs en cas de gros peuplement, l'objectif est plutôt d'avoir « un fond » composé de quelques espèces et individus d'auxiliaires (chrysopes, syrphes, coccinelles...) qui permettront de maintenir un certain niveau de populations de nuisibles.

Johanna Villenave-Chasset, Flor'Insectes

Perce ou pince-oreilles sur fleur.

PHOTO : JOHANNA VILLENAVE-CHASSET

Abris – pots en terre cuite – à perce-oreilles suspendus dans un arbre (Scradh).

PHOTO : VALÉRIE VIDRIL

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