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Le camélia

Bouton floral de camélia gelé.PHOTO : JÉRÔME JULLIEN

Le camélia (Camellia sp.) est une plante rustique, d'ordinaire saine lorsque son biotope lui convient. Sa sensibilité à des affections d'origine abiotique ou parasitaire dépend de sa génétique, des techniques de production, et du milieu de culture.

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PORTRAIT DE LA PLANTE

Le camélia (famille des théacées) est originaire des forêts du Japon, de Corée, de Chine et de tout le Sud-Est asiatique. Il est cultivé dans des régions à climat tempéré sous influence océanique, en particulier dans le nord-ouest de la France. Sa floraison hivernale orne de nombreux parcs et jardins en conditions favorables. Espèce acidophile stricte (pH 4-5,5), le camélia du Japon (C. japonica) prospère à exposition semi-ombragée, au nord ou au nord-ouest, à l'abri du gel et du vent dominant. C'est l'espèce la plus cultivée en pépinière, notamment sous ombrière. Ses cultivars offrent une gamme de fleurs aux formes (simple, semi-double, anémoniforme, péoniforme, imbriquée) et aux coloris variés (blanc, rose, rouge). La seconde espèce la plus rencontrée est le camélia à petites fleurs (C. sasanqua), dont certaines variétés sont parfumées. C. sasanqua est moins exigeant sur le pH de sol que C. japonica et apprécie le soleil pour fleurir abondamment. Parmi les autres espèces, signalons C. reticulata, aux grandes fleurs, originaire de Chine, et C. saluenensis, à l'origine de nombreuses hybridations avec C. japonica, qui a donné des lignées rustiques et florifères en situation fraîche et peu ensoleillée.

Le port naturel buissonnant du camélia le prédispose à une conduite en massif, en haie ou palissé contre un mur. Son terrain de prédilection est frais, mais bien drainé. Un sol humifère associé à de la terre de bruyère est optimal, de même qu'un terrain argilo-limoneux à tendance acide, à condition qu'il soit drainant. La plantation dans les jardins a lieu de novembre à mars à partir de sujets élevés en conteneur ou issus de pleine terre et expédiés en motte (tontine). Il est important de ne jamais enterrer le collet pour éviter le développement d'une pourriture fongique. L'irrigation exige une eau non calcaire et doit être raisonnée pour éviter tout écart important : ni saturation, ni stress hydrique, surtout en sol sablonneux. Un paillage du pied avec des écorces de pin broyées, de la sapinette ou de la tourbe régule l'humidité du sol, limite les risques de gel et le développement des adventices. Sur le plan nutritionnel, le camélia réclame un sol fertile, équilibré en éléments minéraux majeurs et en oligo-éléments. Un engrais complet à libération progressive lui convient.

SENSIBILITÉS ENVIRONNEMENTALES

De nombreuses espèces sont rustiques et résistent au gel jusqu'à – 20 °C, voire davantage. Mais un gel persistant compris entre – 7 °C et – 10 °C peut être fatal à l'espèce sasanqua, notamment si ses racines ne sont pas protégées. Les gelées peuvent aussi affecter les japonica et les hybrides si le froid hivernal est intense et persistant. Plus fréquemment, les petites gelées nocturnes occasionnent un brunissement des boutons avant leur épanouissement et entraînent leur chute. Elles peuvent également ternir les feuilles d'un bronzage sans gravité. C. reticulata y est sensible. En hiver, lorsque la neige forme une couverture permanente, elle risque de brûler les feuilles et les boutons floraux. Des rameaux fragiles peuvent casser. L'excès d'eau provoque une asphyxie racinaire. Le feuillage jaunit, la floraison est médiocre. Dans les cas extrêmes, les racines principales se nécrosent et la plante meurt. Une grande sécheresse peut entraîner une dessiccation des parties aériennes en fin d'été. C. sasanqua y résiste assez bien. La chlorose exprime une carence en éléments minéraux. Les plus fréquentes et préjudiciables sont les carences en fer, en azote et en magnésium. Le manque d'azote provoque un jaunissement uniforme du feuillage. La chlorose ferrique perturbe la fonction chlorophyllienne et entraîne une décoloration foliaire entre les nervures principales. Dans les cas graves, le limbe brunit. Le manque en magnésium traduit souvent un excès de potassium assimilable. Le surplus d'engrais, tel que le sulfate de potassium, la favorise. Le feuillage jaunit, puis rougit entre les nervures, ainsi qu'au bord des feuilles. La culture du camélia dans un pot inadapté ou l'absence de rempotage en temps optimal favorisent le chignon racinaire. Les symptômes au niveau des parties supérieures sont semblables à ceux de la chlorose, puis les feuilles sous-alimentées chutent. Certains rameaux peuvent dépérir. L'oedème foliaire forme des croûtes liégeuses sur la face supérieure du limbe lorsque le camélia soufre de conditions inadaptées : sol déséquilibré, stress hydrique ou nutritif, forte amplitude thermique entre le jour et la nuit. Cette maladie physiologique est souvent passagère et nuit peu à la vitalité du camélia, mais altère l'esthétique du feuillage.

GRANDES AFFECTIONS PARASITAIRES

Le camélia connaît quelques ennemis graves, comme les pourritures racinaires, l'otiorhynque et le phytophthora, qu'il est important de surveiller dès la production en pépinière.

Affections des parties inférieures : collet, tubercule, racines

Les champignons parasites du système racinaire sont très nuisibles, car ils provoquent une mort progressive, dont les premiers symptômes sont perceptibles au printemps. Ces pathogènes sont favorisés par la culture en conteneur sur bâche, ainsi que par les sols gorgés d'eau. Le plus redoutable (Pythium sp.) est responsable d'une pourriture brune des racines. On peut également détecter Cylindrocarpon destructans, agent de nécroses racinaires, dès le stade de l'enracinement des boutures ou en production de jeunes plants. Les sujets en mauvais état physiologique sont les plus vulnérables. En ce qui concerne les ravageurs, l'otiorhynque (Otiorhynchus sulcatus), de la famille des charançons, est surtout nuisible au stade larvaire. Dès l'été, la larve blanchâtre, arquée, à tête brune, ronge les racines, entraînant une réduction de croissance, puis un dépérissement partiel ou total des organes aériens. À partir d'avril, lorsque l'insecte devient adulte, il ne vole pas, mais ronge les feuilles sous forme d'encoches en demi-lune.

Affections des parties supérieures : fleurs, feuilles, pousses, tiges

Les maladies des parties supérieures s'expriment, pour la plupart, lors des printemps humides. La plus fréquente est due au champignon <i>Pestalotiopsis guepini</i>. Elle provoque des plages brun clair irrégulières sur les feuilles qui se nécrosent et se ponctuent de fines granulations noires. Les contaminations secondaires peuvent causer des chancres sur les rameaux et les tiges. D'autres champignons foliaires sont à redouter, notamment <i>Phyllosticta camelliae</i> et <i>Colletotrichum gloeosporioides</i>. Ce dernier, agent de l'anthracnose, forme également des taches brunes sur les écorces. L'apparition d'un chancre raméal, sans tache foliaire associée, caractérise souvent une attaque de <i>Phoma</i> sp., de <i>Phomopsis</i> sp. ou de <i>Fusarium lateritium</i>, y compris sur des jeunes plants en pépinière. Ce type d'attaque au niveau de l'aubier entrave le flux de sève au détriment de la croissance. Les feuilles mortes restent attachées aux tiges. Plus rarement, <i>Phytophthora ramorum</i> provoque un dessèchement des bourgeons et des feuilles, à la suite d'une infection des rameaux ou des pétioles. Cet organisme nuisible réglementé dans l'Union européenne depuis 2002 fait l'objet d'une lutte obligatoire sur tout le territoire français. En cas de suspicion de détection, contacter le Service régional de l'alimentation (Sral). Compte tenu des risques de confusion qui existent à l'examen visuel vis-à-vis des maladies des parties supérieures du camélia, seule une analyse mycologique en laboratoire permet de déterminer avec certitude le pathogène responsable des dégâts et la stratégie de lutte appropriée. Autre maladie réglementée sur le territoire communautaire, mais inféodée au camélia, la sclérotiniose à Ciborinia (= Sclerotinia) camelliae parasite uniquement les fleurs. Elle est causée par un champignon virulent lors des hivers doux et humides. À partir des premières taches brunes sur les pétales, une pourriture blanche humide et cotonneuse se développe sur les pièces florales entraînant leur chute. Le pathogène se conserve plusieurs années dans la couche superficielle du sol sous forme de sclérotes et sporule au printemps avec les pluies. Les espèces japonica, reticulata, sasanqua et leurs cultivars sont les plus sensibles. La faussecloque du camélia (Exobasidium camelliae), plus spectaculaire que grave, se traduit par un épaississement et une déformation des fleurs, des feuilles et des jeunes pousses. Apparaît alors une boursouflure blanc crème mesurant jusqu'à 20 cm de long. La marbrure jaune ou panachure florale (CYMV) est une maladie virale à ne pas confondre avec une dégénérescence d'origine génétique, une carence nutritive ou une phytotoxicité. Transmise par la multiplication végétative, elle entraîne la formation de taches foliaires jaunes ou blanches irrégulières et une décoloration des pièces florales. Les cultivars rouges ou roses y sont plus sensibles.

Les principaux ravageurs des feuilles et des pousses sont des cochenilles : cochenille pulvinaire de l'hortensia (Eupulvinaria hydrangeae), cochenille pulvinaire du houx (Chloropulvinaria floccifera), pou des Hespérides (Coccus hesperidum). Ces insectes nuisent autant par leurs dégâts directs lors des prélèvements alimentaires, que par leur sécrétion de miellat, et la fumagine noirâtre (complexe de champignons saprophytes) qui s'ensuit. Les feuilles et pousses infestées sont chétives, la floraison est réduite ou inhibée. Quelquefois, en particulier sous abri, le puceron des agrumes ou puceron noir de l'oranger (Toxoptera aurantii) infeste les feuilles et les jeunes pousses. Ce ravageur est moyennement nuisible par ses piqûres, mais potentiellement vecteur de maladies à virus. Il peut néanmoins entraîner un avortement des boutons floraux, un enroulement et une déformation des pousses, associé à du miellat et à de la fumagine. En espaces verts, surtout à proximité des zones boisées et des vergers, le bouvreuil pivoine (Pyrrhula pyrrhula) peut donner des coups de bec dans les boutons floraux, entraînant avortement et dessèchement.

Jérôme Jullien

Bouton floral de camélia gelé.

PHOTO : JÉRÔME JULLIEN

Taches foliaires à Pestalotiopsis guepini sur camélia.

PHOTO : JÉRÔME JULLIEN

Fumagine sur feuille de camélia.

PHOTO : JÉRÔME JULLIEN

Chignon racinaire sur camélia cultivé en conteneur.

PHOTO : JÉRÔME JULLIEN

Phytophthora ramorum – chancre sur rameaux.

PHOTO : OePP

Pourriture blanche de Ciborinia camelliae.

PHOTO : C. CRUSSON ET A. DARSONVAL – SRAL PAYS DE LA LOIRE

Fausse-cloque du camélia (Exobasidium camelliae).

PHOTO : JÉRÔME JULLIEN

Taches claires irrégulières dues à la marbrure jaune ou panachure florale (CYMV).

PHOTO : JÉRÔME JULLIEN

Cochenilles pulvinaires de l'hortensia sur camélia.

PHOTO : JÉRÔME JULLIEN

Larves d'Otiorhynchus dans le chevelu racinaire.

PHOTO : JÉRÔME JULLIEN

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