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BRF : trois lettres qui progressent dans le paysage

Le bois raméal fragmenté (BRF) contribue au foisonnement des êtres vivants du sol : micro-organismes, insectes, vers, et autres éléments de la faune du sol. La très grande majorité est utile aux plantes cultivées.

Bois raméal fragmenté : l'expression ne disait pas grand-chose aux professionnels du paysage il y a trois ou quatre ans. Mais la technique évolue rapidement, comme en témoignent la parution d'un livre et l'ouverture d'un site internet dédié. L'occasion de rappeler en quoi consiste ce procédé...

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Le bois raméal fragmenté ou BRF, expression qui désigne le matériau et sa technique de mise en oeuvre, nous vient du Canada. Dans les années 1970, le professeur Gilles Lemieux, botaniste forestier et chercheur à l'université Laval au Québec, expérimente l'utilisation des fragments de branchages sur les sols agricoles. L'idée vient de l'observation des climax forestiers feuillus. En forêt, les sols sont souples et riches d'une vie intense. Ils sont nourris par tout ce qui tombe, meurt et se transforme à leur surface : branches mortes ou vivantes, tombées à terre lors des gros coups de vents, animaux, feuilles, etc. Toute cette matière organique constitue la base de la vie des sols forestiers. L'agriculture, au sens large, nos espaces verts et nos jardins, ont un peu oublié ces équilibres.

1 DÉFINITION DU BOIS RAMÉAL FRAGMENTÉ.

Le BRF est constitué d'arbres et arbustes, feuillus de préférence, dont on prélève, par la taille ou les coupes forestières, les rameaux et les branches de 7 cm de diamètre maximum. Ces rameaux sont ensuite broyés, en morceaux assez petits pour permettre l'épandage en fine couche sur le sol et aussi faciliter le travail de décomposition par les micro-organismes. Ces rameaux, encore jeunes, sont riches en matières organiques fabriquées par la plante : lignine, cellulose, sucres, acides aminés, matières minérales. Le bois raméal en contient plus que le bois des grosses charpentières et du tronc. Toutes ces substances vont se retrouver dans le sol après décomposition et favoriser la vie microbienne. La jeune lignine des rameaux stimule la progression du mycélium de champignon. Micro-organismes, insectes et vers de terre se développent alors dans de longues chaînes alimentaires qui restaurent la fertilité naturelle de la terre.

2 LE SOL EST LA BASE DE LA VIE POUR LES PLANTES.

« Considérer le sol comme un organisme vivant, constitué de matière minérale, organique et d'un monde de vie, permet d'éviter les erreurs dues au fait de le travailler comme un simple support minéral (1). » Fondamental, mais largement occulté de nos jours ! Le sol est la base de la vie. Toutes les plantes y puisent l'essentiel de leurs besoins pour fabriquer la matière carbonée dont elles sont constituées.

Or, on a cherché, ces dernières années, à nourrir la plante plus qu'à prendre soin du sol. Conséquence : les sols cultivés se sont considérablement appauvris, en matières organiques, en humus, et de façon plus générale en vie : moins de vers de terre, moins de micro-organismes, moins de chaînes alimentaires naturelles qui, en transformant la matière, renouvellent le capital vivant des sols. Pas moins de 50 % de la structure d'un sol est composée d'air et d'eau, les autres 50 % étant l'accumulation de sables, argiles, limons et matières organiques. Et l'air et l'eau contenus dans un sol sont absolument indispensables à la vie racinaire : l'eau transporte les matières minérales qui peuvent ainsi être absorbées, et l'air fournit l'oxygène sans lequel la plupart des réactions biochimiques ne peuvent advenir. En aidant un sol à redevenir vivant, le BRF développe sa rétention d'eau en profondeur, ainsi que son aération.

3 MATIÈRE ORGANIQUE : UN RÔLE PRIMORDIAL.

La matière organique qui se dépose sur le sol ou qui y est apportée est décomposée par la faune et la flore (champignons) présentes dans le sol, c'est le procédé noble d'humification. Cette phase ne doit pas être négligée au profit de la minéralisation. « Au contact du bois, les spores des champignons de la terre germent et digèrent la lignine. Du mycélium de champignon se développe dans le sol. La faune du sol vient l'ingérer et se multiplie en améliorant ainsi le sol : structure souple et aérée, gestion dynamique de l'eau, formation d'humus, apport nutritionnel optimisé pour les plantes, contention des adventices, régulation naturelle des agresseurs de cultures et des maladies. Au fil du temps, le BRF contribue au foisonnement des êtres vivants du sol : bactéries, microorganismes, insectes, vers, et autres éléments de la faune du sol. La très grande majorité est utile aux plantes cultivées. Ce sont des facteurs de progrès et de stabilité dans le sol : on parle d'aggradation, ce qui signifie aller vers l'état de progrès (2). »

4 ÉCHANGER DU BRF AU PLUS PRÈS DE LA SOURCE.

Bernard Mercier, ingénieur agronome et créateur de la société BRF Génération, travaille à mieux faire connaître le BRF et ses avantages (lire ci-dessus). Il vient de sortir un livre aux Éditions Terre Vivante, Le Guide du BRF (bois raméal fragmenté) - Pour des jardins naturels et fertiles (lire page 18). Il est également dirigeant d'une société de formation visant à répondre et à accompagner sur le terrain toute demande en termes de fertilité des sols, et vient de créer un site internet, www.brfgeneration.fr, qui propose aux professionnels et aux particuliers de rechercher ou d'offrir du BRF en publiant des annonces. Véritable lieu d'échanges interactifs, ce site est ouvert à toute expérience et témoignage utilisant ce matériau. De quoi faire avancer la cause du bois raméal fragmenté !

Cécile Claveirole

(1) Extrait du livre « L'Agroécologie, cultivons la vie », de H. Hollard, B. Joliet et M.-C. Favé – Éditions Sang de la Terre. (2) Extraits du site du BRF : www.brfgeneration.fr

Le bois raméal fragmenté est constitué d'arbres et arbustes, feuillus de préférence, dont on prélève les jeunes rameaux et les branches de 7 cm de diamètre maximum. Ces rameaux sont broyés en morceaux assez petits.

Épandu en fine couche sur le sol, le BRF facilite le travail de décomposition par les micro-organismes. Au contact du bois, les spores des champignons de la terre germent et digèrent la lignine. Du mycélium de champignon se développe. La faune vient l'ingérer et se multiplie en améliorant ainsi la structure du sol.

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