Login

Le chrysanthème

PHOTO : JÉRÔME JULLIEN

Le chrysanthème d'automne fait l'objet d'une sélection génétique et d'une surveillance phytosanitaire rigoureuses pour servir la qualité des potées fleuries. Dès l'amont, la protection biologique et intégrée (PBI) s'appuie sur un diagnostic fiable des maladies et ravageurs.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

PORTRAIT DE LA PLANTE

Le chrysanthème d'automne, chrysanthème des fleuristes ou chrysanthème de la Toussaint (Chrysanthemum x hortorum), famille des Astéracées, est originaire de Chine. Il est issu de plusieurs espèces, notamment C. indicum et C. morifolium. La France dispose d'entreprises spécialisées en production de chrysanthème, dont les plus importantes sont de renommée internationale, notamment en culture de piedsmères, ainsi qu'en production de boutures et jeunes plants. Dans notre pays, cette culture normalisée est liée à la tradition du fleurissement des cimetières. Les formes dirigées à petits capitules, comme les cascades, et les fleurs diverses telles que spider et anémones, sont très appréciées pour le fleurissement des villes et villages. En revanche, l'évolution du marché de détail s'est traduite ces dernières années par une diminution des potées à grosses fleurs, au profit d'une innovation renforcée sur les autres variétés et les coloris en mélange.

SENSIBILITÉS ENVIRONNEMENTALES

La carence en éléments minéraux (potassium, fer, bore, calcium, manganèse, magnésium...) a différents faciès sur les feuilles : rougissement plus ou moins diffus, dépigmentation par points, taches chlorotiques ou jaunissement. Une réduction de croissance, des crispations et nécroses apparaissent dans les cas graves. Ces désordres nutritifs peuvent être confondus avec des phytotoxicités de produits antiparasitaires, une mauvaise application de régulateur de croissance, ainsi qu'avec des maladies à virus, viroïde, phytoplasme ou cryptogame racinaire. Par ailleurs, malgré sa rusticité, le chrysanthème en pot nécessite une protection en serre ou tunnel à partir d'octobre contre les gelées et les autres intempéries.

GRANDES AFFECTIONS ARASITAIRES

Le chrysanthème d'automne connaît divers bioagresseurs, mais seuls les plus graves sont à surveiller régulièrement.

Affections des parties inférieures : collet, tubercule, racines

En conditions d'humidité élevée, la pourriture brune du collet et des racines (Phytophthora cryptogea) provoque un rougissement du feuillage et un blocage de croissance. Très voisine, la pourriture des racines ou fonte des boutures (Pythium sp.) entraîne une rupture du flux de sève. Puis les tissus infectés se désagrègent. La sclérotiniose (Sclerotinia sclerotiorum) génère une pourriture blanche humide au collet, tandis que les feuilles flétrissent. Autre champignon stérile, le rhizoctone brun (Rhizoctonia solani) provoque une nécrose sèche, à l'origine d'un jaunissement du feuillage. Les boutures atteintes ont peu ou pas de racines. Un dépérissement rapide peut également provenir de la verticilliose (Verticillium sp.). Ce champignon contamine les racines, puis migre vers les tissus vasculaires. La fusariose vasculaire du chrysanthème (Fusarium oxysporum f. sp. chrysanthemi) agit sensiblement de même. La galle bactérienne du collet et des racines ou crown-gall (Agrobacterium tumefaciens) est peu fréquente. Elle cause un stress physiologique, parfois dès le stade bouture. Les ravageurs telluriques les plus insidieux sont des nématodes : le nématode des lésions racinaires (Pratylenchus penetrans), dont les piqûres nécrosent les tissus, et le nématode des tiges et des bulbes (Ditylenchus dipsaci), qui cause des déformations et des taches sur les tiges et feuilles. Enfin, rare mais préoccupante, la cuscute (Cuscuta sp.) est une plante annuelle parasite, capable d'affaiblir le chrysanthème et de transmettre le viroïde du rabougrissement (CSVd).

Affections des parties supérieures : fleurs, feuilles, pousses, tiges

La rouille blanche du chrysanthème (Puccinia horiana) est redoutable. Par temps frais et humide, les foyers s'expriment rapidement en serre sur les variétés sensibles, notamment à grosses fleurs : taches foliaires vert pâle à jaunes sur la face supérieure, puis pustules d'aspect cireux, rosâtres ou jaune clair au revers du limbe, devenant pulvérulentes, de couleur cannelle, avant de se nécroser. Moins grave, la rouille brune du chrysanthème (Puccinia chrysanthemi) provoque un jaunissement de la face supérieure des feuilles et des taches pulvérulentes brunes au revers. D'autres champignons foliaires déprécient la valeur marchande du chrysanthème : l'ascochytose (Stagonosporopsis chrysanthemi, Didymella ligulicola), la septoriose (Septoria chrysanthemella), l'alternariose (Alternaria alternata). En présence de condensation ou de rosée, l'oïdium (Erysiphe polygoni, Erysiphe cichoracearum, Leveillula taurica) forme des taches poudreuses blanchâtres, associées à une dessiccation des tissus. La pourriture grise (Botrytis cinerea) s'exprime par des taches brun clair, puis un duvet grisâtre.

Plusieurs espèces de pucerons se manifestent en foyers (Aulacorthum circumflexum, Aulacorthum solani, Aphis fabae, Aphis gossypii, Myzus persicae, Brachycaudus helichrysi, Macrosiphoniella sanborni). Outre la décoloration et la déformation des feuilles, jeunes pousses et pédoncules floraux, ainsi que la présence d'exuvies, de miellat et de fumagine, les pucerons agissent indirectement par leur pouvoir virulifère. M. sanborni peut transmettre le viroïde de la marbrure chlorotique du chrysanthème (CCMVd) responsable d'un nanisme, d'une marbrure foliaire ou d'une chlorose généralisée ; la mosaïque du chrysanthème (CVB ou virus B) entraîne des marques décolorées sur les pétales et le feuillage. Les piqûres de thrips (Thrips tabaci, T. nigropilosus, Heliothrips haemorrhoidalis) affectent la croissance : déformation des fleurs, petits points blancs. Le plus redoutable est le thrips californien (Frankliniella occidentalis). En plus de ses dégâts directs, il peut transmettre le tospovirus TSWV à l'origine de taches foliaires en anneaux chlorotiques, arabesques ou macules brunes. Certains micro-organismes se transmettent de façon mécanique, lors de blessures, prélèvements de boutures ou pincements : le carlavirus de l'aspermie du chrysanthème (CAV) occasionne une panachure et une crispation des fleurs, éventuellement une marbrure sur le feuillage ; le viroïde du rabougrissement du chrysanthème (Chrysanthemum Stunt Viroid - CSVd) peut affecter visuellement le chrysanthème, notamment à l'approche de la floraison anormalement précoce. Les sujets sont peu développés, les tiges cassantes, les fleurs moins abondantes, atrophiées et de couleur délavée. Les boutures s'enracinent mal. Cette maladie est réglementée en amont de la production. Elle est transmissible par la cuscute. Le flétrissement bactérien du chrysanthème (Erwinia chrysanthemi), ainsi que la pourriture bactérienne (Erwinia carotovora) infectent les blessures, se disséminent par l'eau, les outils et les ravageurs. On peut les confondre avec la fusariose vasculaire. E. chrysanthemi génère des nécroses de tiges conduisant au flétrissement du feuillage. L'attaque d'E. carotovora débute au niveau des racines et du collet, puis gagne les tiges. La pourriture déliquescente dégage une odeur fétide. Autre bactériose, la fasciation du chrysanthème (Rhodococcus fascians) occasionne de petites excroissances au niveau du collet, ainsi que des fasciations de tiges.

Diverses mouches mineuses peuvent infester les feuilles (Chromatomyia horticola, Heteromyza atricornis, Liriomyza bryoniae, Chromatomyia syngenesiae, Liriomyza trifolii, Liriomyza huidobrensis). Le stade adulte est identifiable par les piqûres nutritionnelles blanchâtres à la face supérieure du limbe, tandis que les larves forment des mines sinueuses. L. bryoniae, L. trifolii et L. huidobrensis sont réglementés au sein de l'Union européenne, ainsi que Liriomyza sativae (espèce non présente en Europe). Les mouches noires des terreaux (Sciara sp., Bradysia sp.) sont surtout nuisibles au stade larvaire. Les asticots translucides et apodes creusent des galeries à la base des boutures et rongent les radicelles, mais se nourrissent principalement de résidus organiques. Ce sont des vecteurs potentiels de maladies et de nématodes. Plus rare, la cécidomyie du chrysanthème (Diarthronomyia chrysanthemi) provoque des galles sur les boutons et pédoncules floraux, ainsi que sur les pétioles et limbes foliaires. C'est un parasite de quarantaine. Le chrysanthème infesté par l'aleurode des serres (Trialeurodes vaporariorum) et l'aleurode du tabac (Bemisia tabaci) ralentit sa croissance et accuse des taches foliaires avant de flétrir. Les fleurs avortent ou fanent. Les petites larves du psylle du chrysanthème (Trioza chrysanthemi) causent un enroulement des feuilles. Diverses punaises piquent les tissus, en général sans gravité : l'aphrophore ou cicadelle spumeuse (Philaenus spumarius), punaises mirides (Calocoris sp., Lygocoris pabulinus).

Plusieurs chenilles polyphages, brunes à verdâtres selon les espèces, rongent opportunément les feuilles : noctuelle fiancée (Noctua pronuba), noctuelle du chou (Mamestra brassicae), noctuelle gamma (Autographa gamma), tordeuse sud-africaine de l'oeillet (Epichoristodes acerbella), tordeuse du lin (Cnephasia virgaureana). La larve foreuse de la pyrale du maïs (Ostrinia nubilalis) creuse des galeries dans le coeur des tiges et évacue ses déjections vers l'extérieur. En conditions chaudes et sèches, le tétranyque tisserand (Tetranychus urticae) provoque des petites mouchetures foliaires et de fines toiles soyeuses le long des nervures. Autres acariens, moins fréquents, les tarsonèmes (Phytonemus pallidus, Polyphagotarsonemus latus) s'attaquent aux jeunes plants. Les bourgeons infestés se déforment, le feuillage s'enroule, se crispe, puis flétrit. Quelquefois, les nématodes des feuilles (Aphelenchoides fragariae, A. ritzema-bosi) causent des taches internervaires jaunâtres, puis brunes et anguleuses, suivies d'un recroquevillement et d'une défoliation. En présence d'humidité, la limace grise ou loche (Deroceras reticulatum) dévore le feuillage.

Jérôme Jullien

Taches chlorotiques sur la face supérieure du limbe dues à une carence en manganèse sur chrysanthème.

PHOTO : JÉRÔME JULLIEN

Virus de la mosaïque du chrysanthème ou virus B.

PHOTO : JÉRÔME JULLIEN

La rouille blanche du chrysanthème Puccinia horiana est soumise à une lutte obligatoire chez les producteurs de jeunes plants.

PHOTO : JÉRÔME JULLIEN

Alternariose (Alternaria alternata) sur feuille de chrysanthème.

PHOTO : JÉRÔME JULLIEN

Attaque d'acariens tétranyques tisserands (formes estivales) face inférieure d'une feuille.

PHOTO : JÉRÔME JULLIEN

Plante chétive à droite, infectée par le Chrysanthemum Stunt Viroid - CSVd.

PHOTO : JÉRÔME JULLIEN

Chenille et morsures de pyrale sur tige de chrysanthème.

PHOTO : JÉRÔME JULLIEN

Les tiges atteintes par la sclérotiniose contiennent des sclérotes.

PHOTO : JÉRÔME JULLIEN

Les filaments jaunâtres ou verdâtres de la cuscute s'enlacent autour du collet et puisent la sève élaborée dans les vaisseaux conducteurs au moyen de suçoirs.

PHOTO : JÉRÔME JULLIEN

Attaque de nématodes des feuilles sur chrysanthème.

PHOTO : SRPV PAYS DE LA LOIRE

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement