AUXILIAIRES INDIGÈNES 5. Les hyménoptères parasitoïdes
Ce cinquième volet consacré aux auxiliaires indigènes – après les syrphes, les chrysopes, les coccinelles et les punaises – porte sur les parasitoïdes indigènes appartenant à l'ordre des hyménoptères. Ces prédateurs, que l'on trouve naturellement sur les plantes mais surtout sur les insectes, condamnent leur hôte à mort. Chaque insecte a son ou ses parasitoïdes...
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Un parasitoïde est un organisme animal ou végétal qui se développe aux dépens d'un hôte dont il entraîne obligatoirement la mort. On distingue l'endoparasitoïde (qui investit l'intérieur de son hôte) et l'ectoparasitoïde (à l'extérieur). L'ordre des hyménoptères comporte pas moins de 48 familles et 54 500 espèces décrites, pour un nombre total d'espèces estimé dix fois plus important. C'est dans cet ordre que l'on trouve le plus de parasitoïdes.
1 CARACTÉRISTIQUES COMMUNES.
Les hyménoptères parasitoïdes sont souvent minuscules, de 0,5 à 10 mm environ, avec un maximum d'espèces mesurant moins de 5 mm. Leurs antennes sont longues et, dans la majorité des cas, un rétrécissement s'observe entre le thorax et l'abdomen, la fameuse « taille de guêpe ». En lutte biologique, ils appartiennent principalement à deux super-familles : les Ichneumonoidea et les Chalcidoidea. Dans la nature, il y a jusqu'à 10 superfamilles et 48 familles. La super-famille des Chalcidoidea à elle seule est composée de 19 familles dont certaines espèces présentent un intérêt agronomique majeur. Ces hyménoptères sont ce que l'on appelle, dans le jargon entomologique, des térébrants : les femelles disposent d'un ovipositeur ou tarière capable de percer un trou pour y déposer leurs oeufs.
Les adultes pondent des oeufs sur un hôte utile pour le développement des larves. Les parasitoïdes ont une grande fécondité et un cycle de vie court (à 20 °C, de la ponte à l'émergence, 15 jours seulement), ce qui leur permet de réagir vite lorsque leurs proies deviennent plus nombreuses.
Une fois fécondée, la femelle hyménoptère parasitoïde part à la recherche d'une proie grâce à son odorat ou à d'autres sens comme la perception des vibrations. Une fois la proie trouvée, la femelle pond un ou plusieurs oeufs à la surface ou à l'intérieur de l'hôte. Les larves s'attaquent aux tissus de réserve dans un premier temps, puis aux organes vitaux dans un second temps, ce qui entraîne inéluctablement la mort de l'hôte.
2 À CHACUN SON PARASITOÏDE.
Le plus souvent, les parasitoïdes sont regroupés en fonction des ravageurs qu'ils parasitent : parasitoïdes de pucerons, de cochenilles, de chenilles, d'oeufs de lépidoptères, d'aleurodes, etc. Les Ichneumonidae parasitent surtout des chenilles de papillons, des larves de coléoptères et de tenthrèdes. Les Braconidae, eux, s'attaquent à des proies plus variées. Quant aux Chalcidoidea, ils s'attaquent à presque tous les ordres d'insectes.
Certains hyménoptères parasitent des insectes adultes, par exemple les parasitoïdes de pucerons, qui sont la plupart du temps spécialisés sur quelques espèces de pucerons dont les cycles de développement sont synchronisés avec celui du parasitoïde. Ils attaquent les colonies de pucerons dès leur apparition et contribuent à limiter les pullulations sur les cultures. Grâce à leurs effectifs, ils s'avèrent très efficaces pour réguler les populations de ravageurs. Les femelles peuvent pondre de 100 à 500 oeufs. Le taux de parasitisme peut dépasser 95 % voire 99 % lorsque les proies sont très nombreuses, ce qui entraînera l'effondrement de leur population. Ainsi, si vous observez une momie, il y a de fortes chances que la plupart des pucerons de la colonie soient également parasités. Du fait de leurs cycles courts, les adultes émergeant des momies (observation de trous de sortie) se reproduisent sur place pour parasiter le reste des pucerons, à condition qu'il y ait de la nourriture pour les adultes (miellat, nectar, pollen). Les parasitoïdes font donc partie du groupe des auxiliaires de nettoyage les plus efficaces. Au cours de l'été, les performances de ces individus diminuent car ils sont victimes d'hyperparasitisme (des parasitoïdes secondaires voire tertiaires parasitent ceux dans l'hôte lors de défaut de nourriture).
Les hyménoptères parasitoïdes ne sont pas tous spécialistes. Ainsi, 53 % des hyménoptères parasitoïdes associés aux lépidoptères sont des généralistes. Genre commercialisé particulièrement bien connu, les trichogrammes parasitent les oeufs de beaucoup d'espèces : lépidoptères (piérides, noctuelles...), charançons, mouches mineuses. Leur ponte entraîne la destruction d'une centaine d'oeufs de ravageurs. Ces oeufs sont condamnés, qu'il y ait ou non développement de larves d'auxiliaires car il y a injection de venin au moment de la ponte. Ces auxiliaires agissent donc comme des agents de contrôle préventif. Les parasitoïdes sont actifs essentiellement du mois de juin à celui de septembre.
3 ATTENTION À QUELQUES PRATIQUES.
L'hivernation est plus ou moins spécifique suivant les espèces de parasitoïdes. Celle des parasitoïdes de pucerons se déroule au stade nymphal dans les momies de pucerons, sur le sol ou sur les plantes. L'hivernation des parasitoïdes de lépidoptères, coléoptères et diptères se fait à l'état de larve ou de nymphe à l'intérieur de l'hôte.
Comme beaucoup de ravageurs (quelques lépidoptères, charançons, taupins, cécidomyies, criocères...) font leur nymphose dans le sol, le labour peut avoir un effet fatal sur les momies qui sont issues des pontes d'automne.
Les petites guêpes parasitoïdes d'oeufs et de larves étant très sensibles aux produits phytosanitaires, un traitement contre les ravageurs détruit la plupart des populations d'hyménoptères parasitoïdes car il s'effectue lors de leur reproduction (adultes volants et larves à l'intérieur de leurs hôtes). L'année suivante, il sera difficile d'avoir une population d'auxiliaires suffisamment importante pour contrôler les ravageurs.
4 COMMENT LES FAVORISER ?
Les adultes se nourrissant de nectar et de pollen, l'un des meilleurs moyens de pérenniser les populations de parasitoïdes est de disposer d'habitats non agricoles à proximité, voire d'installer des bandes fleuries. Les ombellifères sont particulièrement appréciées ainsi que les renoncules et les potentilles.
Des auteurs insistent sur l'importance des interactions écologiques entre les herbivores, leurs plantes-hôtes et les parasitoïdes dans la diversité du peuplement des parasitoïdes. Il faut donc permettre la présence d'hôtes de substitution pour pérenniser les populations de parasitoïdes dans le milieu. La préservation et/ou la restauration des habitats hors plantes cultivées au sein du paysage agricole, comme les bois, les haies, les prairies et les bandes herbacées spontanées, favorisent une plus grande diversité et une plus grande densité de population d'hôtes alternatifs pour la plupart des parasitoïdes des ravageurs.
Différents facteurs influencent la richesse spécifique de parasitoïdes : la gamme végétale alimentaire, la niche d'alimentation (proies de substitution et sources de nectar), l'architecture des plantes, la succession des différents stades des parasitoïdes dans les plantes cultivées, les défenses des plantes (*), l'abondance des plantes, la phylogénie de l'hôte, la portée géographique (ces insectes minuscules ont une portée d'une centaine de mètres environ) et le grégarisme (certains parasitoïdes de la même espèce se développant à plusieurs dans des hôtes, souvent des chenilles). Il semble d'ailleurs y avoir une relation positive entre la complexité du paysage, l'abondance et la diversité des parasitoïdes. Le trèfle ensemencé et l'herbe fournissent un habitat intact pour l'hivernage des momies survivantes. Le potentiel pour la régulation naturelle des pucerons est augmenté par la présence de cultures non perturbées par le labour et les traitements phytosanitaires.
Johanna Villenave-Chasset (Flor'Insectes)
(*) Certaines espèces végétales produisant des phéromones de détresse lorsqu'elles sont attaquées par des phytophages sont reconnues par les parasitoïdes de ces ravageurs qui peuvent mieux localiser leurs proies-hôtes.
Hyménoptère adulte de la famille Eulophidae, super-famille des Chalcidoidea.
Momie de puceron sur rosier en boutons.
L'hyménoptère parasitoïde ne mesure que quelques millimètres (de 0,5 à 10 mm environ, avec un maximum d'espèces mesurant moins de 5 mm). Il est doté de longues antennes ; présente, dans la majorité des cas, une taille de guêpe du fait d'un rétrécissement entre son thorax et son abdomen ; et il a peu de nervures aux ailes.
Momie de puceron sur luzerne. On distingue bien le trou de sortie du parasitoïde.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :