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Sciences. De l'art de parler sans rien dire...

Parmi les moyens de communication utilisés par les plantes, des composés organiques volatils permettent la reconnaissance spécifique des espèces par les insectes pollinisateurs.

Le dernier colloque de la SNHF (Société nationale d'horticulture de France) s'est tenu le 23 mai à Paris. Son thème : « Quand les plantes se parlent ».

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Avec son regard d'historien, Stéphane Tirard, de l'université de Nantes, a rappelé, dans une passionnante introduction, combien la communication au sein du règne végétal est longtemps restée ignorée. Si l'on se réfère à la définition du verbe parler, « émettre les sons articulés d'une langue maternelle », on voit que le langage n'est pas affaire de plantes, ni d'animaux, mais uniquement d'hommes. Et Diderot précise dans son Encyclopédie que les végétaux ne sont pas des êtres doués de sensibilité, capables de réagir aux stimuli environnants. Mais, au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, avec le développement de la physiologie et de la biochimie, une relation possible entre le milieu extérieur et les végétaux, ainsi que l'existence d'une communication interne au sein de ces derniers, sont évoquées.

S'il récuse le terme d'intelligence pour les plantes, ce qui signifierait que celles-ci sont capables de conceptualiser leur environnement, Yvan Kraepiel, chercheur à l'institut d'écologie et des sciences de l'environnement de l'université Pierre-et-Marie-Curie, souligne toutefois la formidable capacité d'adaptation des végétaux qui ont su, au fil du temps, développer toutes sortes de mécanismes leur permettant de tenir compte des signaux biotiques ou abiotiques présents dans le milieu. Les phytohormones sont ici très largement impliquées. Et ces dernières sont beaucoup plus nombreuses et complexes qu'il n'y paraît au premier abord.

De multiples signaux pour s'adapter

Concernant la communication externe, il existe différents types de signaux émis par les plantes : composés organiques volatiles qui permettent notamment la reconnaissance spécifique des espèces par les insectes pollinisateurs ; exsudats racinaires qui modifient les propriétés physico-chimiques du sol et constituent des signes pour les microorganismes du sol ; mais aussi éléments de nature physique comme la couleur des fleurs ou encore les signaux sonores. Ainsi, chez une liane tropicale, Marcgravia evenia, l'existence d'une feuille coupelle située au-dessus de l'inflorescence permet de « guider » la chauve-souris nectarivore inféodée à cette plante.

La suite du colloque s'est attachée à présenter des travaux de recherche portant sur la communication interne et externe. Thierry Améglio, du laboratoire PIAF (Physique et physiologie intégratives de l'arbre fruitier et forestier) de Clermont-Ferrand, a exposé, avec de nombreuses applications possibles en horticulture, les réactions des ligneux face aux stress environnementaux. Puis, Francis Martin, du laboratoire d'excellence ARBRE, a expliqué en quoi la symbiose n'était pas vraiment un mariage à bénéfices réciproques. Un petit regret pour le reste des exposés moins convaincants ou portant sur des végétaux quelque peu éloignés de l'horticulture (vigne et blé...).

Yaël Haddad

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