« C'est quoi cette bouteille de lait ? »
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DAVID CROISSANT, RESPONSABLE DU DÉPARTEMENT ENVIRONNEMENT, VÉGÉTAL ET CADRE DE VIE (EVCV), FORMATEUR EN SCIENCES TECHNIQUES HORTICOLES, GROUPE ESA (ANGERS)
« À ne plus avancer, on recule. J'ai travaillé dans le monde de la jardinerie il y a plus de quinze ans... et entre hier et aujourd'hui, bien peu de choses ont changé. La filière du jardin souffre, c'est un fait. Et oui, on peut s'interroger sur les prix des végétaux commercialisés. Oui, on peut discuter de la qualité parfois très médiocre des plantes proposées. Oui, on peut s'interroger sur la rigidité des référencements... ou sur la qualité de l'expertise de la force de vente...
Mais le problème ne se limite pas à cela. Le point numéro un demeure que la filière dans son ensemble manque de créativité et d'inventivité.
L'offre n'est pas suffisamment travaillée. Comment peut-on penser qu'une tablette de plantes vertes ou une jauge de plantes de pépinière puisse encore aujourd'hui répondre aux besoins de la clientèle ? Inspirons-nous de ce que font d'autres secteurs et interrogeons-nous : pourquoi changeons-nous régulièrement notre mobilier d'intérieur ? Comment les agences publicitaires font acheter des 4 x 4 à des personnes vivant en ville ? Où est le pouvoir de suggestion au sein d'une jardinerie ?
L'offre est standardisée. On reproche tous allègrement à la grande distribution de vendre des tomates toute l'année au rayon fruits et légumes. Nous faisons la même chose. L'offre est quasi identique entre janvier et décembre. Plus rien ne surprend le consommateur, la saisonnalité disparaît... L'offre n'a plus de racines... Pendant longtemps, les jardineries ont misé sur leur proximité à la production (ne serait-ce que par leurs structures de vente...). Mais qu'en est-il de ce lien ?
Le consommateur doit pouvoir mettre un visage derrière un plant de tomate, un rhododendron ou un laurier rose... Personnaliser le produit, acheter au bénéfice d'une production française, valoriser nos producteurs...
Alors, c'est quoi cette bouteille de lait ?
Eh bien, ce n'est pas qu'une bouteille de lait, ce sont des éleveurs, des hommes et des femmes des monts du Forez, ce sont des gens comme vous et moi qui travaillent pour vivre au quotidien... C'est aussi un distributeur responsable qui soutient les producteurs...
Que conclure ? Arrêtons de nous lamenter. Certes, parfois la météo n'est pas propice au jardin, mais le défi est tout autre. La filière doit travailler main dans la main, car la créativité est en chacun de nous. Je fais partie d'une équipe qui forme des apprentis qui suivent le BTS technico-commercial, et ces problématiques sont largement abordées. Mettons-nous autour de la table et prenons-nous en main... Beaucoup de choses sont à inventer. »
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