Événement. Seve : un succès qui pose questions
La belle fréquentation du premier festival, fin septembre à Montpellier (34), intervient dans un contexte incertain pour les professionnels.
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La première édition du festival Seve (Scène d'expression végétale éphémère), qui s'est tenue les 27 et 28 septembre à Montpellier (34), a accueilli 5 600 visiteurs. Le temps clément a certes favorisé cette fréquentation, mais la longue préparation et la communication y sont également pour beaucoup. « L'ensemble des acteurs se sont mobilisés », explique Véronique Brun, animatrice FNPHP pour le Centre-Est et le Sud-Est. Producteurs locaux, paysagistes, fournisseurs, écoles, associations, villes ont imaginé et mis en place les dix scènes végétales éphémères éparpillées dans le parc de Grammont. Le projet, en réflexion depuis plus d'un an au sein de l'association horti.FM, vise à encourager le public à un retour à la nature et au jardinage, comme le sous-tend le thème du festival : « Un jardin pour tous, un jardin en tout lieu. »
À voir les gens déambuler entre les différentes scènes, prendre des photos, s'attarder dans le village gourmand ou celui des métiers, choisir des végétaux et échanger avec les producteurs dans le village des boutiques, il semble que l'objectif ait été atteint. Cette réussite souligne toute l'ambiguïté de la situation : d'un côté, une envie de jardin bien présente, de l'autre des professionnels de l'horticulture et du paysage plongés dans l'incertitude.
Perspectives et prospectives
La veille même du festival, l'ensemble de la profession, réunie pour l'inauguration, a proposé une table ronde sur les perspectives des métiers, mais aussi les prospectives, rebondissant ainsi sur l'étude engagée par Val'hor en 2012 : quels scénarios à venir, et comment choisir le bon ? Tout en croyant avec force aux bienfaits des espaces verts, chaque acteur doute...
Après un rappel des chiffres représentatifs de la filière, Dominique Douard, président de Val'hor, a retracé le contexte et l'objectif de l'étude prospective : permettre aux professionnels de prendre leur avenir en main. Chaque intervenant, de la distribution à la production, en passant par le paysage et l'enseignement, a cité l'évolution de ces dernières années : des consommateurs de moins en moins avertis, au pouvoir d'achat diminué, mais qui ont soif d'apprendre ; des villes en pleine interrogation politique et budgétaire ; une production compressée par les charges, les contraintes environnementales, la baisse de la commande publique et de la consommation ; des entreprises d'espaces verts en pleine mutation, dans un paysage de plus en plus morcelé ; des concepteurs évincés des marchés publics... Le tableau est noir, et pour certains professionnels, nous vivons une véritable rupture caractérisée par le changement des modes de consommation, des technologies et mentalités. Une rupture qui ouvre aussi peut-être de nouvelles opportunités, pour peu qu'on les saisisse, mais qui nécessitera de la part des jeunes « de la passion et de la motivation », comme l'a rappelé Francesco Picasso, responsable du CFA de l'Hérault, à Montpellier...
Valérie Vidril
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