La formation évolue sans cesse
Christian Gallet, formateur en horticulture et responsable du suivi des stages en BTSA à la Maison familiale et rurale de Garachon, à Lambesc (13), évoque les multiples avancées vécues dans le cadre de l'alternance.
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1937 La formation par alternance pour l'expérience
Création des MFR (Maisons familiales rurales). Inédit à l'époque : elles ont opté pour le principe de la formation par alternance école-exploitation agricole, avec l'implication des parents volontaires. Il fallait freiner l'exode rural. La MFR de Lambesc a ouvert en 1967. Aujourd'hui, elle accueille en majorité des jeunes issus de milieu urbain. Cette tendance se renforce : en floriculture, ils ne sont plus que 5 % issus de familles agricoles et à peine 15 à 20 % en arboriculture et maraîchage. D'où l'importance des vingt semaines de stages par an (cursus de trois à cinq ans), qui apportent une immersion en milieu professionnel grâce à l'alternance.
1985 Enseignant-formateur avec une pédagogie moins conventionnelle
D'abord chef d'équipe en espaces verts à Cannes, puis enseignant à la MFR à Chaingy (45), Christian Gallet arrive à la MFR de Lambesc comme enseignant-formateur. « Très vite, j'ai essayé d'adopter une pédagogie moins conventionnelle pour pouvoir faire progresser les élèves qui ont besoin de concret. »
1989 BTS : des stages à l'étranger pour gagner en confiance
Mise en place, à la MFR, des stages à l'étranger destinés aux élèves de BTSA. Ces derniers partent durant trois à quatre semaines sans accompagnateur « pour apprendre à se débrouiller ». Il s'agit aussi de marquer une étape dans leur cursus, « d'ouvrir sur un autre univers ». Au départ, le plus dur a été de trouver des entreprises d'accueil et des logements !
1992 Voyages d'étude hors frontières : découverte et esprit d'équipe
Début des voyages d'études pour « apprendre autrement » et favoriser la cohésion de groupe. Au début en France, puis en Angleterre, en Espagne, et, en fonction des fonds, à Madère, au Portugal, à La Réunion, au Costa-Rica...
2005 Bac : meilleure prise en charge des stages en dehors de l'Hexagone
Début des stages à l'étranger pour les élèves inscrits en bac pro « horticulture » et bac technologique « STAV (sciences et technologies de l'agronomie et du vivant) ». Les bourses européennes « Leonardo » devenues « Erasmus + » prennent presque tout en charge. Le réseau d'entreprises s'est étoffé en Angleterre, Irlande, Portugal et Madère ; ponctuellement en Espagne, Italie, Belgique, Pays-Bas... Environ une trentaine de jeunes en profitent chaque année.
2010 BTSA : une réforme basée sur le raisonnement et la décision
Réforme du BTSA. Les options « productions horticoles » (floriculture, pépinière, maraîchage et arboriculture) ont été regroupées. « Les élèves sont incités et encouragés à apprendre de moins en moins par coeur. Ils sont mis en situation de réflexion pour trouver par eux-mêmes des réponses qui vont les aider à choisir, à décider, quels que soient les problèmes rencontrés. » Lors de l'examen final, ils doivent faire un diagnostic d'entreprise, étudier une problématique conduisant à des solutions professionnelles concrètes. Ils sont jugés sur leur capacité à argumenter, à adapter un comportement ou une démarche, à justifier une décision. Ils peuvent aussi expliquer comment les compétences acquises via leurs activités parallèles, menées en dehors de leurs cursus, peuvent être transposées dans leur futur métier. Par ailleurs, la notion de durabilité est prise en compte dans la réforme du BTSA. « Personnellement, j'adhère à cette approche », souligne Christian Gallet. En région Paca, l'agriculture biologique se développe. C'est même une opportunité pour s'installer sur des exploitations de une ou deux personnes. Ces formations moins spécialisées ouvrent vers de nouveaux emplois qui s'adressent à des jeunes plutôt débrouillards et ne manquant pas de motivation.
2011 Bac pro sur trois ans et Bepa en option en première année
Réforme du bac pro « horticulture », dans le même esprit que celle du BTSA. Le cursus se déroule en trois ans, avec la possibilité de passer le BEPA en classe de première. Les quatre secteurs de l'horticulture sont aussi abordés ensemble.
2012 Stages à l'international : des programmes pour les adultes également
Le programme « Leonardo » permet à des adultes de se former. La MFR a organisé deux stages, en Angleterre et à Madère, pour des horticulteurs, maîtres de stage ou parents d'élèves, et pour des personnels de l'école. Une belle occasion de confronter les expériences et de vivre ce que les jeunes découvrent lorsqu'ils partent seuls !
2014 Dédramatiser la situation des jeunes et leur donner confiance
« Il faut dédramatiser la situation des jeunes. Ils ont tendance à penser qu'ils ne sont pas bons, ni capables. Ils ne sont pas encore adultes et se posent beaucoup de questions. Même moi, en tant qu'enseignant, je n'ai jamais caché que je ne sais pas tout », poursuit le formateur.
2015 Être tuteur pour mettre en situation de responsabilité
« J'aimerais être un tuteur pour aider à apprendre plutôt que quelqu'un qui dispense des savoirs », explique Christian Gallet. « Le monde va tellement vite que des connaissances pures ne seront plus valables : il faudra évoluer. L'enseignement est encore trop conventionnel. Je souhaiterais y associer notamment les nouvelles technologies, pour que les élèves modifient leur approche des problématiques rencontrées... comme ils devront savoir le faire en situation de responsabilité. Et j'essaie de leur transmettre mon optimisme. Ce qui me fait le plus plaisir c'est de les voir voler de leurs propres ailes : mon approche pédagogique est alors réussie ! On arrive à les faire progresser grâce à un travail d'équipe et à un environnement de confiance. »
Odile Maillard
2. Lors d'un déplacement pédagogique effectué au Costa Rica, Christian Gallet présente aux jeunes une exploitation qui produit des fougères pour feuillage à couper. PHOTOS : MFR LAMBESC
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