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Salix : le tressage d'osier vivant utilisé en espaces verts

Les végétaux d'ornement n'ont pas seulement un intérêt décoratif. Ils offrent souvent d'autres attraits qu'il faut savoir valoriser. Premier objet de cette série consacrée aux plantes multifonctionnelles : les Salix.

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Les pousses annuelles de certains saules fournissent l'osier utilisé en vannerie. Cet art qui consiste à tresser les fibres végétales ne fournit pas que des corbeilles ou des paniers. L'osier vivant tressé offre deux usages intéressants en espaces verts : la fascine et la clôture végétale. Sa rusticité, la souplesse de ses rameaux, ainsi que son aptitude à pousser vigoureusement dans les milieux humides et à favoriser la biodiversité, en font un arbuste de choix pour le génie végétal et l'aménagement paysager. Ces deux techniques reposent souvent sur le savoir-faire des vanniers, dont plusieurs sont aussi des osiériculteurs. Mais ces dernières années, notamment à la suite d'une formation spécifique, des paysagistes ont pu valoriser le tressage d'osier vivant dans divers parcs et jardins, en villes comme en zones rurales.

Matériau vivant pour architecture végétale

La fascine déploie le végétal comme une dentelle ligneuse pour retenir la terre le long des berges ou des talus. Cet entrelacement horizontal souligne la ripisylve sans la couper de l'environnement. Grâce à son enracinement puissant et ses rejets de souche, l'osier assure une grande partie de la résistance de l'ouvrage et limite l'érosion du sol. La fascine agrémente les zones alluviales et prairiales fréquentées par le public, facilite l'entretien des cours d'eau ou des étangs et s'inscrit dans une démarche agro-écologique.

La clôture tressée en osier vert marie l'artisanat à la création paysagère. Sa végétation active de mars à octobre la distingue des claustras, barrières et autres cachesvue confectionnés avec de l'osier brut (séché avec l'écorce) ou de l'osier blanc (écorcé et séché). De plus, cette haie originale émet une floraison précoce dès la fin de l'hiver qui assure une nourriture abondante en pollen et nectar aux insectes butineurs. Elle héberge aussi de nombreux auxiliaires de cultures (araignées, hyménoptères parasitoïdes, coccinelles, cantharides, punaises prédatrices, chrysopes...).

Le vannier travaille directement sur le terrain

L'osier transporté sur le chantier de plantation est récolté durant l'hiver au stade dormant. Son utilisation ne fait l'objet d'aucun séchage. La zone à aménager est faucardée, désherbée ou décapée (parfois au tractopelle) sur le linéaire à planter, sans utilisation d'herbicide chimique pour la fascine à cause des risques de contamination des eaux de surface. Pour réaliser une fascine de berge, la coopérative tourangelle de Villaines-les-Rochers (37) utilise Salix viminalis. Les brins sélectionnés ont souvent deux ans. Ils possèdent un diamètre de 20-25 mm à la base et une longueur supérieure à 2,5 m. Le vannier les tresse directement sur le terrain autour de pieux de saule ou de châtaignier écorcés, solidement enfoncés dans le sol, espacés de 60 à 70 cm. Suivant la hauteur de tressage désirée, il peut s'avérer nécessaire de haubaner la fascine ou de l'installer sur un lit de plançons de saule. L'arrière est remblayé, afin de maintenir l'humidité et d'assurer la croissance.

Pour le tressage de haies, les variétés les plus utilisées sont S. triandra 'Noir de Villaines', S. alba, S. fragilis, éventuellement S. viminalis. Les hauteurs de tressage peuvent atteindre 1,8 à 2 m au maximum. La longueur des brins d'osier tressés doit mesurer 1 m de plus que la hauteur de la haie finie. La mise en place de haie d'une hauteur variant de 1 m à 1,5 m nécessite des osiers de 2 m à 2,6 m. La disponibilité des grands scions supérieurs à 2,6 m est limitée, voire nulle, certaines années.

Jérôme Jullien

Remerciements à Joël Rouillé, osiériculteurvannier à Villaines-les-Rochers.

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