Potentille arbustive : une plante de biocontrôle
Au-delà de sa généreuse floraison estivale et de sa rusticité, la potentille arbustive offre un atout agroécologique intéressant en horticulture et paysage. Elle attire en effet les auxiliaires naturels au sein des cultures sensibles aux ravageurs.
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La lutte biologique par conservation met à profit la biodiversité fonctionnelle et repose sur l'action des auxiliaires spontanés, prédateurs ou parasitoïdes pour réguler les insectes et acariens nuisibles : les prédateurs mangent leurs proies au stade adulte et/ou larvaire (ex. coccinelles, chrysopes, hémérobes, syrphes, punaises anthocorides, mirides ou nabides, thrips carnassiers) ; les parasitoïdes pondent à proximité ou dans le corps de leur hôte (ex. microhyménoptères chalcidiens, ichneumons ou braconides, mouches tachinaires). Mais pour persister et agir avec efficacité dans le milieu cultivé, les organismes utiles doivent disposer localement d'une niche écologique leur assurant le gîte et le couvert, ainsi qu'à leur descendance.
Méthode alternative aux traitements
Comme d'autres plantes de la famille des rosacées, la potentille arbustive ou potentille frutescente (Potentilla fruticosa) attire de nombreux insectes, dont des auxiliaires. Lors d'une étude menée par l'Arexhor Pays de la Loire de 2008 à 2010, Alain Ferre et son équipe (*) ont démontré à la suite de plusieurs essais l'intérêt de P. fruticosa pour favoriser la biodiversité fonctionnelle dans des cultures de plein air, sensibles à des insectes ravageurs, notamment les chrysanthèmes et les rosiers. Cette méthode alternative aux traitements antiparasitaires est particulièrement utile lorsque la culture n'est pas encore fleurie. Elle assure une installation durable des communautés d'auxiliaires prédateurs et parasitoïdes au sein des cultures. L'un des principaux atouts de la potentille est d'attirer une gamme d'auxiliaires assez diversifiée et efficace en lutte biologique (syrphes, chrysopes, punaises anthocorides Orius sp., thrips prédateurs Aeolothrips sp., hyménoptères parasitoïdes Aphidius sp.), ce qui la rend intéressante pour le biocontrôle des végétaux d'ornement situées en extérieur, en pleine terre comme en hors-sol. Ces auxiliaires agissent dans un rayon estimé à au moins 5 mètres autour de chaque potentille. Les professionnels de l'horticulture et du paysage ont donc intérêt àassocier la potentille arbustive aux plantes menacées par les pucerons, les thrips ou encore les tétranyques.
Un coup de pouce à la nature
Pour favoriser la lutte biologique par conservation, chaque producteur ou gestionnaire d'espace vert peut donner un coup de pouce à la nature en disposant des plantes attractives d'auxiliaires au sein ou à proximité des cultures à protéger. Les situations les plus dépendantes d'une intervention sont les productions monospécifiques non fleuries, étendues à de moyennes ou grandes surfaces, souvent éloignées des infrastructures agroécologiques (bosquets, haies, prairies...), ainsi que les plantations en milieux urbains. Dans ces situations, l'installation de plantes favorables aux auxiliaires naturels dans l'environnement immédiat des cultures potentiellement hôtes de ravageurs, joue le même rôle que les nichoirs à mésanges ou les abris à abeilles sauvages.
Jérôme Jullien
(*) Ferre A., 2012. Des plantes fleuries pour protéger de futures fleurs en « PBI plein air », Phytoma -La Défense des Végétaux, n° 651, février, pp. 21-24.Ferre A., Gourlay A., 2011. Utilisation de plantes fleuries au sein de cultures non fleuries en protection intégrée par conservation. AFPP, 4e conférence internationale sur les méthodes alternatives en protection des cultures, 8, 9 et 10 mars 2011, 10 p.
Utile en PBI hors-sol... Répartis au sein des conteneurs, les plants de potentille y attirent les auxiliaires. PHOTO : JÉRÔME JULLIEN
... et en pleine terre Elle jouera pleinement son rôle en pépinière, au jardin ou en espace vert. PHOTO : VALÉRIE VIDRIL
Prédateurs auxiliaires Certains syrphes (ici Eristalis sp. au stade adulte) débutent leur cycle en butinant des fleurs. PHOTO : JÉRÔME JULLIEN
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