Un contexte favorable pour une saison contrastée
Des plantes fleuries d'extérieur qui se sont bien vendues, surtout si elles répondaient aux attentes actuelles des consommateurs, des plants de légumes qui continuent de séduire et des plantes de pépinière à la peine : tels sont les trois enseignements majeurs du printemps 2015, selon notre observatoire Lien horticole/Medioflor.
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La saison de printemps de cette année 2015 est satisfaisante et rassurante pour bon nombre d'acteurs qui l'avait abordée avec beaucoup d'inquiétudes, en la qualifiant parfois de décisive pour leur avenir. Les ventes à l'occasion du 1er mai et de la fête des Mères, qui représentaient par le passé une pointe et un tournant marquant du chiffre d'affaires annuel, sont moins déterminantes. Un constat qui vaut pour l'horticulture, la pépinière restant à la peine.
Les thermomètres n'ont pas affiché un froid excessif durant les mois de janvier et février, ce qui a permis de limiter les dépenses de chauffage, et les coûts de l'énergie ont été moins élevés que l'année précédente. L'alternance de températures douces et fraîches au mois de mars a favorisé la croissance des plantes, mais pas les ventes qui ont été moins bonnes comparées aux belles prestations de mars 2014. En avril, le beau temps et un thermomètre en hausse par rapport à la moyenne ont dynamisé le commerce principalement en plants de légumes. Après une première semaine très chaude, le mois de mai a ensuite connu un net rafraîchissement au bon moment, ce qui a permis aux acteurs de se réorganiser. Proches des normales saisonnières sur une grande partie du pays, les températures du mois de juin clôturent logiquement une saison de printemps climatiquement favorable.
Le mois de mai cette année proposait quatre jours fériés, tous situés en semaine, ce qui permettait d'organiser quatre week-ends prolongés. La configuration « bonne météo et temps libre » aurait dû faire exploser les ventes de plantes. Elles ont été seulement satisfaisantes.
Dépenses des ménages et commandes publiques en baisse
La crise financière de 2008 et la crise de la consommation qu'elle a entraînée en France ont fortement pénalisé les produits de consommation non alimentaires, l'équipement de la personne et de la maison sont touchés durablement. Pour résumer, les Français ont continué de manger, mais ont réalisé des économies sur des biens jugés non indispensables, dont l'achat peut être repoussé dans le temps. Les plantes de jardin font maintenant partie de cette catégorie arbitrée et les dernières enquêtes de nos structures professionnelles sur le sujet ne font que renforcer cette impression. Les particuliers dépensent encore pour des plantes mais moins en quantité et en valeur et plus sélectivement. Les commandes publiques sont notablement en baisse. Cette réduction globale des volumes achetés et des dépenses de végétaux semble malheureusement devenir structurelle.
Baisse de la production, la pépinière souffre
Au cours de ce printemps au climat favorable, les productions de plants de légumes et de plantes ornementales se sont bien vendues mais il faut rappeler que, suivant les personnes interrogées, les mises en culture ont été réduites d'environ 15 à 20 % à la production. Toutefois les écarts entre les régions, ou entre les structures les plus importantes, celles qui « font » le marché, sont tels qu'il est difficile d'établir une moyenne de cette chute de production.
L'analyse du chiffre des importations sur cette période montre cependant un caractère inquiétant pour l'avenir. En mars et en avril, le marché français a représenté pour nos voisins exportateurs le meilleur taux de croissance des pays de l'Europe de l'Ouest, alors que notre consommation de fleurs et de plantes est stable, voire en baisse. C'est malheureusement la contrepartie de cette diminution des mises en production au sein de l'Hexagone.
Concernant les régions, le marché parisien de Rungis a, par exemple, été pénalisé par un mois de mai avec des ponts et des vacances scolaires. Les habitants de cette région (25 % de la population) ont profité de ce mois atypique pour s'échapper. La toute fin de saison a permis de revenir dans la croissance mais de justesse.
En région grand Ouest, la saison est bonne sans plus. Dans le Sud-Ouest, elle a commencé de bonne heure par les plants de légumes et se termine doucement. En Rhône-Alpes, les ventes sont bonnes et se prolongent. Dans le sud, le début de saison a été poussif et la situation contrastée, mais le printemps semble se terminer légèrement en positif.
Cette année encore, le secteur de la pépinière a particulièrement souffert : la consommation est plus tournée vers un format de plantes réduit prêt à poser, les rayons pépinière en jardinerie n'ont que très peu bougé et la diminution des marchés publics est conséquente et brutale.
Des divergences selon les circuits de distribution
Le segment des producteurs vendant au détail présente le meilleur niveau de satisfaction. Ils ont pu, avec agilité, profiter des facteurs calendaires et climatiques propices. De plus, leurs capacités de conseils et leur présence de proximité ont su convaincre beaucoup de clients hésitants.
Les fleuristes indépendants ou sous enseignes ont réalisé une bonne à très bonne fête des Mères. Les achats « cadeaux » se sont dirigés principalement vers les fleurs coupées de préférence aux plantes en pot ou plantes de pépinière.Les grossistes et producteurs grossistes sont globalement satisfaits, indiquant des niveaux de vente allant de « satisfaisants » à « excellents », selon leur capacité de réactivité à une demande très imprévisible et toujours dans l'urgence.
Le segment des jardineries sous enseigne ou indépendantes montre un niveau de satisfaction beaucoup plus mitigé. Comparativement au mois de mars 2014 qui avait été très bon, celui de 2015 a très timidement démarré la saison et le retard pris à cette période cruciale ne s'est pas toujours rattrapé ensuite. Les appréciations se situent entre « bon » et « espérait mieux faire ». Pour ce type de points de vente, quand le commerce de végétaux peine à démarrer, les autres rayons ne sont pas non plus à la fête.
Les GSA (grandes surfaces alimentaires) et GSB (grandes surfaces de bricolage) ont connu des fortunes diverses selon leur principales dates d'opération.
Évolution des familles de produits
Les produits classiques, comme les plantes en barquette, les géraniums-lierres cultivés en godet, poursuivent leur lente et progressive décroissance. Les plantes en pot prêtes à poser affichant un rapport « volume, prix, séduction » intéressant se sont très bien écoulées, avec en majorité des sujets en pots de 12 cm et de 17 cm. Ces catégories ont bien su trouver le chemin vers les terrasses et les balcons des consommateurs. Les plantes potagères et les aromatiques représentent une bonne part de ces conquêtes avec quelques nouveautés qui ont suscité la curiosité.
Les dipladénias, qui ont connu une forte croissance au cours de la dernière décennie, représentent toujours un volume important conquis sur d'autres plantes traditionnelles, mais cette espèce arrive également dans sa phase de maturité commerciale. La mode est actuellement aux plantes de diversification, vivaces de printemps mises en avant par un accompagnement marketing adapté dans les calibres de pots indiqués ci-dessus.
Globalement, selon tous les acteurs, la pression est forte sur le niveau des prix pratiqués qui ne laisse que peu de place pour une juste rémunération du travail. Et c'est peut-être le point le plus décevant de cette saison qui, par ailleurs, pourrait être considérée comme meilleure que ce que les professionnels attendaient.
Brand Wagenaar
Des valeurs sûres Pour l'instant, l'engouement des jardiniers pour les plants maraîchers ne se dément pas et les ventes restent élevées. PHOTO : PASCAL FAYOLLE
Le producteur rassure Les producteurs vendant au détail sont ceux qui ont fait la meilleure saison. Ils ont profité des avantages calendaires et climatiques. PHOTO : VALÉRIE VIDRIL
Des produits trop mûrs Les produits classiques, comme les plantes en barquette, en particulier les géraniums-lierres, poursuivent leur lente et progressive décroissance. PHOTO : ODILE MAILLARD
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